RDC : Michée Mulumba, « l’énigmatique » Assistant Personnel de Fatshi

« Le trouver à Kinshasa, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foins », avertit l’entourage de Michée Mulumba à POLITICO.CD, un certain 9 décembre, alors que nous cherchions, dans les couloirs de la Cité de l’Union africaine – résidence du Président congolais – à faire immersion dans le cercle de celui qui est devenu, au fil du temps, l’ombre de Félix Tshisekedi. L’homme reste effacé du grand public. Discrèt et pointilleux, Michée Mulumba pourrait pourtant être l’un des hommes les plus influents du précarré de Fatshi – acronyme de Félix-Antoine Tshisekedi.

Trentenaire, ce natif de la ville minière de Bakwanga – ancienne appellation de Mbuji-Mayi, chef-lieu du Kasaï-Oriental – est depuis deux ans, l’Assistant Personnel du cinquième Président de la RDC. Licencié en sciences de l’information et de la communication, option communication sociale, « Mimul », comme l’appellent ses intimes, a des mots aussi simples pour caricaturer sa fonction.

« Exercer la Fonction d’Assistant personnel demande davantage de porter des valeurs telles que de la probité morale, de l’intégrité mais surtout une bonne dose de loyauté. Ce cocktail rajouté aux capacités intellectuelles peuvent humblement faire l’affaire », confie celui qui a la « nette impression qu’au Congo, l’on naît politique de par la charge de venir au monde dans un pays continent immensement riche ».

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Fatshi, le second père

Comme disait Joseph Ki-Zerbo, professeur Burkinabè : « nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme », Michée Mulumba a une histoire avec Félix Tshisekedi. Le rapprochement de deux hommes date d’il y a plus d’une décennie. Revenant sur son adoption, le désormais Assistant Personnel du Président précise d’abord que Félix Tshisekedi est son « second père ». De l’insolite, tout à commencer sur le réseau social Facebook. Les deux hommes partageaient, « in cognito », le même forum dans lequel les sujets politiques étaient débattus.

Michée Mulumba, alors simple étudiant mais très intéressé par la politique, ne cessait d’y poster ses analyses sur la situation du pays jusqu’à séduire – sans le savoir – Félix Tshisekedi. Ce dernier décide de rencontrer « l’analyste Michée » en 2010, peu avant les élections générales de 2011 auxquelles le feu Étienne Tshisekedi était candidat à la présidentielle face à un Joseph Kabila aussi candidat à sa propre succession. Les scrutins auxquels Félix Tshisekedi participe également comme candidat député national dans la circonscription de Mbuji-Mayi.

« Il m’a lu, il a initié des échanges avec moi avant de m’adopter. Second père pour moi, après la mort de mon père biologique, l’homme m’a formé en me dotant des valeurs intrinsèques pour faire de la politique, à savoir le patriotisme, l’intégrité », témoigne-t-il.

Sa « première expérience du terrain » débute en 2011, soit un an après sa rencontre avec le fils du sphinx. « Je l’accompagne dans la campagne électorale aux législatives nationales. Ce fut là ma première expérience de terrain…inoubliable. Et après, les choses ont commencé à avancer d’elles-mêmes ».

La longue attente…

Félix Tshisekedi est élu député national en 2011 mais ne siégera pas. Répondant ainsi au mot d’ordre lancé par l’UDPS qui dénonçait « un hold-up électoral » avec la réélection de Joseph Kabila. Totale désillusion ! « Les élus de la 1ère législature avaient donné envie aux jeunes non pas par leur activité parlementaire mais par leur train de vie. D’où, être dans le sillage d’un Fatshi député national faisait penser à la belle vie. Et pourtant, c’était pour moi le moment idéal pour mettre en pratique les leçons apprises sur les valeurs morales et éthiques pour faire de la politique », explique Michée Mulumba.

Malgré tout, l’homme maintient la tête sur ses deux épaules et poursuit le chemin de la croix de l’opposition radicale. Dans son activisme aux côtés de Félix Tshisekedi, Michée Mulumba reconnaît que « les tentations de l’argent et de l’aisance n’ont plus eu d’effets ».

Cinq après les élections de 2011 soit en 2016 année censée électorale… Joseph Kabila « glisse ». Il reporte les élections en 2018. Et à cette occasion, l’opposition congolaise a eu le vent en poupe. Début des périples politiques en Afrique comme en occident. « L’heure était venue pour moi d’apprendre le b-a-ba de la politique dans son aspect technique des dialogues, des marches et résistances », se rappelle Michée Mulumba qui ajoute qu’au cours de cette période de formation qu’est intervenue la disparition du Lider maximo. « Une douleur ineffable, un scénario pas prévu arrivé peut-être au pire des moments ».

Entre 2012 et 2018, Michée Mulumba a joué le rôle d’assistant personnel de Félix Tshisekedi, secrétaire national de l’UDPS en charge des relations extérieures. Grâce à ce poste, il a participé à tous les voyages du monsieur diplomatie de l’ex-parti de l’opposition. Conséquence, un carnet d’adresses fourni et une parfaite maîtrise des bureaux politiques sur le plan tant national qu’international.

La chair de poule

Les élections se tiennent finalement en 2018. Félix Tshisekedi qui se désoladarisait du choix de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition, maintient sa candidature à cette même présidentielle. En lice d’un côté avec Emmanuel Shadary, porté par le pouvoir en place et de l’autre côté, avec son « frère » Martin Fayulu, actuellement opposant. Le 10 janvier 2019, Félix Tshisekedi remporte la présidentielle et Michée Mulumba est nommé assistant personnel du président de la République. Une scène qui, jusqu’à présent, donne de frissons à l’homme qui chuchote dans l’oreille du Président de la République.

« Le simple fait d’y penser me donne de la chair de poule. Presque Trois ans déjà et la réaction reste la même. La vidéo doit encore se trouver sur la toile, je suis en larmes parce que le premier reflexe du nouveau Président était d aller dire un mot à son père dans un coin qui servait de mausolée. Les mots étaient poignants et je n’ai pas arrêté de pleurer. 36 ans de lutte, humiliations, arrestations et autres n avaient finalement pas été vains. L’heure était venue de laver l’affront et tout donner pour rendre sa fierté à notre pays », conclut-il.

Stéphie MUKINZI

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