Convocation de Kamerhe: Tryphon Kin-Kiey Mulumba « stupéfait et préoccupé » face aux termes du communiqué de l’UNC

kin-kiey-fat

Dans un communiqué signé par tous ses hauts cadres, également membres du gouvernement et des institutions, l’UNC dénonce un acharnement contre son leader, Vital Kamerhe, après sa convocation au Parquet de Matete dans le cadre des enquêtes autour du programme des 100 jours du président Félix Tshisekedi. Depuis la Belgique où il se trouve contraint par le confinement, l’ancien ministre congolais des PTNTIC est la première haute personnalité de la coalition le réunissant au président Félix Tshisekedi et à son directeur de cabinet, Vital Kamerhe.

Tryphon Kin-kiey Mulumba se dit également troublé que le parti du Directeur de cabinet du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi s’insurge contre la justice de notre pays. « Que l’on s’insurge contre la justice de son pays quand on assume les hautes responsabilités d’Etat et qu’on représente la Nation, cela me parait troublant. Si, à ce niveau de responsabilité d’Etat, nous ne faisons pas confiance à la justice de notre pays, il nous faut sans attendre s’arrêter et la changer et non la laisser en place. L’Etat dispose de ce pouvoir de révocation et de nomination au sein de la magistrature », dit-il .

Kin-kiey dénonce également le fait que le communiqué de l’UNC mentionne la fonction du Président de la République. « Pourquoi mettre la charrue devant le bœuf quand nul ne sait ce que cette invitation à se rendre au Parquet signifie ? Et qu’est-ce que le Président de la République, institution suprême protégée par la Constitution et politiquement irresponsable aux termes de l’article 77 de la Constitution, sauf devant le Peuple souverain, vient faire dans un communiqué de parti politique ? Que vient faire CACH qui n’existe pas de droit et l’Accord politique de Nairobi qui m’engage moi-même du fait de ma signature ? » interroge l’ancien ministre.

Un peu plus tôt dans la journée, deux sources judiciaires rapportent à POLITICO.CD que le directeur du cabinet du Chef de l’Etat, Vital Kamerhe, est convoqué au parquet général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete, dans le cadre des enquêtes autour du projet de 100 jours du président Félix Tshisekedi.

Le programme de 100 jours du président Félix Tshisekedi est au coeur d’une saga judiciaire, alors que des accusations de détournements de deniers publics fusent. Plusieurs chefs d’entreprises exécutant des ouvrages de ce projet ont été arrêtés. Certains sont toujours en détention. Directeur de cabinet du président Tshisekedi, Vital Kamerhe est le principal gestionnaire du projet. Ce dernier est plusieurs fois accusé, notamment par des ONgs ou encore l’opposition politique, de mégestion autour de ce programme de 100 jours.

Voici la déclaration du Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba en intégralité.

« Je m’adresse à vous depuis la Belgique au titre de deuxième personnalité à qui l’UDPS et le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ont fait appel avant la réunion de Genève et, dès le lendemain de cette réunion après son échec retentissant, à se désister et à rejoindre le Candidat Nr 20 Fatshi dans la course pour la Présidence de la République, et qui a signé publiquement et solennellement, fin novembre 2018, cet accord politique de CACH, peu avant le début de la campagne électorale, au siège de l’UDPS, devant le Candidat Fatshi, devant le candidat désisté Kamerhe, devant tous les dirigeants de l’UDPS et de l’UNC, devant nos militants respectifs, pour faire part de ma stupéfaction et, du coup, de ma préoccupation face aux termes du communiqué de l’UNC signé ce dimanche 5 avril 2020 par des ministres du Gouvernement de la République et des conseillers de haut niveau du Chef de l’Etat, membres de l’UNC.
Que l’on s’insurge contre la justice de son pays quand on assume les hautes responsabilités d’Etat et qu’on représente la Nation, cela me parait troublant. Si, à ce niveau de responsabilité d’Etat, nous ne faisons pas confiance à la justice de notre pays, il nous faut sans attendre s’arrêter et la changer et non la laisser en place. L’Etat dispose de ce pouvoir de révocation et de nomination au sein de la magistrature.
L’UNC au pouvoir n’aurait-elle pas été mieux inspirée en laissant la justice faire son travail, quitte à dénoncer de droit ses décisions après que celles-ci auraient été éventuellement mal prises ? Pourquoi mettre la charrue devant le bœuf quand nul ne sait ce que cette invitation à se rendre au Parquet signifie?
Et qu’est-ce que le Président de la République, institution suprême protégée par la Constitution et politiquement irresponsable aux termes de l’article 77 de la Constitution, sauf devant le Peuple souverain, vient faire dans un communiqué de parti politique ? Que vient faire CACH qui n’existe pas de droit et l’Accord politique de Nairobi qui m’engage moi-même du fait de ma signature ? Il y a, me semble-t-il trop d’enjeux qui se dressent face à notre pays.
L’homme d’Etat doit se mettre à niveau de ses obligations mais cette nouvelle montée de tension dans le pays quand nos compatriotes meurent du coronavirus alors que le pays est à la peine, me parait regrettable ».

Thierry Mfundu