Tuerie à Djugu : « Environ 35 000 personnes déplacées internes ont fuit leurs sites » (OCHA)

Le site de personnes déplacées internes appelé « Plaine Savo » dans la localité de Bule (à 75 km au nord de Bunia, dans la zone de santé de Fataki) en territoire de Djugu, a été attaqué, mardi 1er février, par des éléments armés, causant la mort par arme blanche et par balles d’au moins 56 personnes déplacées dont 16 enfants.

Selon un bulletin update publié le soir du mercredi 02 février 2022, par la coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA), le centre de santé de Bule soutenu par l’ONG MEDAIR a pris en charge au moins 42 blessés dont 4 sont déjà décédés des suites de leurs blessures. 19 personnes en situation critique ont déjà été évacuées vers la ville de Bunia pour leur prise en charge médicale urgente par MSF. Cependant, ce bilan reste provisoire et devra être mis à jour, souligne OCHA tout en annonçant une forte vague de déplacement des civils ciblés vers les endroits sécurisés.

« Suite à ce massacre, environ 35 000 personnes, y compris celles qui étaient déplacées dans ce site et les sites environnants de Lala et Tshukpa, se seraient regroupées vers Bule centre, situé à trois kilomètres de Plaine Savo, pour se protéger. D’autres auraient trouvé refuge en brousse. OCHA et les partenaires humanitaires sont en train de suivre la situation, de se mobiliser et d’apporter une assistance humanitaire », explique cette agence de l’ONU.

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D’après OCHA, cette récente attaque intervient dans un contexte de détérioration de la situation sécuritaire ces derniers mois dans le territoire de Djugu qui s’est notamment caractérisée par l’attaque de cinq sites de déplacés entre novembre 2021 et le 1er février 2022 (Tche, Drodro, Duka, Ivo et Plaine Savo).

À la suite de cette nouvelle attaque, la société civile de l’Ituri a décidé ce mardi 02 février de décréter trois journées
« ville morte » sur toute l’étendue de la province de l’Ituri pour dénoncer la persistance des violences armées dans plusieurs localités du territoire de Djugu.

« Cette instabilité ne cesse d’entrainer des vagues de déplacements en Ituri et particulièrement dans le territoire de Djugu, qui compte plus de 742 983 personnes déplacées internes.
La province de l’Ituri connait un cycle de violences armées sur fond des tensions intercommunautaires, faisant d’elle la première province avec le plus grand nombre de personnes dans le besoin soit 2,9 millions de personnes. La persistance de l’insécurité dans le territoire de Djugu particulièrement et dans le reste de la province de manière générale ne fait qu’accentuer la crise humanitaire en Ituri », fait savoir OCHA.

« Une terrible nouvelle »

La coordonnatrice humanitaire ad interim en République Démocratique du Congo est « profondément » indignée par cette nouvelle attaque perpétrée par un groupe armé contre le site des personnes déplacées. « C’est une terrible nouvelle. Mes plus sincères condoléances aux familles endeuillées. Je suis profondément attristée et choquée par ces faits » a déclaré Suzanna Tkalec, la Coordonnatrice humanitaire ad interim en RDC.

« Ces personnes ont fui leurs villages en espérant échapper aux violences pour trouver refuge dans ce site. Jamais des civils ne doivent être pris pour cible. Je condamne fermement cette attaque. J’appelle tous les acteurs armés à respecter le caractère civil et humanitaire des sites de personnes déplacées », a-t-elle ajouté, dans un communiqué parvenu jeudi 03 février 2022 à POLITICO.CD

Signalons que le site de personnes déplacées « Plaine Savo » accueille près de 20 500 personnes qui ont fui les violences depuis 2018. Cet incident est
malheureusement la dernière d’une longue série d’attaques violentes menées par des hommes armés contre les populations civiles dans la province d’Ituri depuis plusieurs mois. Selon les statistiques fournies par OCHA, la province accueille actuellement 1,97 million de personnes déplacées. « J’appelle les autorités congolaises à intensifier les efforts pour protéger les populations civiles y compris les personnes déplacées partout dans le pays », a souligné la coordonnatrice humanitaire ad intérim, Suzanna Tkalec.

Serge SINDANI

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