Covid-19: la fermeture des mines au Congo provoquerait une crise, selon le ministre alors que les exportations de cobalt s’effondrent

Plusieurs questions ont été soulevées en rapport avec l’impact de la pandémie du

COVID-19 sur le secteur minier en République Démocratique du Congo par les

organes de presse tant internationaux (Bloomberg, …) que nationaux à la suite de la fermeture des plusieurs mines en RDC.

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Le Ministre des Mines, le Professeur Willy KITOBO SAMSONI s’est penché sur la

question et a chargé son Directeur de Cabinet, le Professeur Louis KIPATA

MWABANWA de réunir quelques experts, particulièrement ceux de la Cellule Technique de Coordination et de Planification Minières « CTCPM » pour y

apporter des éléments de réponse.

La réflexion qui en découle s’articule sur les trois points ci-dessous, hormis

l’introduction et la conclusion :

  1. Etat de la question ;
  2. Avis et considérations ;
  3. Application des mesures sanitaires de lutte contre le COVID-19 dans le

secteur des mines de la RDC.

L’analyse montre que si certaines mesures sont prises et appliquées avec un bon

suivi, on pourra minimiser de manière considérable l’impact négatif de cette

pandémie sur le secteur minier et par ricochet, l’impact négatif sur l’économie

nationale de la République Démocratique du Congo.

Les experts sont partis de l’état de la question selon lequel la crise sanitaire mondiale créée par la pandémie de corona virus « COVID-19 »
a plongé l’économie mondiale dans une récession dont les effets sur les
économies fragiles comme celle de la République Démocratique du Congo font

craindre des conséquences économiques et sociales dramatiques.

Une conjoncture internationale caractérisée par la baisse de la demande mondiale et des cours mondiaux de principaux produits miniers rend l’économie congolaise

vulnérable vis-à-vis des chocs exogènes.

« En effet, la croissance économique de la République Démocratique du Congo

étant essentiellement tirée par le secteur minier, la baisse des cours des produits

miniers marchands comporte un risque sur la croissance du PIB et par
conséquent sur les recettes en cours, ainsi que sur le budget 2020, » notent-ils.

Pour preuve, la contribution du secteur minier au Produit Intérieur Brut « PIB »

était de 29,2% en 2017 et de 32,3% en 2018 selon les données provisoires de la

BCC. Cette contribution est de 96,05% par rapport aux recettes d’exportations de 2017 et de 95,28% par rapport aux recettes d’exportations de 2018.

A noter que le cuivre et le cobalt sont les porte-étendards de la contribution économique du secteur minier à eux seuls ils ont contribué pour 25,4% du PIB en 2017, à raison de 16,5% pour le cuivre et 8,9% pour le cobalt ; et pour 29,3% du PIB en 2018, à raison de 15,8% et 13,5% respectivement pour le cuivre et le cobalt.

En cas de baisse de recettes, inhérente ici à la baisse des activités dans le secteur

minier, les dépenses seront revues à la baisse et, par conséquent, s’ensuivra la

non réalisation ou non atteinte de certains objectifs du Gouvernement.

D’où la problématique est celle de savoir si la problématique consistant en la recherche des voies et moyens pour l’atténuation des effets négatifs de la pandémie sur l’activité minière et, par conséquent, sur

l’évolution de l’économie de la RDC de manière à en limiter les dégâts.

Le FMI entrevoit une récession en 2020

Quand aux avis et considérations, la commission technique des experts relève que, au regard du développement de la pandémie du COVID-19, le Fonds Monétaire International, FMI en sigle, a revu ses projections sur la
croissance de l’économie mondiale, lesquelles projections laissent désormais

entrevoir une récession économique pour l’année 2020.

Il devrait ainsi s’observer une contraction ou, en d’autres termes, un ralentissement de la production mondiale, c’est-à-dire de l’offre, consécutivement

à la diminution de la demande des matières premières, notamment minérales.

Ainsi, l’analyse de l’impact de la pandémie du Covid-19 sera abordée sous deux

optiques, à savoir celle de l’offre et celle de la demande.

Il y aura forcément un impact de la pandémie du COVID-19 du point de vue de l’offre
notamment lors du prolongement de l’état d’urgence sanitaire, avec l’extension des mesures de

confinement.
Cette dernière peut avoir des effets néfastes sur la production, davantage même
que la pandémie du COVID-19.

Il y aura aussi un impact de la pandémie du COVID-19 du point de vue de la
demande.

La contraction de la demande aura pour effet la baisse des cours des métaux qui,

à son tour, aura un impact sur la production de 2020. Des projets en cours de développement et projetés pour 2020-2021, comme Kamoa, sont susceptibles d’être postposés.

Bien entendu, il y a lieu de s’attendre à un impact négatif

majeur sur les recettes escomptées du secteur minier.

Il faut aussi l’impact de la pandémie du COVID-19 du point de vue des effets
combinés de l’offre et de la demande.
De ce côté, il ne devrait pas y avoir de fortes perturbations au niveau des prix des métaux

stratégiques pour notre économie, tels que le cuivre et le cobalt, suite aux effets

combinés d’une baisse de l’offre et de la demande.
On peut par contre

raisonnablement envisager un relèvement des cours du cuivre et du cobalt, du

fait de la reprise de l’activité économique en Chine.

Application des mesures sanitaires de lutte contre le covid-19 dans les mines

Parmi les mesures préconisées pour réduire l’impact néfaste du covid-19, citons:

  1. limiter les mesures de confinement aux seules activités non essentielles et

maintenir la production industrielle en l’encadrant au maximum pour limiter la

contagion ;

  1. faciliter l’approvisionnement en intrants et l’évacuation des produits miniers

marchands ;

  1. ne recourir aux incitations fiscales qu’en cas d’extrême urgence, lorsque les prix baissent en-deçà d’un seuil plancher, et cela par le biais d’un moratoire,

mais nous n’en sommes pas encore là ;

  1. encadrer le secteur artisanal, qui emploie une grande partie de la main d’œuvre;
  2. envisager des voies alternatives d’évacuation de nos produits miniers

marchands, en privilégiant, à moyen terme, la voie nationale pour plus de

souveraineté.

Dans le pire des cas, que ce soit au niveau mondial ou national, personne ne

pourra s’accommoder d’un arrêt total de la production du cuivre et surtout du

cobalt de la RDC.

Thierry Mfundu

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