RDC: Covid-19 déverse les pasteurs sur les réseaux sociaux pour maintenir l’interaction avec les fidèles

Plusieurs responsables des églises de la République démocratique du Congo (RDC) ont pris l’option de communiquer, chaque jour qui passe avec leurs croyants sur les réseaux sociaux et YouTube pour garder la flamme allumée. Ceci, par crainte qu’un autre pasteur ne vienne les égrainer.

Les mesures d’hygiène et de confinement, prises par le gouvernement central et annoncées par le Chef de l’État pour faire face au covid-19, ont changé le modus vivendi de la population congolaise. Parmi ces dispositions, celles interdisant les attroupements de plus de vingt personnes, la suspension des cultes religieux, la fermeture des écoles et toute autre manifestation ont impacté la vie des Congolais.
Les choses ne se passent pas encore comme avant, chacun s’est retranché dans sa tanière par peur d’être contaminé. Travailleurs, vendeurs ambulants, commerçants, tous sont confinés partiellement.
« Il n’y a pas de coop », regrette un vendeur à la criée. Si les fonctionnaires espèrent reprendre du poil de la bête après cette pandémie, les pasteurs, eux, s’estiment les plus perdants. Durant la semaine comme le dimanche, pas de culte d’adoration et de louange, une situation qui a esseulé les évangélistes et apôtres, pourtant habitués à communier chaque jour avec des bains de foule. Toute leur vie, ils reçoivent, écoutent, conseillent et prient pour leurs ouailles.
À l’heure actuelle, rien de tel. Le pasteur est confiné chez lui comme tout le monde. Cependant, ils ne demeurent pas tranquilles. Ils vivent avec la peur dans le ventre, une phobie de ne pas réunir le même nombre de fidèles à la reprise des activités. En pareille circonstance, les hommes de Dieu sont obligés de s’adapter aux réalités du terrain. Tous, presque, ont trouvé un palliatif. Il faut maintenir l’interaction avec leurs protégés sur les réseaux sociaux, l’unique moyen de prêcher et de garder le contact avec eux. Ainsi, des prédications abondent sur facebook, watsapp, BBM, Instagram , tweter, YouTube, etc. Même ceux qui critiquaient l’usage des réseaux sociaux s’y trouvent plongés et vautrés éperdument. Personne n’a le temps de justifier ce revirement spectaculaire.
« À la guerre comme à la guerre », conclut un pasteur d’une église de réveil dans la commune de Lingwala.

« Tout chemin mène à Rome, l’essentiel est que la parole soit prêchée à temps et à contre-temps », estime un diacre de l’ACK/Kalembelembe, dans la commune de Kinshasa.

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Être sur le qui-vive
Les réseaux sociaux sont devenus le moindre mal. En dépit de leurs conséquences, Ils sont des canaux obligés pour atteindre la proie. Donc, des textes d’exhortation sont balancés en ordre dispersé, la plupart terminant par les numéros m-pesa, orange money, airtel money du pasteur.
 » Comme nous ne pouvons pas nous voir actuellement, ils doivent m’envoyer leurs offrandes par téléphonie mobile « , affirme le responsable d’une église de réveil dans la commune de Kasa-Vubu. Mais. certains ont oublié d’avoir des conseillers en communication pour toiletter les textes avant leur diffusion. Si le nombre de coquilles rend malade, cependant, certaines prédications sont faites dans une langue proche du français.

Une conversion
Beaucoup de ceux qui sabotaient ces canaux ont été obligés de suivre une formation accélérée d’utilisation des réseaux sociaux. Très peu passent leurs prêches à la télévision, canal coûtant cher, étant donné que les fidèles sont confinés chez eux, difficile de réunir les moyens nécessaires pour le besoin de la cause.
Tout au long des conversations, un accent est mis sur la prise en charge des hommes de Dieu. Mais, personne ne s’afflige du sort de ces mêmes chrétiens confinés chez eux, qui ne peuvent bouger, travailler pour trouver la dîme et toutes sortes d’offrandes comme en temps normal. Les difficultés d’une calamité provoquée par le Coronavirus fragilisent les pasteurs et les croyants. Toute autre forme de demande risquerait d’être considérée comme un harcèlement religieux.

Contraste : ce sont les serviteurs de Dieu qui ont de grandes églises qui insistent sur l’envoi des offrandes par téléphonie mobile, alors que la population s’attendait aux menus frétins qui n’ont pas encore beaucoup de croyants et de moyens.

Voilà de quelle manière le Covid-19 a bouleversé les événements, laissant moult stigmates dans la vie des Congolais.

Édouard Bajika

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