Expulsion du porte-parole de la Monusco en RDC : voici les raisons

Le gouvernement congolais a demandé à la Mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco), le départ dans un « bref délai » de son porte-parole sur le territoire congolais, selon une correspondance officielle consultée ce mercredi par POLITICO.CD.

Déclaré indésirable pour ses déclarations indélicates et inopportunes, Mathias Gillmann devrait quitter le territoire congolais urgemment à la demande du gouvernement congolais.

Lors d’un briefing presse axé sur le rapport de la Commission Spéciale du gouvernement sur les récentes manifestations de colère contre la MONUSCO au Nord-Kivu et Sud-Kivu et les mesures envisagées par le gouvernement, Julien Paluku a révélé que la déclaration fracassante du porte-parole de la Monusco est considérée comme un aveu d’impuissance par la population.

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Que s’est-il passé ?

Ce fonctionnaire de la MONUSCO est accusé d’avoir fait « des déclarations indélicatesses et inopportunes », affirmant que les terroristes M23 sont dotés des armes plus sophistiquées que la MONUSCO et même les FARDC. « Nous sommes pas équipés pour lutter contre armées avec équipements sophistiqués », disait-il.

Ainsi, le gouvernement congolais par l’entremise du ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula a affirmé que « la présence de ce fonctionnaire sur le territoire national n’est pas de nature à favoriser un climat de confiance mutuelle et de sérénité si indispensable entre les institutions congolaises et la Monusco ».

Pour la population, cette déclaration prouve la fin de la présence de la Monusco en RDC, a précisé le ministre Julien Paluku.

Pourquoi la MONUSCO doit partir ?

La Monusco est critiquée pour son incapacité et inefficacité à contribuer au rétablissement de la paix dans l’est de la RDC, plus de 20 ans depuis son déploiement dans cette région déchirée par les conflits.

Julien Paluku, Ministre de l’industrie qui a fait partie de la délégation gouvernementale dépêchée par le Chef de l’État à Goma en tant que notable pour évaluer la situation sécuritaire, est revenu sur la mission diligentée par le gouvernement après les récentes manifestations de colère contre la Monusco.

De ces consultations, a-t-il souligné, il en ressort quatre éléments qui justifient le départ de la Monusco :

  1. Toutes ces manifestations arrivent dans un contexte de guerre qui ne se termine pas durant au moins trois décennies et la population considère la Monusco comme acteur majeur. La population ne sait pas comprendre comment la Monusco pendant tout ce temps n’est pas en mesure d’aider le gouvernement à en découdre avec cette guerre.
  2. Toutes les personnes consultées ne sentent plus l’appui de la Monusco aux FARDC comme ce fut le cas en 2013.
  3. La déclaration fracassante du porte-parole de la Monusco considérée comme un aveu d’impuissance par la population.
  4. Pour la population, cette déclaration prouve la fin de la présence de la Monusco en RDC.

Il a par la même occasion dressé le tableau du bilan des incidents, « il y a eu un bilan de 36 morts, dont 13 à Goma, 13 à Butembo dont 4 casques bleus, 4 morts à Uvira, 3 morts à Kanyabaonga, et 3 morts à Kasindi. À cela s’ajoute près de 170 blessés dénombrés ».

L’assistance du gouvernement apportée aux victimes

Prenant la parole à son tour, Modeste Mutinga, ministre des Affaires sociales, actions humanitaires et solidarité nationale a rassuré de l’assistance du gouvernement apportée aux victimes notamment les familles éplorées et les blessés des incidents.

« Il y eu une assistance pour les organisations des obsèques tant à Goma, tant à Butembo », a-t-il indiqué.

Modeste Mutinga a par ailleurs déclaré que les efforts restent tout de même à faire afin que Kinshasa poursuive les efforts d’assistance aux populations victimes des incidents.

Cette restitution de la délégation gouvernementale dépêchée à Goma arrive 24 heures après la réunion de la commission spéciale du gouvernement le lundi 01 août 2022 autour du Président de la République Félix Tshisekedi sur la situation sécuritaire au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Une réunion qui a notamment permis à Kinshasa de réévaluer le plan de retrait de la MONUSCO.

Dominique Malala

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