Ce 24 janvier, le FCC-CACH célèbre l’an 1 de l’alternance « sans romance »

Les choses avancent vite. Parfois dans la mauvaise direction. Visiblement, les accolades amicales du 24 janvier 2019, étaient celles de deux boxeurs qui s’engageaient à un fair-play au cours d’un combat sans pitié. À 48 heures de célébration de la première alternance survenue en RDC depuis son indépendance, l’amour a fait progressivement, mais certainement place au désamour. Le vocabulaire en vogue ces derniers jours entre alliés, c’est « dissolution-destitution ».

Alors ! Ce 24 janvier 2020, assisterons-nous à une célébration de l’alternance pacifique ou à la préparation d’un divorce d’une coalition qui en soit est une cohabitation ?

On aimerait bien être optimiste. Cependant, les signes avant coureur, les indices, ne sont pas bons. Pas plus longtemps que hier 21 janvier, le premier vice-président de l’Assemblée nationale, le président a.i de l’UDPS Jean-Marc Kabund a Kabund dit  » maître nageur », a boycotté une autre fête, la cérémonie d’échange des vœux entre la chambre basse du parlement et la presse congolaise, organisée par la présidente de cette chambre, la PPRD, Jeannine Mabunda. On y reviendra.

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Tout est parti des urnes

Dans cette période électorale, les yeux étaient plus braqués sur l’alternance au sommet de l’État et un peu moins sur les législatives. La surprise agréable pour ceux qui voyaient la fin du régime Kabila avec l’élection de l’opposant Félix Tshisekedi, s’est faite tout de suite accompagnée d’une surprise qu’on dirait désagréable, quand ils ont constaté que c’était seulement un élément du puzzle, le président, qui avait changé et que tout le système était bien resté en place.

Le décor d’une cohabitation à la François Mitterrand Jacques Chirac était planté. Mais non. Dans son discours d’adieux à la présidence prononcé la veille de la remise et reprise, le président sortant Joseph Kabila laissera entendre qu’il s’agira plutôt d’une collaboration au sein d’une coalition entre les forces en présence et non d’une cohabitation entre le président Félix Tshisekedi du CACH et la majorité parlementaire FCC. Coalition FCC-CACH. L’idée était alléchante mais la pratique devrait encore être convainquante.

Le bras de fer

Pourtant, la première recette que les nouveaux alliés vont offrir à la nation, c’est la méfiance. Entre un Félix Tshisekedi qui refuse d’être un président protocolaire et le FCC qui veut jouer son rôle de majorité parlementaire, le bras de fer s’est installé en douce : 4 mois pour trouver l’accord sur le profil d’un premier ministre, 7 mois pour constituer le gouvernement.

Déboulonnage, contours du gouvernement démissionnaire de Tshibala dans l’exécution du programme d’urgence des 100 jours accompagné du dossier 15 millions de dollars, 7 mois de mise en veille des ordonnances présidentielles sur la SNCC et la Gécamines par les ministres du portefeuille avec des à-côtés comme affrontements entre partisans du FCC-CACH dans la rue, mésentente sur les crises de destitution des gouverneurs en province,…

Ce bras de fer en douceur s’est transformé en une crise ouverte au sein de la coalition avec les sorties médiatiques de Shadary et Kabund. L’histoire est longue. Tout de même, lorsque Kabund menace le FCC de nager sur le fleuve Congo pour aller en exile s’ils continuent à s’attaquer à Félix Tshisekedi, les combattants le surnomment « maître nageur ». Au contraire, le FCC le dépouille de ses attributions au parlement. Le 21 janvier 2020, il boycottera la cérémonie d’échange des vœux de Mabunda, son titulaire.

Célébration certaine, romance incertaine

En RDC aussi, le régime semi-présidentiel accuse ses limites comme ailleurs où la majorité parlementaire n’a pas appartenu à la famille politique du président de la République. Les crises se multiplient et l’appareil étatique bloque. Parmi les scénarios envisagés pour s’en sortir, Félix Tshisekedi entend s’appuyer sur la « majorité populaire » pour dissoudre le parlement alors que le FCC veut faire parler sa « majorité parlementaire » pour mettre le président en accusation.

En attendant, ce 24 janvier, le gouvernement FCC-CACH piloté par Sylvestre Ilunga Ilunkamba a prévu de célébrer l’an 1 de l’alternance pacifique. Une célébration gâchée en amont par la menace de Félix Tshisekedi de dissoudre le parlement si les crises se multiplient, et la réplique du FCC par la bouche du président de l’Assemblée nationale Jeannine Mabunda qui promet une destitution du président s’il osait un passage en force.

Sans aucun doute, la fête de l’alternance déjà planifiée aura lieu. Mais la romance entre FCC-CACH au cours de cette fête est incertaine. Et le sourire ? Chinois peut-être.

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