Dans une déclaration faite le 01er octobre 2020 et portant sur la commune rurale de Minembwe et l’installation de ses animateurs, l’évêque d’Uvira, Sébastien Muyengo Mulombe interpelle les différentes institutions après cette installation.
L’évêque d’Uvira dit regretter que « cet acte, loin d’être de nature à faciliter la véritable paix dans les Hauts plateaux, suscite au contraire beaucoup d’animosités dans l’étendue de diocèse et de la région et même de la province et du pays, à cause notamment du traitement spécial réservé à ladite commune par rapport aux autres installations dans la région, à savoir : Sange, Luvungi et Kiliba, dans le territoire d’Uvira; Fizi, Misisi-Lulimba et Swima, dans le territoire de Fizi et Kamanyola dans le territoire de Walengu, alors que le territoire n’en a aucune. »
L’évêque Sébastien Muyengo note que la nouvelle commune de Minembwe s’étend sur les trois territoires administratifs et zones pastorales alors que la plupart des communes rurales sont érigées au sein d’un territoire.
Selon lui, l’érection de Minembwe en commune rurale est une tentative de créer tout un territoire pour les membres de la communauté Banyamulenge, identifiés comme des Congolais d’origine rwandaise et d’ethnie tutsi.
« Hier, c’était la question de nationalité, aujourd’hui c’est celle de la terre », indique-t-il dans sa déclaration.
Ainsi, au lieu de parler de la commune de Minembwe, l’évêque d’Uvira préfère le terme « terres ou territoires occupés ».
“À l’occasion de l’anniversaire du rapport mapping, on se souvient de tout le sang versé dans notre pays pour des problèmes liés à la terre”, affirme Mgr Sébastien Muyembo qui ajoute que toutes les communautés se plaignent des « gens de Kinshasa », « tireurs de ficelle ». Qui distribue des armes à la population ?
« C’est la question que tout le monde se pose, on manque à manger, mais on trouve de quoi acheter des armes ».
Mgr. Sébastien Muyengo appelle au dialogue et au règlement pacifique du conflit interethnique.
« Ayant choisi dans notre diocèse comme thème pastoral de cette année 2020-2021, – Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix – (Jean 14, 27), nous en appelons à la responsabilité des uns et des autres quant à ce qui peut surgir comme troubles, violences, voire guerres dans la région. Pour nos populations de base particulièrement, nous les appelons au calme et à renoncer à toute voie de la violence pour privilégier davantage celle du dialogue, qui reste un processus toujours lent et difficile, mais dont les fruits sont la paix, le pardon et la réconciliation. Avec mes prières et ma bénédiction apostolique», a-t-il déclaré.
Mgr. Sébastien Muyengo en appelle également à la prise des responsabilités du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi afin de remettre de l’ordre à Minembwe.
« Plus que le programme de 100 jours, le problème de la commune de Minembwe constitue un test pour le Chef de l’État : pour qui roule-t-il finalement? Pour – le peuple d’abord – comme le jurait son père, ou pour ceux qui, comme on l’entend, l’ont placé au trône afin de servir de lui pour en arriver là? », dit le prélat d’un ton plus politique que pastoral.
Pour lever l’équivoque sur les rumeurs qui courent dans l’opinion publique faisant état de l’expansion de cette commune jusque dans les territoires de Mwenga, Uvira et Walungu, le ministre provincial de l’intérieur du Sud-Kivu a précisé que la commune rurale de Minembwe au Sud-Kivu, dont les animateurs ont été récemment installés, est d’une superficie de 10 kilomètres carrés(10km²). Elle est limitée au Nord par le ruisseau Kalungi et la rivière Minembwe, au Sud par le ruisseau Sara et la rivière Kabandja, à l’Est par la chaîne de Mukoko et la forêt Rugemero et à l’Ouest par la rivière Matenganya.
« Toutes ces limites se trouvent dans le territoire de Fizi, il n’y a pas un centimètre carré dans un quelconque autre territoire. La commune de Minembwe a une superfie de 10 kilomètres carrés et les gens doivent arrêter de raconter des histoires. Donc, la commune de Minembwe ne touche pas le territoire de Mwenga ni le territoire d’Uvira encore moins le territoire de Walungu », a-t-il déclaré lors d’une adresse à la presse le week-end dernier.
Thierry Mfundu
