Publicité

Dossier faillite TRANSCO: L’étau se resserre de plus en plus autour de l’ancien VPM José Makila

Alors que l’ancien Vice-Premier ministre en charge des Transports et voies de communication, José Makila Sumanda, a porté plainte, lundi 20 septembre 2020, au parquet de Grande Instance de Kinshasa/Gombe contre l’Observatoire de dépense publique (ODEP) pour « imputations dommageables » suite à son rapport qui l’accuse d’avoir pompé des fonds à la société publique TRANSCO (transport au Congo), plusieurs preuves matérielles semblent incriminer l’actuel sénateur dans le dossier lié à la faillite dudit établissement public.

Ces preuves sous forme de deux correspondances de José Makila adressées à TRANSCO, en effet, sont parvenues à notre rédaction et concernent essentiellement ledit dossier.

Ces correspondances tendent à confirmer les allégations et dénonciations faites par l’ODEP qui dans son rapport, accuse nommément José Makila d’avoir détourné au moins 900 000 USD de la société TRANSCO.

Publicité

Selon le rapport de l’ODEP, José Makila avait ordonné à la société TRANSCO de contracter plus de 910.000 USD auprès de la Rawbank en décembre 2018. Et cette somme a servi au financement de la campagne électorale du Front commun pour le Congo (FCC).

Or selon la première correspondance parvenue à Politico cd, José Makila Sumanda aurait demandé et obtenu une somme de 33.558 USD auprès de l’ex-Directeur général de cet établissement public.

Dans la correspondance référencée N°1476/CAB/VPM/MIN/TCT/2017 et datant du 28 septembre 2017, une demande des fonds de 33.558 dollars américains a été introduite à TRANSCO par le VPM José Makila pour lui permettre de « conduire une délégation du Gouvernement de la République pour procéder à la signature de l’Accord aérien entre la RDC et les Émirats Arabes Unis ».

S’adressant au Directeur général de TRANSCO de l’époque, José Makila avait expliqué qu’« il se pose un problème de paiement des titres de voyage et frais connexes et dont les frais s’élèvent à 33.558 USD ».

D’où sa demande de paiement adressée à l’établissement Transports au Congo.

Il avait promis que cette somme serait restitué aussitôt que le ministère des Finances procéderait au paiement.

« Pour ce faire, il se pose un problème de paiement des titres de voyage et frais connexes et dont les frais s’élèvent à 33.558 USD… et que je vous demande de payer et qui sera restitué aussitôt que le ministère des Finances procédera au paiement », peut-on lire sur cette correspondance signée par le coordonnateur des projets et réformes de la Vice-primature des Transports et voies de communication, Jean Baptiste Ntagoma, faisant l’intérim du Directeur de cabinet en mission.

La deuxième correspondance tombée dans les escarcelles de notre rédaction est celle qui répond à la préoccupation de l’ODEP sur la disparution de la somme de 910.000 USD et semble confirmer la théorie selon laquelle l’ancien vice-Premier ministre des Transports et voies de communication aurait donné son aval au Directeur général de TRANSCO « quant au découvert de 910.000 USD à solliciter auprès de la RAWBANK ».

Le document référencé N°0001/CAB/VPM/MIN/TCT/2019 du 02 janvier 2019 et Signé par José Makila Sumanda, a pour objet: autorisation découvert bancaire auprès de la RAWBANK.

La correspondance est en fait un accusé de réception où l’ancien ministre des Transports et voies de communication répondait à la lettre du Directeur général de TRANSCO référencée N°0931/TRANSCO/DG/MK/2018 du 12 décembre 2018 où ce dernier sollicitait l’autorisation préalable de José Makila pour l’obtention d’un découvert d’un montant bancaire de 910.000 USD auprès de la RAWBANK.

La correspondance indique que cette opération avait eu pour but « d’assurer le bon fonctionnement de TRANSCO durant la période électorale et post-électorale, soit du 20 décembre 2018 au 15 mars 2019, en attendant le recouvrement des créances de l’établissement essentiellement auprès de l’État congolais ».

Et de poursuivre:

« Le Gouvernement de la République encourage cette initiative qui vise la poursuite et le maintien du service public au profit de la population par ce découvert. Ainsi, je marque mon accord quant au découvert à solliciter auprès de la RAWBANK ».

Par ailleurs, José Makila precise dans ce document que cette opération est faite « conformément à l’article 26 des statuts de l’entreprise, et au regard de l’intérêt manifeste de cet établissement à assurer efficacement son objet social ».

Lors du dépôt de la plainte contre l’ODEP, le lundi dernier, José Makila, qui est actuellement le président du Conseil d’administration de la Société Congolaise de Transport et des Ports (SCTP), qui a fait personnellement le déplacement du Palais de la Justice pour remplir les formalités relatives à cette plainte qui vise également un correspondant de la Radio France Internationale (RFI) à Kinshasa, avait balayé d’un revers de main les allégations de l’ODEP.

José Makila:

« La prévention visée par la plainte, ce sont les imputations dommageables ou la diffamation prévues par l’article 74 du code pénal. Il s’agit des faits précis qui portent atteinte à l’honneur et à la considération et exposent la personne au mépris public », a affirmé l’avocat de José Makila.

L’ODEP contre-attaque et promet une plainte contre José Makila

Dans une interview accordée à 7SUR7.CD lundi dernier, Florimond Muteba, président du Conseil d’Administration (PCA) de cette organisation, a reagi à propos de la plainte déposée contre son organisation par José Makila et a promis qu’ils vont à leur tour déposer le dossier au Tribunal de Matete.

Ce qui a été fait, selon nos sources, le mardi dernier.

« C’est bien qu’il ait fait ça. Mais d’abord nous-mêmes déjà demain, nous allons déposer le dossier aussi au Tribunal de Matete. Nous n’avons pas fait un rapport à la légère, vous connaissez l’ODEP, vous vous rappelez très bien du dossier 100 jours que nous avions publié en janvier de cette année et qui a abouti au procès de 100 jours. Vous vous rappelez très bien les réactions des uns et des autres, je ne voudrais pas citer les noms de ceux qui, malheureusement aujourd’hui, sont en prison. Finalement, la justice a fait son travail et a donné raison à l’ODEP.  Je peux vous assurer des choses qui vont arriver, qu’ils fassent ce qu’ils veulent, mais ça sera l’opposition à une structure qui défend les intérêts de la population, parce que nous, ODEP, sa grande majorité, sont des gens qui prennent le TRANSCO (Transport au Congo), et qui sont victimes de la descente aux enfers de cette société », avait-il déclaré, le lundi dernier, à nos confrères de 7SUR7.CD.

Il indique aussi que 9 millions de dollars se sont volatilisés des caisses de TRANSCO alors que José Makila était VPM en charge des Transports.

« Ce monsieur dont je ne voudrais même pas citer le nom était ministre, vice-Premier ministre même et la société aujourd’hui est partie de 510 à 110 bus. Le détournement des recettes de TRANSCO, les gestionnaires parlent des recettes de 15 millions par an, alors que les travailleurs et les syndicats qui sont là, parlent de 24 millions, donc c’est 9 millions de dollars qu’ils volatilisent.  Une session dans laquelle le marché est passé de la manière la plus opaque et c’était sous la responsabilité de ce ministre-là qui était autorité de tutelle », a-t-il indiqué. 

Quand au rapport publié sur la faillite de TRANSCO, Florimond Muteba souligne que l’ODEP avait reçu plus d’une centaine de documents.

Florimond Muteba a aussi soulignéé que lesdits documents ont été confirmés par les travailleurs de Transport au Congo. 

« Où voulez-vous qu’on parte chercher ces documents si ce n’est que dans l’entreprise même? Ce rapport a été fait sur base de la confiance que les travailleurs de cette entreprise ont en l’ODEP par rapport aux actions que nous avons menées par le passé, qui ont vraiment inspiré confiance à ces travailleurs. Il y a d’autres documents de violation de droits de ces travailleurs qui étaient parfois mis au cachot, nous allons les sortir aussi. Je vous assure que c’était plusieurs mois de salaires impayés, tout ça, sous l’autorité de ce monsieur-là. Franchement, il devrait avoir honte, il devrait faire profil bas. Notre dossier va sortir devant le grand public, même s’il y a procès, qu’il soit public, on verra comment il va se défendre », a martelé Florent Muteba.

En outre, le président du Conseil d’administration de l’ODEP prévient qu’ils n’auront peur de rien étant donné qu’ils mènent leurs actions pour l’intérêt de la population de la République Démocratique du Congo.

« Je ne sais pas s’il faut payer quoi pour nous faire peur. Nous, on est avec le peuple, si nous le faisons, c’est parce que nous savons que nous irons jusqu’au bout. On n’a peur de personne, car le peuple est avec nous. Vous avez vu les travailleurs de TRANSCO dans la rue aujourd’hui, ils étaient l’autre jour au Tribunal de Matete pour réclamer que leurs responsables soient traduits en justice. S’ils le font, c’est-à-dire que nous sommes sur la bonne voie. Ceux qui continuent d’opprimer le peuple seront mis à nu comme lui pour montrer à quel point ils ont été responsables de la très mauvaise gestion d’une entreprise dans laquelle beaucoup de Congolais avaient placé leur espoir », a conclu Florimond Muteba.

Depuis sa plainte, des sources proches du sénateur José Makila assurent que ce dernier ne tient pas à commenter cette affaire, étant donné qu’elle est déjà au niveau de la justice.

Thierry Mfundu

Recevez l'actualité directement dans votre email

En appuyant sur le bouton S'abonner, vous confirmez que vous avez lu et accepté notre Politique de confidentialité et notre Conditions d'utilisation
Publicité

En savoir plus sur Politico.cd

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading