RDC : Spoliation des concessions de prêtres abritant « les centres d’enfants abandonnés et orphelins » à Kisangani

C’est une énième sonnette d’alarme émise par la congrégation des prêtres du sacré-cœur de Jésus de l’archidiocèse de Kisangani, dans la Tshopo, au Nord-est de la République Démocratique du Congo. Leurs concessions, abritant notamment les centres Saint Laurent, Saint Vincent et Sainte Bakhita, logeant spécifiquement les enfants abandonnés et orphelins, sont victimes d’une spoliation. Un réseau « maffieux » identifié à des agents des différents services attitrés de l’État sont ciblés dans l’affaire.

« Depuis le mois de juin 2021, nous sommes victimes de convoitise de nos concessions de façon manifeste par un groupe d’agents des services fonciers, ceux de cadastre et de l’urbanisme et habitat de Kisangani, travaillant en électron libre », dénonce à POLITICO.CD, le Père Gustave Mania, membre de la commission de patrimoine, qui dit prendre en témoins les opinions locales, nationales et internationales.

« La justice de Kisangani dans la poche »

En dépit des actions judiciaires intentées par la congrégation des prêtres du sacré-cœur de Jésus, appuyées notamment par l’archevêque Marcel Utembi, président de la CENCO, l’affaire n’a pas d’issue favorable devant la justice. La bande « des spoliateurs » qui, était pourtant bien identifiée par les services provinciaux de conseil de sécurité et arrêtée, erre à toute liberté. Ces agents, poursuivent les prêtres, se sont livrés du 09 au 10 octobre à des actes de vandalisme dans les enceintes des orphelins.

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« C’était un groupe de plus de 40 personnes armées des machettes, des barres de fer, des bâtons et autres armes blanches ainsi que quelques armes à feu. Ils ont frappé et blessé les enfants, les prêtres et le personnel dudit centre. Ils ont vandalisé, pillé et emporté beaucoup de bien », a, tristement, raconté le père Gustave Mania, dans un point de presse tenu mardi 16 novembre à Kisangani.

« Ayant pris goût dans la manigance des documents fonciers afin d’exproprier les concessions des gens par fraude, depuis un certain temps ce groupe ne cesse de chanter « d’avoir la justice de Kisangani dans la
poche » », a-t-il ajouté.

Selon toujours les prêtres, ces spoliateurs reviennent avec le même mode opératoire depuis le vendredi 12 novembre jusqu’à ce jour, occupant de force leur concession enregistrée sous SR 4253, dans le site du Scolasticat, réservée pour les projets en faveur des enfants abandonnés et orphelins. « Avec turpitudes et véhémence, ils effectuent les travaux au vu et au su de tous, littéralement, le jour comme la nuit », a témoigné un autre prêtre de cette même congrégation.

l’État passif

Face à cette situation délétère qui, sans ambages, dégénère, la main de l’État y est soupçonnée par les prélats catholique. Le silence des services étatiques compétants laisse à désirer. « Nous regrettons et condamnons avec la dernière énergie, la passivité et la non-assistance des personnes en danger des services attitrés », ont déploré ces prêtres, fatigués, selon eux, par la léthargie des autorités compétentes des différents services de l’Etat qui leur pousse à soupçonner leur complicité dans cette affaire.

« Nous avertissons à tout celui qui s’hasardera d’acheter des parcelles entre les mains impropres, il doit se rappeler le principe du marché selon lequel : « qui achète mal, paie doublement », mettent-ils en garde, avant de poursuivre, « nous affirmons que ces concessions nous appartiennent car nous avons le certificat d’enregistrement de plus de 6 ans. Ce qui veut dire qu’il est inattaquable ».

Par ailleurs, faisant confiance à la justice, ces serviteurs de Dieu demandent d’être remis dans leurs droits et de mettre aux arrêts tous ces fauteurs de troubles. En rappel, c’est depuis le mois de Juillet 2021, que les prêtres du sacré-cœur de Jésus à Kisangani ont lancé un cris d’alarme sur la spoliation de ces concessions. Cependant, malgré même des correspondances adressées au ministère national de tutelle, le flou persiste et la situation ne cesse de s’empirer.

Serge Sindani

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