Dismas Kitenge à l’ONU : « la RDC, une année et demie après l’avènement de Tshisekedi, connait une situation qui suscite à la fois d’espoir mais aussi d’inquiétudes »

Intervenant au débat ouvert du Conseil de Sécurité de l’ONU sur « les opérations des missions de paix et les droits humains », organisé par vidéoconférence depuis New York, le président du Groupe LOTUS, une ONGDH basée à Kisangani, Dismas Kitenge a indiqué que la République démocratique du Congo, une année et demie après la passation pacifique du pouvoir et l’avènement du Président Tshisekedi, connait une situation
particulière qui suscite, à la fois de l’espoir mais aussi des inquiétudes.

D’après lui, ces inquiétudes ont lieu si des actes concrets et permanents de changement n’accompagnent pas les discours politiques tenus tant sur le plan national qu’international.

Dans son intervention du 07 juillet, le vice-président honoraire de la FIDH, fédération internationale pour les droits humains, a noté notamment plusieurs points qui redonnent de l’espoir.

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« A la faveur du nouveau régime issu des élections du 30 décembre 2018, l’on reconnait l’ouverture de l’espace public à plusieurs partis et regroupements politiques, le retour au pays des exilés politiques, la libération de plusieurs prisonniers politiques, l’ouverture des médias privés fermés et la reprise de dialogue avec des acteurs internationaux. » a indiqué Dismas Kitenge.

Cependant, poursuit-il, « les marges de manœuvre politique du président Tshisekedi sont réduites du fait de son manque de majorité dans les deux chambres du parlement (assemblée nationale et sénat) mais aussi de contrôle de l’appareil sécuritaire de l’Etat, constitué en grande partie des anciens du régime politique de son prédécesseur. Les pratiques de l’ancien régime politique tendant à n’accorder le feu vert qu’aux manifestations publiques, soutenant la politique du Président de la République, caractérisent de nos jours le comportement des forces de l’ordre. »

« Les divergences des vues entre les deux camps politiques au pouvoir sur le rôle et le fonctionnement des institutions ont conduit à des tensions politiques actuelles marquées par des attaques contre les édifices publics, les résidences privées et des actes de violence physique contre certains acteurs politiques et des journalistes. », a déclaré Dismas Kitenge.

En perspective, cet activiste des droits humains augure une situation fragile des droits humains qui se trouve impactée par la commission des violations fréquentes des droits humains, l’impunité de la plupart de leurs auteurs et les difficultés de mise en œuvre des réformes nécessaires et urgentes pour l’amélioration de la situation et l’avènement d’un État de droit en RDC.

« À titre d’exemple, les arrestations et détentions illégales, les pratiques de la torture et des traitements inhumains et dégradants par des services de l’ordre et de sécurité, les menaces, les attaques et les arrestations des défenseurs des droits humains (une dizaine depuis l’Etat d’urgence suite à la pandémie de Covid-19) comme des violences sexuelles dans ces circonstances spéciales se commettent à plusieurs endroits du pays en l’absence des mesures efficaces de leur cessation et de la poursuite de leurs auteurs. », relève-t-il.

« La lutte contre l’impunité et la corruption, inscrite en priorité dans le programme quinquennal du mandat du Président Tshisekedi, se heurte au manque de mise en place d’une politique claire et cohérente en la matière, à sa limitation dans le temps présent et à venir en laissant de côté les crimes du passé pourtant réclamés à cor et à cri par de nombreuses victimes des crimes et répressions politiques ainsi que par la société civile dans le cadre de l’expérimentation des mécanismes de la justice transitionnelle en RDC. »

Et de poursuivre:

« Aussi par le non respect des standards internationaux des procès équitables dans quelques affaires emblématiques instruites par des tribunaux congolais telles que les procès des miliciens Kamwina Nsapu, de l’assassinat des Experts de l’ONU au Kasai et de Vital Kamerhe ( directeur de cabinet du chef de l’Etat en prison). » soutient Dismas Kitenge devant ses hôtes de l’ONU.

Serge Sindani

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