Synergie Mapping: « Les bourreaux ne devraient jamais dormir en paix tant que les victimes n’auront pas obtenu justice et réparation »

La campagne lancée, vendredi 30 octobre 2020 par la Synergie Mapping Congo, continue son bonhomme de chemin dans la ville de Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo.

Ce week-end a été très chargé avec une grande conférence académique à la colline inspirée du campus central de l’Université de Kisangani, après une première devant un grand public à la commune de la Tshopo (Kisangani), épicentre des affrontements entre les armées ougandaise et rwandaise en 1999 et 2000.

Samedi 31 octobre 2020, en collaboration avec la coordination des étudiants de l’UNIKIS, la synergie Mapping a exhorté la communauté universitaire, dans un amphithéâtre bondé de monde, à se mobiliser pour exhumer le rapport Mapping pour la justice et la paix durable.

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Les universitaires ont un rôle important à jouer dans ce combat pour que « les bourreaux ne puissent pas dormir en paix tant que les victimes n’auront pas obtenu justice et réparation ».

Dans la grande salle de la paroisse Saint Joseph de la Tshopo, l’auditoire a été sensibilisé sur l’urgente nécessité de s’organiser et se mobiliser avec acharnement jusqu’à obtenir justice et réparation pour les victimes.

Ces deux rencontres ont été animées par un panel de trois professeurs, membres de la Synergie Mapping : Bily Bolakonga, Bibiche Liliane Salumu et Alphonse Maindo.

Le Prof Bily Bolakonga a ouvert les exposés en brossant la cartographie des graves violations des droits humains et du droit international humanitaire commis dans la province de la Tshopo.

Il a, à cette occasion, exhorté l’assistance à exiger « l’exhumation du rapport Mapping et la mise en place d’un Tribunal pénal spécial pour la RDC au nom de la dignité humaine et de la justice ».

Rappelant le nombre très élevé, parmi les victimes, des femmes dont les corps sont des champs de bataille des combattants, la professeure Bibiche Liliane Salumu est revenue sur la Résolution 1325 de l’ONU sur les femmes et la sécurité.

« La dignité humaine est quotidiennement déniée aux femmes dont des milliers sont violées en toute impunité…», a-t-elle fait savoir.

Dernier à prendre la parole, le Prof Alphonse Maindo a martelé que  » la capacité subversive du rapport Mapping a bouleversé profondément l’ordre social et politique en RDC et au-delà ».

« Elle est si forte que le rapport Mapping fait grandement peur aux puissants qui ne ménagent aucun effort pour le fossiliser », a-t-il souligné.

Au regard des enjeux et défis du rapport Mapping dans un pays miné par le système politique corbillard avec son PCRT (Prédation, Corruption, Répression et Tutellisation), cet intellectuel congolais a lancé un vibrant appel au public :

«Organisons-nous, n’agonisons pas, devenons des entrepreneurs de cause et des bâtisseurs de la paix, agissons de sorte que les bourreaux ne puissent jamais être en paix jusqu’à obtenir la justice, la réparation et la vérité pour les victimes », a-t-il exhorté.

De son côté, le coordonnateur des étudiants de l’Université de Kisangani, Gauthier Lemba, a remercié la Synergie Mapping Congo. Il a invité la communauté universitaire à s’approprier individuellement et collectivement le rapport Mapping pour exiger la justice et la réparation pour tous.

« Notre génération est appelée à marquer l’histoire en luttant contre des crimes restés jusqu’ici impunis », a-t-il conclu.

Les débats, très vifs et très animés, ont soulevé de multiples préoccupations, notamment, la stratégie pour éradiquer l’ignorance entretenue sur les crimes, l’extension des activités de la Synergie Mapping dans toute l’ex-province Orientale, la publication de la liste des auteurs présumés des crimes pour les déstabiliser, comment s’assurer d’avoir gain de cause pendant que les auteurs présumés sont des animateurs des institutions publiques?, comment faire pour empêcher les bourreaux de travailler à Kisangani?, les défis et enjeux du Mapping, conditions du succès de la campagne de la synergie Mapping, la possibilité de publier le rapport Mapping 2 couvrant la période allant de 2004 à nos jours, stratégie pour obtenir rapidement un TPI pour la RDC, comment mettre fin aux viols systématiques des femmes?, mécanismes de réparation des victimes, l’implication des victimes de guerres dans le processus d’indemnisation, etc.

Par ailleurs, les victimes de Kisangani ont demandé à la Synergie Mapping de mener un plaidoyer pour la réalisation de la promesse de la prise en charge des victimes faite par le ministre national des Droits humains.

À la demande du public, la Synergie Mapping Congo s’est engagée, rapporte un compte-rendu de ces activités parvenu à POLITICO.CD, à poursuivre sans relâche la campagne pour la justice et la réparation ainsi que la fin de l’impunité.

Le prochain rendez-vous, c’est la commune de Mangobo le 4 novembre 2020 à 15h et le culte oeucumenique suivi d’une marche, le 6 novembre 2020, à partir de la paroisse Saint Joseph Tshopo.

Serge Sindani

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