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Insécurité à l’Est, la mauvaise gouvernance et le manque de sérieux dans le traitement de la pandémie de COVID19, les 3 maux de la RDC selon l’ECIDE

Dans son bulletin du mois d’Avril 2020, l’ECIDE, le parti cher à Martin Fayulu, se penche sur des thématiques qui doivent faire l’objet d’une attention particulière.

Nous mettons principalement l’accent sur les problèmes sécuritaires à l’Est, la mauvaise gouvernance et le manque de sérieux dans le traitement de la pandémie de COVID19. 

Le mois d’Avril a commencé dans un contexte d’incertitude généralisé, lié notamment à la mise en place à travers le pays de mesures de confinement en réponse à la pandémie de COVID19. Comme c’est le cas partout dans le monde, la crise sanitaire est couplée d’une crise économique et sociale sans précédent, ce alors que les finances publiques de la RDC souffraient déjà de la chute du cours des matières premières pré-pandémie. C’est dans ce contexte morose que le FMI a donné son feu vert à une facilité rapide de crédit de 365 millions qui avait été sollicité en Décembre 2019.
Néanmoins, au vu de la catastrophe financière du programme des 100 jours et de l’absence de vision économique de l’exécutif, le contribuable congolais est en droit de se demander s’il ne se verra pas, une fois de plus, payer une énième addition sans résultat palpable sur le terrain. 

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Covid-19: « il est impératif pour la RDC de se doter d’une véritable politique sanitaire »

Nous relevions le mois passé “l’incompétence dans la riposte face au virus”. En avril celle-ci s’est confirmée davantage, notamment à Kinshasa où on a assisté à un spectacle désolant lors de la mise en place du confinement de la commune de la Gombe. Les autorités de cette ville province y ont même vu un moyen pour racketter la population en monnayant l’obtention de laissez passer. De manière générale, il règne un manque de sérieux déconcertant dans le traitement de la pandémie. A titre d’illustration, en date du 25 Avril, sur les 135 millions de dollars réclamés par le Dr. Muyembe, 2.8 millions seulement avaient été disponibilisés par le gouvernement. De nombreux rapports font également état d’une prise en charge désastreuse des patients. Ceci participe davantage à un climat de méfiance, ce qui compromet la lutte effective contre la pandémie. Cependant, une observation de l’activité dans les morgues à travers le pays renseigne sur le fait que le virus n’a pas la trajectoire mortuaire initialement prévue, phénomène constaté un peu partout en Afrique. D’une part, comme on pouvait s’y attendre, cela est dû à une population très jeune et donc pas “à risque” et d’autre part potentiellement au climat, qui serait [notez le conditionnel] plus hostile à la propagation du virus. Quoiqu’il en soit cette crise démontre qu’il est impératif pour la RDC de se doter d’une véritable politique sanitaire. 

Justice: il est impérieux que des sanctions exemplaires soient prononcées#

Le mois d’Avril a également été marqué par une forte activité sur le plan judiciaire avec en toile de fond des règlements de compte au sein de la coalition FCC-CACH. S’il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’impartialité du traitement des multiples dossier en cours, il sied tout de même d’encourager les magistrats et les juges à rendre justice au nom du peuple congolais.

Dans cette optique, il est impérieux que des sanctions exemplaires soient prononcées à l’encontre de toute personne qui s’est rendue coupable de détournements ou de malversation, notamment dans le cadre du programme des 100 jours qui défraient la chronique tant il constitue un fiasco managérial qui illustre à lui seul l’incompétence de Mr. Tshisekedi et ses équipes. Car, disons le franchement, les éléments qui ont fuité sur la place publique compromettent définitivement le sérieux de Mr. Vital Kamerhe mais ils soulèvent également des questions sur d’éventuelles complicités directes ou indirectes au plus haut sommet de l’Etat. Les mois qui viennent nous en dirons sans doute plus à ce sujet.

Sécurité: la RDC est toujours empêtrée dans une situation tragique#

Au niveau sécuritaire, la RDC est toujours empêtrée dans une situation tragique. Si nous relevions le mois passé une nouvelle donne avec des tensions naissantes avec la Zambie au niveau de la frontière commune, c’est toujours la situation dans l’Est du pays qui inquiète. En effet, faisant écho à ce que l’ECiDé n’a eu de cesse de dénoncer depuis des années, le Groupe d’Étude sur le Congo à travers la voix de son Directeur, le chercheur Jason Stearns, a affirmé avoir “reçu des rapports des différents points focaux que nous avons sur le terrain et de nos interlocuteurs au sein de la société civile d’une présence des militaires rwandais”. Cette présence constitue un violation du droit international et se fait avec l’accord tacite de Mr. Felix Tshisekedi qui semble avoir donné carte blanche officieusement au régime de Kigali pour mener à bien ses divers projets sur le sol congolais. Si ces récentes incursions viennent s’ajouter à une longue liste de violations qui ont commencé dans les années 1990 (voir rapport mapping), elles ne doivent pas éluder la question de l’infiltration de l’armée congolaise. Interviewé par RFI à ce sujet le 17 avril 2020, un membre de la société civile du Nord Kivu notait ceci :  « Ils sont Rwandais le soir et se présentent comme unités FARDC le lendemain ». Ces faits sont d’autant plus graves qu’ils s’opèrent dans un contexte de tensions croissantes entre le Burundi et le Rwanda d’un côté et de l’Ouganda et le Rwanda de l’autre. C’est ainsi que la RDC risque une nouvelle fois d’être le théâtre de guerres par procuration qui ne la concerne pas. Cette crainte a été relayée dans un rapport du International Crisis Group. Notre Président, Martin Fayulu, a également fait part de sa crainte dans un tweet où il affirme que: “La RDC ne doit plus être la cour de récréation de certains pays voisins. Ceux qui se sentent menacés doivent organiser des pourparlers avec leurs rebelles chez eux. Le sang des congolais ne peut plus continuer de couler à cause de conflits importés. Nous avons droit à la paix.” Le 24 Avril une attaque meurtrière exécutée par des éléments étrangers dans le parc des Virunga venait confirmer ces craintes. Tant que la RDC ne sera pas dirigée par des patriotes responsables, légitimement élus et qui ne sont pas tenus par des engagements opaques et nébuleux, il n’y aura pas d’issus à la crise sécuritaire que vit l’Est du pays. 

Gouvernance: la satisfaction des équilibres politiques prime sur les intérêts du peuple#

Les carences observé dans les point ci-dessus sont symptomatiques de la mauvaise gouvernance qui plombe le pays. Malheureusement, compte tenu de la nature du pouvoir actuel celle-ci est maintenant érigé en mode de gestion. En effet, aujourd’hui la satisfaction des équilibres politiques prime sur les intérêts du peuple et les institutions sont devenues des outils de chantage entre coalisé. L’épisode qui illustre le mieux cette dynamique est le cafouillage autour d’un congrès qui devait officiellement se tenir pour statuer sur “l’état d’urgence” mais dont l’organisation s’est vu torpillée par une lever de bouclier au sein de l’UDPS qui y a vu un ballon d’essai pour une éventuelle destitution tant redoutée [on se demande pourquoi] de Mr. Felix Tshisekedi. Dans la suite logique de cette épisode de guerre par voie institutionnelle, Alexis Thambwe Mwamba le “très Kabiliste” Président du Sénat s’est vu adresser une lettre par une Sénatrice vraisemblablement instrumentalisée par l’UDPS pour qu’il justifie les 4 millions de dépenses hors budget relatives à la réhabilitation d’une partie des locaux du Sénat. L’affaire a généré un tollé médiatique pour ses accents de telenovela mais expose, encore une fois, le peu de sérieux qui règne dans des institutions animées par des acteurs illégitimes et corrompus. Les rencontres Kabila/Tshisekedi servies après chaque crise en guise de marketing politique pour tromper l’opinion sur la santé du deal n’y changent rien, cette gouvernance bicéphale héritée d’élections frauduleuses est un cancer pour la République. 

chaque congolais doit faire un examen de conscience et réfléchir sur la direction que prend notre pays

Compte tenu des graves dangers que court notre pays et devant l’incapacité des fraudeurs à faire abstraction de leur nature prédatrice même face à la crise sanitaire la plus grave de l’histoire de l’humanité, chaque congolais doit faire un examen de conscience et réfléchir sur la direction que prend notre pays. Dans 2 mois le pays totalisera 60 ans d’indépendance, qu’aurons nous à célébrer devant tant de gâchis ?   

Thierry Mfundu/ECIDE

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