CENI: « L’entérinement sans consensus annonce des crises et contestations » (Prof Banza Malale)

L’entérinement des membres de la plénière et du bureau de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), est germe des crises et contestations, fait observer le Professeur Gabriel Banza Malale. Pour cet Enseignant de droit constitutionnel à l’Université de Lubumbashi, quelque soit le prix à payer, il était nécessaire de rechercher le consensus.

« L’entérinement des membres de la plénière de la CENI, est une décision qui ne rencontre pas l’assentiment de plus d’un. Ces députés qui ont dansé, sont contents, parceque rassurés d’avoir la réussite aux élections à venir, en dépit des déboires qu’on met sur leur dos, par rapport à la corruption, à la tricherie, ainsi que toutes les légèretés que l’on relève dans le fonctionnement actuel de l’Assemblée Nationale », note le Prof Banza.

Et de poursuivre: « tout le circuit de gestion des élections à venir, en amont comme en aval, c’est maîtrisé par un système mis en place pour le compte partisan d’une tendance politique que l’on qualifie de l’Union Sacrée. Cela a commencé avec la nomination dans l’illégalité des Hauts Magistrats de la cour Constitutionnelle, et on s’est rendu à l’évidence que malgré les cris de détresse, le train a continué sa marche, comme qui dirait le chien aboie et la caravane passe. »

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Pour le Professeur Banza Malale de surcroît membre du Front Commun pour le Congo (FCC), dans ce processus de mise en place de la CENI, il y a eu deux tendances opposées, dont l’une visant le consensus et l’autre qui a opté pour l’exclusion.

« Depuis son l’indépendance, le Congo se veut un état de consensus, mode de gestion qui privilégie la transparence, la représentation, l’équité et la participation de tous », a rappelé le Prof Banza Malale. Selon lui, « le consensus est un mécanisme de prévention face aux éventuelles suspicions des crises politiques ou sociales, à même de retarder de plusieurs temps le développement de la RDC. »

« Si on néglige le consensus, on vivra les crises de toute nature. Les exemples existent », a-t-il prévenu. En s’appuyant sur l’acte général de Berlin, il a soutenu que ce dernier présente le Congo comme un état de neutralité perpétuelle dont l’accord de sun city a été la matérialisation.

L’Union Sacrée sur les traces du FCC?

Des méthodes utilisées hier par le Front Commun pour le Congo de Joseph Kabila, pour se maintenir au pouvoir, ont été chaque fois décriées. L’Union Sacrée de Félix Tshisekedi est-elle sur les mêmes traces? Pour le Professeur Gabriel Banza Malale, il ne faut pas confondre les époques.

« Nous sommes dans une société qui évolue. L’Union Sacrée a été créée après les enjeux électoraux de 2018. Mais l’administration du Congo était assuré depuis plusieurs années avant la naissance du FCC. Il ne faut pas confondre les choses. S’il faut responsabiliser le FCC, c’est par rapport aux élections antérieures », a-t-il dit.

« Mais, si nous accusions ce qui était mauvais hier, pourquoi nous devons le rééditer aujourd’hui? », s’est-il interrogé. « L’intelligence veut que l’homme se perfectionne. C’est à dire, on part des erreurs actuelles pour arriver aux résultats de demain qui seront meilleurs. L’œuvre humaine est imparfaite mais refuser de se perfectionner c’est non sens », a-t-il martelé.

FCC, Lamuka, Ensemble, possible bloc contre le camp Tshisekedi

Face à la réalité sur terrain, pour faire le contre poids au camp Tshisekedi, une alliance est-elle envisageable entre le FCC, Lamuka et Ensemble? À cette question, le Prof Banza n’exclut pas cette possibilité.

« On dit toujours, qui se ressemblent s’assemblent. L’intérêt est toujours à la base des actes que l’on pose. Aujourd’hui, FCC, Lamuka et Ensemble sont dictés par les mêmes intérêts. Il y a lieu de penser à un rapprochement », a laissé entendre cet Enseignant de droit constitutionnel.

Face à ce qui se passe, le Prof Banza n’écarte pas une mutualisation des efforts du camp lésé. « Ceci aura pour conséquence une crise sociale et politique. Pas que, mais aussi la crise insolite. C’est à dire, qui sort de l’ordinaire. Nous risquons d’entrer dans une zone de turbulence, caractérisée par des crises insolites comme les grèves et les mouvements sociaux politiques de contestation, marches et autres. On en avait plus besoin depuis la fin de l’accord global et inclusif de Sun-city. Maintenant, il y a beaucoup de probabilité que l’on se retrouve encore avec les mêmes attitudes des crises à gauche et à droite. Avec ça, on évolue pas », a-t-il regretté.

« L’entérinement sans consensus des membres de la CENI, va donner lieu à des crises. Les élections vont être une machine qui transporte des contestations de toute nature », a-t-il indiqué.

« Les pas de définition de notre pays avec la formule 1+4 notamment, la mise en place d’un ordre constitutionnel et institutionnel subséquent, a démontré qu’on avançait déjà. Avec ce qui s’est passé à l’Assemblée Nationale, avec l’entérinement des membres à la CENI, si on vit au Congo, il y a lieu de croire qu’on a reculé de plusieurs décennies », a-t-il conclu.

Junior Ngandu

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