« L’approche de l’Union sacrée ne repose pas sur les principes de la démocratie » (Dismas Kitenge)

Alors que l’Union sacrée fastueusement annoncée par le Président Félix Tshisekedi prend son essor politique, notamment avec la consolidation d’une nouvelle majorité présidentielle à l’Assemblée nationale, certaines langues objectent encore et critiquent les différentes démarches entreprises par le camp du Président de la République.

Dans une interview accordée mercredi 03 février à POLITICO.CD, Dismas Kitenge Senga, activiste des droits humains et Vice-président honoraire de la Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH), n’approuve pas les méthodes adoptées par la mouvance présidentielle.

« La démocratie c’est aussi un des droits humains. Malheureusement, au niveau démocratique, la création de l’Union sacrée, pour moi, ne repose pas sur les principes de la démocratie. La démocratie n’est pas seulement une question de majorité, le nombre de personnes contre la minorité. Il y a des problèmes de moralité politique qui entrent en compte dans la démocratie. Il y a un problème d’éthique, des valeurs, (…) Aujourd’hui, la manière dont le Président actuel est en train de conquérir cette fameuse majorité parlementaire, pour moi, montre qu’il n’est pas démocrate. Si non, il n’allait pas recourir à ces méthodes là. La méthode de la corruption, de l’intimidation, du débauchage, (…) Et il s’observe un recul important en matière démocratique, beaucoup des cas de violations des droits humains qui se commettent maintenant », explique Dismas Kitenge.

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Eu égard à ce qui précède, le président du Groupe LOTUS, une Organisation non gouvernementale qui œuvre dans la défense et la promotion des droits de l’homme, augure que le seul schéma serait de dissoudre l’Assemblée nationale et de passer subito presto aux élections générales anticipées.

« Je crois que Félix Tshisekedi aurait plutôt dû, devant cette situation là, dissoudre l’Assemblée nationale et organiser d’autres élections qui vont nous prouver réellement que les gens ont été bien élus et avoir une majorité réelle. Il est question de reconnaître que les dernières élections de 2018 ont été chaotiques, pour pouvoir revenir à la normale et ne pas se fabriquer soi-même une majorité», suggère-t-il.

Il regrette en même temps les changements répétitifs de camps observés dans le chef de certains hommes politiques. « À travers cette récupération politique des députés par le Président de la République, cette action montre à la fois la crise de légitimité politique mais aussi la médiocrité de la classe politique parce que c’est une honte de voir des gens qui changent au gré des vagues.»

Pour cet activiste des droits humains basé à Kisangani, les poursuites politiques imposées à travers des motions de censure contre les cadres proches de Kabila sont anti-democratiques. « C’est le risque de retourner le pays dans une dictature qui ne dit pas son nom… Il y a risque que le pays retourne à la case départ. Le seul moyen de corriger et résoudre la crise est d’organiser des élections anticipées dans les six prochains mois.»

À ceux qui lui opposeront des problèmes d’argent, Dismas Kitenge sit que « les congolais sont prêts à se mobiliser pour l’argent. Si on manque d’argent, un congolais peut cotiser un dollars et on aura 80 millions de dollars… Même un dollars par mois pendant six mois, on aura 480 millions de dollars et on va organiser des élections ». Dismas Kitenge craint une « situation incontrôlable » dans les jours qui viennent parce que, selon lui, la démocratie est en train d’être « confisquée. »

« Je suis pas du FCC ni du CACH, et encore moins d’autres camps politiques. En tant qu’activiste des droits humains, aujourd’hui les élections anticipées sont nécessaires pour stabiliser ce pays, et c’est la voie la plus sûre», estime Dismas Kitenge.

Nommé Informateur dans la nuit du 31 décembre 2020 pour une mission de 30 jours, Modeste Bahati Lukwebo a remis son rapport après 28 jours de travail. Dans celui-ci, 24 regroupements et un élu indépendant soit 391 députés nationaux se sont dits favorables au Chef de l’État pour composer l’Union Sacrée de la Nation. Telle a été la principale donne qui se dégage de cette mission d’information. Félix Tshisekedi a donc conquis la majorité parlementaire.

Serge SINDANI

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