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Kidnappings à Kinshasa : blâmer André Kimbuta, alors gouverneur, ou le général Sylvano Kasongo?

En 2018, André Kimbuta, alors gouverneur de Kinshasa, aujourd’hui sénateur, avait lancé un programme d’identification des taxis de la ville, les avait fait peindre en jaune et leur avait octroyé des numéros.

Les prix sont fixés comme suit: 20 USD pour les taxis, 25 USD pour les taxi-bus et les minibus et 35 USD pour les grands bus.

La fiche d’identification comprend: le type de transport (Taxi, Taxi-bus et Bus) et un numéro d’identification comprenant une lettre d’alphabet et des chiffres liés à l’identifiant.

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Mercredi 27 juin 2018, le Commissaire urbain de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo avait affirmé que plus de 12 806 véhicules avaient été numérotés et repeints en jaune sur un total d’environ 35 000 que compte la ville de Kinshasa.

Cette opération a permis, selon lui, de réduire le nombre des cas d’enlèvements.
 
« Nous avons atteint le nombre de 12.806 véhicules qui ont mis la peinture et le numéro d’identification. Côté criminalité, ça a sensiblement baissé. Nous passons deux semaines sans crimes. La semaine, nous avons eu un seul cas. Jusqu’à présent, il n’y a pas de problème. Nous continuerons à traquer les criminels jusque dans leurs derniers retranchements », a assuré le général Sylvano Kasongo sur Radio Okapi.

Ces chiffres sont même confirmés par  l’Association des chauffeurs du Congo (ACCO, ville de Kinshasa).

Pour Jean Mutombo, président provincial de l’Association des Chauffeurs du Congo, 11 504 taxis, 1214 taxi-bus et 10 000 minibus et grands bus sont identifiés à ce jour.

La division urbaine des Transports a précisé que les numéros d’identification s’obtiennent dans ses bureaux, aux maisons communales de Kalamu et Kimbaseke, à la FIKIN, à l’INPP et à l’Office des routes.  

Lundi 21 mai 2018, à l’issue d’une réunion entre le gouvernement provincial, le Police nationale congolaise et l’Association des chauffeurs du Congo (ACCO), André Kimbuta affirma qu’il accordait aux transporteurs jusque fin mai pour obtenir, chacun, un numéro d’identification et peindre en jaune toute voiture taxi.

Le prix de d’identification, fixé pour les Ketchs – appellation des véhicules de marque Toyota IST et Vitz, teintés à 20 USD au début, avait été réduit à 5 USD.
Pour les taxi-bus, il avait baissé de 25 à 10 USD tandis que les propriétaires des bus devaient payer 15 USD au lieu de 30.

Cette réduction n’était alors valable que jusqu’au 30 mai et pour les récalcitrants, André Kimbuta insistait que « ceux qui ne vont pas suivre les instructions ne vont pas bénéficier de cette faveur du gouvernement provincial ».

Selon les chiffres officiels, l’identification des taxis à Kinshasa avait déjà généré environ 600 000 USD depuis de début de l’opération le 5 juin 2020.

Ces chiffres constituent un total des frais payés par tous les taxis et taxi-bus identifiés ainsi que les différents autres frais, dont celui de la fourrière, soit 50 USD d’amende.

Le 30 septembre 2020, à la suite de la recrudescence des kidnappings et des braquages dans la ville de Kinshasa par le biais des faux-taxis, le même chef de la police provinciale, Sylvano Kasongo, explique qu’il n’existe aucun fichier d’identification des taxis de la ville, que les cahiers dans lesquels ils avaient été enregistrés ont disparu.

Il a, dans une interview au sujet des kidnappings à Kinshasa, fait mention du déficit des données.

« Il n’y a plus rien dans la division urbaine des Transports sur l’identification que nous avons fait avec les taxis communément appelé Ketch », a déploré Sylvano Kasongo devant la presse.

« Nous discutons avec le gouverneur de la ville de façon qu’on reprenne tout à zéro et que cela soit informatisé, de sorte que la police, l’Hôtel de ville, la division des Transports et l’Agence nationale de renseignement (ANR) (aient le même fichier) afin que, si nous en perdions, nous pouvons récupérer », a expliqué le général Sylvano Kasongo .

Depuis, aucune question n’a été posée aux autorités sur les archives de la première identification, les listes des véhicules identifiés, les montants reçus par le Trésor public. Et ce, malgré la gravité de la situation, liée à la sécurité de la population qui se plaint de l’insécurité croissante dans la ville de Kinshasa et des actes de kidnapping et des braquages commis par des criminels usant de faux taxis.

Le mouvement féministe « Je dénonce » et plusieurs autres mouvements et associations avaient prévu une manifestation, samedi 12 septembre 2020, contre le phénomène Kidnaping.

Le point de départ de la manifestation était la gare Centrale et la chute était prévue au siège du Commissariat provincial de la police de Kinshasa, sur l’avenue Pierre Mulele (Ex-24 Novembre).

La police a empêché la tenue de la manifestation. Toutefois, elle a suggéré aux organisateurs de réduire le nombre de manifestants à une vingtaine à destination de l’Hôtel de ville pour y déposer leur mémorandum auprès de l’autorité urbaine.

Le phénomène d’enlèvement a pris une toute autre dimension lorsqu’un audio a été partagé plusieurs fois dans les groupes WhatsApp, où les kidnappeurs exigeaient une rançon de 1000 USD avant de relâcher une jeune étudiante de l’Institut supérieur du commerce de Kinshasa (ISC/Gombe).

La police a affirmé, récemment, que ce phénomène tend à diminuer au regard de plusieurs mesures prises par les autorités de la ville, notamment l’instauration des Road blocs, que les taxis ayant les vitres teintées originales puissent les descendre, tandis que celles de fabrication locale doivent être enlevées au risque de subir la rigueur de la loi. « Il faut qu’il y ait la lumière dans les taxis, afin que le client qui veut monter à bord, puisse voir qui sont dedans », est l’une des obligations faites aux conducteurs de taxis.

Thierry Mfundu

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