Bintou Keita annonce le déploiement à Beni de 4 unités de l’ONU « plus réactives, rapides et plus flexibles »

« Chaque congolais est libre de critiquer la Monusco et de demander au Gouvernement notre depart », admet Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, dans une conférence de presse qu’elle a tenue à Beni ce jeudi 15 avril 2021. « J’en appelle à la responsabilité de chacune et chacun d’entre nous » a-t-elle enchaîné.

Ces mots ne sortent pas de nulle part. En effet, ces dernières semaines, des manifestations se sont multipliées dans plusieurs parties de la province du Nord-Kivu, exigeant notamment le retrait de la MONUSCO dans la region de l’Est de la RDC. La population croit qu’il y a pas suffisamment d’engagement de la part de la MONUSCO pour la protection des civils. La Cheffe de la mission onusienne au Congo est forcée de reconnaître que ni les forces de l’ordre au pays, ni la MONUSCO ne sont parvenues à éradiquer les tueries dans la ville de Beni.

À titre d’exemple, le mardi 7 avril, la population de Kasindi, une commune rurale transfrontalière avec l’Ouganda, excédée par les massacres à répétition commis par des éléments du groupe terroriste ADF, a barricadé la route pour empêcher un convoi de la MONUSCO de traverser et de passer par cette partie du territoire de Beni. Au milieu des échauffourés, les services de l’ordre dont l’armée nationale (FARDC), ont procédé par des tirs à balle réelle jusqu’à atteindre des manifestants. Le bilan, selon la société civile, faisait état d’un mort et d’au moins deux blessés graves par balles.

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« Oui », avoue Bintou Keita, « les forces de sécurité nationale et la MONUSCO ne sont pas parvenues à faire cesser les massacres en particulier ceux perpétrés par les ADF et que toutes les forces politiques travaillent ensemble à restaurer la paix et la sécurité sans arrière pensée politicienne ».

Elle dit saluer l’initiative parlementaire de créer une commission d’enquête sur la situation d’insécurité dans la partie Est de la RDC et tient à rassurer à ceux qui souhaitent voir la MONUSCO partir, que cette force onusienne ne s’est jamais accrochée et qu’elle travaillait sur une stratégie de sortie de transition pour que les institutions congolaises assument leur pleine souveraineté.

« Nos militaires sont en train de déployer 4 unités mobiles plus réactives, plus rapides et plus flexibles qui leur permettront de soutenir les opérations de l’armée congolaise », a annoncé Bintou Keita. « Notre personnel policier et civil va intensifier son engagement avec la population, y compris ceux qui nous critiquent, pour identifier tous les domaines ou nous devons et pouvons faire des progrès, notamment nos systèmes d’alerte » a-t-elle conclu.

Réagissant ce mardi 13 avril à la situation d’insécurité qui prévaut à l’Est de la RDC, la coalition Lamuka, représentée par les opposants radicaux Martin Fayulu et Adolphe Muzito, estime que le ras-le-bol exprimé à travers ces manifestations interpelle le monde entier dans le sens de l’urgence. « Le ras-le-bol exprimé à travers les manifestations observées interpelle le monde dans le sens de l’urgence, d’un pas supplémentaire et décisif, de manière à prévenir des potentiels débordements additionnels, malheureux et incontrôlables », souligne Lamuka.

En outre, Muzito et Fayulu demandent aux Nations Unies de lever le voile sur l’identité réelle des groupes armés qui sévissent à l’Est de la RDC et de pointer du doigt les responsabilités de chaque acteur. À les en croire, si les Nations unies ont été capables de produire des rapports (cas du rapport Mapping) très fouillés sur la situation en RDC et dans la région des Grands lacs, elles sont aussi en mesure d’identifier les acteurs et les tireurs de ficelle de cette situation. « II est, en effet, plus que temps de savoir qui tue à Goma, à Rutshuru, à Beni, à Masisi, à Butembo, en Ituri, au Sud-Kivu et ailleurs dans l’Est de la RDC et pourquoi », soutient Lamuka.

À ce même sujet, Jean-Pierre Bemba Gombo, Président national du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et opposant républicain, dans un communiqué signé ce mercredi 14 avril 2021, a appelé les congolais et les institutions à la responsabilité. « J’appelle les congolais à ne pas considérer ces violences récurrentes comme des faits divers. Il en va de la survie de notre nation. J’invite les institutions de l’État à prendre les mesures correctes de ces événements pour enfin assurer une protection à notre population, garantir la paix et mettre un terme définitif à ce déferlement de violences », a écrit JP Bemba.

Le 10 avril, l’Union Européenne et ses Etats membres représentés en République Démocratique du Congo (Allemagne, Espagne, Belgique, France, Grèce, Italie, Pays-bas, Portugal, République Tchèque, Suède) ainsi que les ambassades de Canada, Corée du Sud, États-unis, Japon, Norvège, Royaume-Uni, Suisse ont tous, dans une déclaration conjointe, condamné fermement les violences commises par les groupes armés dans l’Est de la RDC. Ils citent en particulier les récentes vagues d’atrocités commises par les Forces Démocratiques Alliées (ADF) au Nord-Kivu et en Ituri. “Leurs attaques lâches causent une souffrance incommensurable et nous présentons nos sincères condoléances aux victimes (…)”, peut-on lire dans leur communiqué.

Merveilles Kiro

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