Vente des blocs pétroliers et gaziers : La société civile interpelle Félix Tshisekedi et craint des enchères hypothétiques et risquées

Le Président Félix-Antoine Tshisekedi a lancé ce jeudi 28 juillet à Kinshasa, les appels d’offres pour la vente aux enchères de 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers du lac Kivu.

Cette vente suscite une levée de boucliers. C’est le cas de la société civile congolaise, Dynamique POLE, qui, au cours d’un point de presse organisé ce jeudi 28 juillet, a rendu public une lettre ouverte adressée au Président de la République, Félix Tshisekedi. La Dynamique POLE craint des enchères hypothétiques et risquées à la veille des élections générales.

Ce regroupement de 12 organisations interpelle le Chef de l’État notamment sur le risque d’endettement du pays vue la grande probabilité de la baisse de la demande des hydrocarbures avant la production du brut qui n’arrivera pas dans le 10 à 15 ans.

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« Nous pensons qu’investir dans les fossiles maintenant est une option dépassée, parce que le monde a pris les engagements auxquels la RDC est partie prenante, notamment de migrer vers les énergies vertes », écrit la société civile qui précise que les hydrocarbures ne pourront qu’accentuer les problèmes climatiques, conflits violents entre les ayant droits fonciers et les concessionnaires éventuels.

« L’expansion du secteur comporte des risques d’endettement public que les générations futures devront payer considérant le fait que le monde s’éloigne de plus en plus de la consommation des combustibles fossiles », a-t-elle souligné.

Surestimation des bénéfices sans études probantes

« Comment sans études probantes, le gouvernement est-il arrivé à définir les chiffres avances comme bénéficie ? » s’est-elle interrogée en indiquant que généralement, cela est motivé par les entreprises qui y portent leurs intérêts.

« Nous savons pour ce faire que les multinationales ne se soucient que de leurs profits et demandent a l’État Congolais d’assurer les risques associés à l’exploitation pétrolière comme le fait les compagnies pétrolières en Ouganda voisin, vu les incertitudes de ce secteur, l’expansion de l’exploitation pétrolière n’est-elle un grand risque d’endettement pour le pays ? », s’est-elle à nouveau questionnée.

En plus, renchérit la société civile, les expériences dans d’autres pays africains montrent que le potentiel de création d’emplois est parmi les avantages les plus surestimés de l’exploitation pétrolière. Environ seulement 1% de la main d’œuvre de toutes les installations pétrolières et gazières en Afrique est africaine. La majeure partie des travailleurs africains du secteur sont employés à titre contractuel, et presque jamais à des postes de niveau. Toutes les promesses de développement et de profit pour la population ne semblent toujours être que des promesses vides.

Ainsi, la société civile estime qu’une étude d’analyse technico-économique, sociale et environnementale, climatique préalables qui démontre que l’exploitation des pétroles bénéficierait la RDC et ses enfants dans le moyen et le long terme est d’une importance capitale.

Le développement avec l’exploitation pétrolière et gazière ?

Selon la société civile, la ville de Moanda est la preuve que l’exploitation pétrolière et gazière ne peut apporter le développement et n’est peut être fait dans le respect de l’environnement.

« L’impact de l’exploitation pétrolière faite dans le bassin côtier au Kongo central ne semble pas être visible ni palpable d’abord sur l’économie nationale, et puis surtout le contenu local. Au contraire, ces activités d’extraction pétrolière ont un coût environnemental et social considérable pour les populations locales », a-t-elle fait remarquer.

Dans les rapports des études sur terrain de l’ONG Congolaise RENAD et CCFD Terre Solidaire, il a été démontré que les activités pétrolières dans le Kongo Central entrainent la pollution due aux fuites et déversements de brut du pétrole et de boue ainsi que le torchage du gaz. Cela a comme impact la dégradation environnementale et les bouleversements sociaux qui affectent les droits fondamentaux des populations.

« La manne supposée du pétrole ne contribue en rien à sortir les habitants de Moanda de la pauvreté. La malnutrition, l’absence d’infrastructures et des services les plus basiques (eau et électricité) y demeurent la règle », explique la société civile. Elle rappelle notamment le taux de chômage officiel y est de 95%.

« Si telle est le cas, comment pouvons-nous croire aveuglément aux déclarations faites par Son Excellence Madame la Vice première Ministre, Ministre de l’Environnement et Développement Durable, lorsqu’elle affirme que l’exploitation du pétrole et du gaz se fera dans le plus strict respect des lois environnementales alors que Moanda fait preuve d’une très mauvaise gestion des dossiers et d’un mépris total des droits humains et environnementaux ? Nous ne pouvons pas prétendre que l’exploitation pétrolière est possible en préservant la nature au stade actuel, parce que cela dépendra de l’exploration, de l’emplacement des réserves et des négociations ultérieures. Ce qui conduit à dire que cette déclaration est non seulement prématurée, mais aussi irréaliste », martèle la Voix de la Société Civile Congolaise.

La RDC, pays-solution pour le changement climatique ?

Cette structure estime par ailleurs que la décision de lancer les appels d’offres pour l’exploitation des blocs pétroliers et gaziers est en contradiction avec la vision de la RDC de garder le lead comme pays-solution pour le changement climatique. La RDC doit s’aligner sur sa position en tant que leader et pays-solution contre le changement climatique.

« L’exploitation des blocs pétroliers n’est pas compatible au contributions déterminées au niveau national révisée en 2021 pour la période 2021-2030 de réduire 21% les émissions et a rehaussé ses objectifs d’atténuation, d’adaptation, et des réformes en vue de réaffirmer son caractère de pays-solution à travers son immense massif forestier, son dense réseau hydrographique, son potentiel énergétique, et ses minerais stratégiques », a indiqué la société civile.

Elle pense que même si la RDC et l’Afrique ne sont pas responsables de la crise climatique, le continent est le moins adapté/préparé à y faire face et le plus touché par celle-ci.

« L’Afrique enregistre des températures plus élevées que la moyenne mondiale et des pays comme le Mozambique et Madagascar font face à des cyclones extrêmes, les sécheresses prolongées, le réchauffement et l’acidification des océans exacerbent l’instabilité et affectent la productivité agricole et la pêche, de sorte que l’Afrique risque de connaître des problèmes d’approvisionnement alimentaire encore plus importants », a soutenu la société civile.

Pour ce faire, la société civile note qu’il est donc pour les Congolais lambdas, les générations futures et la planète de garder les réserves pétrolières congolaises dans les sols et d’investir dans les secteurs verts. Car, la protection des forêts intactes et l’abandon de l’exploitation fossile sont au service de millions de Congolais, et une planète qui ne se réchauffe pas au-delà des limites de l’Accord de Paris et ont un impact plus favorable sur les droits des Congolais.

Dominique Malala

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