Réussir la paix dans les Grands Lacs « serait la plus grande réalisation » de Félix Tshisekedi pour la RDC (Célestin Vunabandi)

En marge du 61ème anniversaire de l’accession de la République Démocratique du Congo à son indépendance, le Sénateur Célestin Vunabandi a accordé, ce samedi 3 juillet, une interview exclusive à POLITICO.CD sur l’actualité prédominante au pays de Lumumba, sous la gestion du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Pour le Sénateur Célestin Vunabandi, les accords conclus en matière de coopération économique, commerciale, entre la RDC et le Rwanda, tout comme celui conclu avec l’Ouganda, sur la construction des routes à l’Est de la RDC sont à encourager parce qu’ils vont dans le sens, admet-il, d’user du levier économique comme un moyen pour consolider les relations de bon voisinage et pouvoir pacifier cette partie du pays.

« Le réel débouché de ces accords sur le plan économique et social pour les congolais de la région, c’est de pacifier la région, de la stabiliser et de la rendre attractif pour les investissements tant nationaux qu’étrangers avec comme retombées la production de richesses et leurs effets de ruissellement au profit de la population, la création des emplois, bien-sûr, donc la lutte contre le chômage, l’intensification des échanges avec les pays voisins surtout l’éradication de la contrebande et l’économie souterraine qui est induite par les conflits armés et, par dessus tout, c’est la promotion des intérêts communs entre des États qui trouveront tous des bénéfices dans la stabilité économique et sociale de la région des Grands Lacs », indique le sénateur Vunabandi.

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La diplomatie de Félix Tshisekedi d’obtenir « la paix avec ces pays autrement qu’avec les armes » est un procédé intelligent pour le Sénateur Célestin Vunabandi. « C’est une diplomatie que moi, je qualifierai d’intelligente et surtout d’agissante, une diplomatie que nous devrons encourager car […] cette diplomatie augure d’un vent nouveau, prélude d’une paix durable dans la région des Grand Lacs. Et si donc le Chef de l’État y parvenait ce serait la plus grande réalisation et la meilleure chose que le Président de la République aura offerte aux congolais durant son premier mandat à la tête du pays », estime-t-il.

Intégration de la RDC à l’Est African Community

« Je partage l’avis du Chef de l’État sur cette question d’adhésion de la RDC à la Est African community », a déclaré le Sénateur Congolais. À l’en croire, la RDC ne doit pas rester isolé face à la dynamique des regroupements sous-régionaux. Nous avons plus d’intérêt à faire partie des grands ensembles, soutient-il, et à y faire valoir les forces économiques et les avantages comparatifs de notre pays par rapport aux autres Etats.

« Même si nous avons manifestement du retard sur le plan économique et que le pays semble ne pas être préparé, je suis convaincu que l’adhésion de la RDC à la communauté des États de l’Afrique de l’Est, créera le déclic nécessaire pour préparer et accélérer notre positionnement dans cet ensemble économique sous régional », martèle-t-il.

Attentats à la bombe par les ADF

Selon le sénateur Célestin Vunabandi, la recrudescence des violences criminelles avec des attentats à la bombe à Beni par les rebelles ADF traduit le désarroi de ce groupe criminel, qui n’a plus de foi, qu’à se livrer à des actes encore plus désespérés. « Bien entendu, le fait que ces criminels soient en mesure d’organiser des attentats jusqu’en milieu urbain démontre fort bien qu’ils bénéficient des quelques complicités internes » ajoute-t-il.

La population doit être appelée, souhaite-t-il, à plus de vigilance et doit se monter plus coopérative à l’endroit des autorités militaires et de l’armée qui monte en puissance et qui marque des points.

Les ADF sont-ils Banyabwisha ?

« J’ai eu dernièrement à m’exprimer sur cette question dans d’autres tribunes. Le Gouvernement certainement a fait une bourde grave en se livrant à une communication malveillante et inappropriée tendant à entretenir la confusion entre les terroristes ADF et les Banyabwisha », note Célestin Vunabandi.

D’abord parce qu’il n’existe pas de tribu Banyabwisha, dit-il, contrairement à ce que le Gouvernement avait sorti dans son communiqué de presse. Il existe plutôt, explique-t-il, une communauté des Banyabwisha à savoir, ressortissants de la chefferie de Bwisha en territoire de Rutshuru, qui sont comme vous le savez majoritairement des hutus, c’est pourquoi d’ailleurs on a tendance à dire que ces fameux Banyabwisha, à l’Ituri, sont des hutus, alors, il s’agit donc des hutus à côté des autres ressortissants tels que Nande, Tutsis et les burundais qui sont tout aussi des Banyabwisha que les hutus.

« Le Gouvernement ne pouvait donc pas donner l’impression d’ignorer l’existence de la collectivité, chefferie, de Bwisha et ses ressortissants qui sont les vrais Banyabwisha », déplore le sénateur.

Et de poursuivre : « le gouvernement ne pouvait pas stigmatiser toute la communauté des Banyabwisha, la déclarant comme alliée, à un groupe terroriste. En effet, même si par hypothèse, il pouvait avoir des ressortissants Banyabwisha complices ou alliés des ADF, le Gouvernement ne pouvait pas se permettre de parler avec autant de légèreté de toute une communauté du pays ».

Même les ADF bénéficient de la complicité de quelques fils égarés du pays, développe-t-il, dont la plupart serait d’ailleurs originaires du territoire de Beni. À cet effet, il serait malsain, selon lui, de généraliser cette complicité, ce soutien, à toute une tribu. « Je pense que le gouvernement est tombé là dans le piège de la stigmatisation et de l’exclusion avec toutes les conséquences possibles, d’exacerbation, de tension intercommunautaire tant en Ituri qu’au Nord-Kivu, on le sent déjà aujourd’hui avec tout ce qui s’est passé tout récemment notamment à Kumanda ».

Coopération militaire dans le Grands Lacs

« Je ne suis pas un militaire et j’avoue ne pas avoir des connaissances en stratégie de guerre pour me prononcer sur cette question. Mais je pense que toute initiative de coopération avec les armées des pays voisins dans le but d’éradiquer les groupes armés étrangers à l’Est du pays est une très bonne chose », dit-il.

Et de spécifier : « Je pense que tout Gouvernement sérieux ne peut que s’intéresser, sinon suivre de près une situation d’instabilité occasionnée non loin de sa frontière, surtout lorsqu’il s’agit d’une situation d’instabilité occasionnée par un groupe armé accusé par ailleurs d’être originaire de son pays. Je pense qu’il est de bonne politique d’associer donc les Ougandais, les rwandais, les burundais d’autres pays de la région dans la nouvelle dynamique du rétablissement de la sécurité et de l’instauration de l’état de droit à l’Est de notre pays ».

Hervé Pedro

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