Instabilité des provinces : Les gouverneurs accusent les acteurs politiques nationaux d’être à la base

Elle s’est ouverte ce mercredi 22 décembre à Kinshasa, la 8ème édition de la conférence des gouverneurs, sous le thème « la stabilité dans la gouvernance des provinces, gage de la réussite du programme de développement communautaire à la base de 145 territoires ».

Dans leur mémorandum lu par le gouverneur de la Tshuapa Pancrace Bongo, le collectif de gouverneurs des provinces a tout d’abord rappelé que cette conférence est une occasion offerte aux gouverneurs pour éclairer la lanterne des problèmes de gouvernance de leurs provinces respectives dans le processus du développement national.

Dans cette optique, les gouverneurs ont fait un état de lieu de la gouvernance de leurs provinces. Ils ont fait remarquer qu’en dehors des opportunités et de la volonté du président de la République pour l’émergence des provinces, se dressent certains défis majeurs à la gouvernance de leurs provinces.

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Les gouverneurs ont ainsi relevé que l’instabilité politique dans les provinces est la conséquence de onze facteurs essentiels notamment :

  • La lutte de positionnement des acteurs politiques nationaux visant à contrôler les provinces;
  • Lutte d’influence pour se positionner au niveau national;
  • La résistance de certains acteurs politiques réfractaires au changement politique imprimé par le Président de la République depuis son avènement à la magistrature;
  • Le manque des ressources financières pour la mise en œuvre des actions prédéfinies surtout dans les provinces moins nanties;
  • Le versement sporadique des frais de fonctionnement sur fond des disparités qui semblent ne s’appuyer sur aucun critère objectif mais plutôt sur des variables politiques ou régionales;
  • Le paiement sélectif et sporadique des crédits d’investissement et le non paiement de fonds au secteur de recherche;

Dans un autre point, les gouverneurs ont déploré le payement sélectif et sporadique de la rétrocession dûe aux institutions provinciales permettant de payer les émoluments des exécutifs provinciaux. Sur ce point, ils indiquent que les gouverneurs n’ont pas été payés depuis 31 mois.

« Sur ce point précis, il y a lieu de porter à la connaissance de votre très haute autorité que de tous les élus du peuple, député national, député provincial, sénateur, seuls les gouverneurs des provinces sont restés impayés depuis 31 mois avec eux, tous les membres de gouvernements provinciaux et leur cabinets », ont-ils indiqué.

Dans le même ordre d’idées, ils dénoncent la non-opérationalité de la caisse nationale de péréquation, qu’ils qualifient de « seul moyen pour réguler les inégalités constatées dans la redistribution du revenu national » avant de fustiger « l’absence d’un statut de la fonction publique provinciale ».

L’autre point saillant martèlent les gouverneurs, est le pouvoir de contrôle exercé par les assemblées provinciales sur les gouverneurs et les ministres provinciaux.

Selon eux, ce pouvoir octroyé par la constitution aux députés provinciaux a rapidement tourné au chantage.

« Armés de leur doit de voter la censure du gouvernement provincial, ou la défiance à l’encontre d’un ministre, les députés ont partout perdu des vues leur sens de leur fonction de contrôle pour ne viser que leurs intérêts directs, généralement financiers », ont ils argué.

Ils ajoutent que « Ça et là dans nos provinces, les députés sont constamment poussés à l’égarement dans des querelles intestines faisant ainsi fluctuer les majorités au fil des circonstances en fonction de leurs intérêts, rendant impossible toute lecture objective du fonctionnement des assemblées provinciales ».

Dans un autre chapitre, les gouverneurs ont noté le refus de transfert dès compétences par le gouvernement central. A les en croire, l’article 204 de la constitution donne aux provinces une compétence exclusive dans plus d’une vingtaine de secteurs important de la vie nationale.

« Malheureusement, force est de constater que les provinces ne contrôlent toujours pas ces secteurs et qu’elles n’en gèrent ni le personnel ni les investissements qui restent gérés directement à partir de Kinshasa. L’argument souvent avancé par le gouvernement central est que les gouverneurs ne seraient pas capables de respecter les règles de bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques particulièrement en matière de marché public, en réalité, ce refus de transfert aux provinces leur compétence constitutionnelle est une violation intentionnelle de la constitution », ont-ils souligné.

Toutefois, le collectif des gouverneurs des provinces a remercié le Président Tshisekedi pour les efforts « inlassables » qu’il ne cesse de déployer pour sortir la RDC du sous-développement et de la pauvreté.

Carmel NDEO

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