Sindika Dokolo sur la decision de la justice angolaise: « Il y a réellement une espèce de vendetta, une ambiance politique qui est assez désastreuse en Angola »

La justice angolaise a décidé de saisir les biens d’Isabel dos Santos et de son mari Sindika Dokolo qu’elle accuse d’avoir causé des pertes de plus d’un milliard de dollars à l’État angolais.

Face à cette décision, Sindika Dokolo, le président du Mouvement citoyen « les congolais débout » estime que le procès qui a donné lieu à cette décision s’est tenu de manière irrégulière et la dénonce.

« Le procès qui aboutit à cette décision s’est tenu dans le secret le plus total, c’est-à-dire que ni moi ni mon épouse ni nos avocats ni les mandataires qui représentent nos sociétés n’y ont été associés. Donc, c’est un procès complètement à sens unique. Je le dénonce. Ce n’est pas comme ça que fonctionne l’État de droit. Il faut qu’on puisse se défendre et mettre en cause les pièces et les accusations qui sont portées contre vous. C’est le minimum d’une justice crédible  » a-t-il réagi lors d’une interview accordée à Sonia Rolley de la RFI.

Bien que présentées comme des mesures conservatoires en raison d’importants manques à gagner créés par des activités de deux conjoints, Sindika Dokolo pense que s’il fallait prendre des mesures conservatoires contre tous les partenariats que l’État angolais a faits dans le secteur privé dans lequel il aurait perdu de l’argent, il n’y aurait plus beaucoup d’actifs libres en Angola.

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« C’est une première chose, dit il. Puis deuxièmement, au niveau du timing et de la méthode, sachant qu’il y a réellement une espèce de vendetta, une ambiance politique qui est assez désastreuse en Angola à l’heure actuelle entre le nouveau président et l’ancien, je pense qu’effectivement, c’est très compliqué de considérer ou d’imaginer que ces mesures puissent être légitimes. »

Accusé à travers sa société Exem Energia BV de ne pas avoir remboursé par exemple 75 millions d’euros de parts dans la société Esperanza qui était une « joint-venture » avec la Sonangol, le mari de Isabel Dos Santos indique que « quand on fait des affaires à un certain niveau, ce n’est pas tant les montants qu’il faut mettre en cause que la légitimité des « proces ».

« Ce paiement notamment, on est en train d’en discuter au tribunal arbitral en Hollande. Parce qu’en octobre 2017, le paiement était fait. En octobre 2017, la Sonangol était dans une situation presque de cessation de paiement. Donc, elle nous a demandé d’avancer les délais qui étaient normalement d’un an de plus. Donc, on a fait un paiement et on a négocié que ce paiement soit fait en kwanza. Quatre mois plus tard, en janvier, l’administration de la Sonangol extourne l’écriture, nous renvoie l’argent, sauf que les 70 millions en kwanza qui m’étaient envoyés ne valaient plus que 50 millions. Donc évidemment, nous avons refusé ce comportement unilatéral et donc, nous avons décidé de faire appel devant une juridiction indépendante étrangère. C’est complètement manipulateur de dire aujourd’hui qu’on doit cet argent. En plus, nous sommes partenaires dans un véhicule dans lequel nous avons des participations qui valent largement ce montant-là. Nous avons déjà proposé éventuellement de faire un paiement par cessions d’actions. Effectivement, si on avait eu l’opportunité de présenter notre version des faits, le résultat de ce procès aurait certainement été différent, » a-t-il ajouté.

Reproché d’avoir obtenu des avantages, de vous être fait financer des opérations, d’avoir tenu des contrats sans appel d’offres, Sindika Dokolo affirme qu’il y a plein de gens qui se sont fait financer des opérations, c’est légal.

« C’est ça qui me fait halluciner. C’est comme si vous me reprochiez d’être moche. Ok, suis moche, mais c’est illégal ? Non. Voilà. Les appels d’offres directs sont parfaitement légaux en Angola, de la même manière une entreprise publique qui finance une entreprise privée, ça n’est pas quelque chose d’illégal, » a-t-il indiqué.

Sur le cas de De Grisogono où il est accusé de mettre en difficulté la société d’État, la Sodiam, l’entreprise publique de commerce de diamant, qui se retrouverait quasiment en cessation de paiement à cause de cette situation, Sindika Dokolo ne fait pas dans la dentelle. Pour lui, c’est complètement faux.

« D’abord, il n’existe aucun contrat de prêt entre la Sodiam et moi. La Sodiam a investi 150 millions de dollars dedans, j’ai également investi 150 millions de dollars dans cette société. Nos comptes sont audités par PricewaterhouseCoopers. Donc une entité parfaitement crédible. En plus de cela, il faut bien noter que la dette qui a été contractée par Sodiam pour faire cet investissement a été faite en Kwanza. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, ce qu’elle doit à la banque en kwanza est l’équivalent de 20 millions de dollars. Donc, c’est une vision complètement manipulatrice et tronquée. C’est du populisme de dire que, du fait de cet investissement-là, la Sodiam se trouverait dans un état de pré faillite, » explique-t-il.

Quand aux faits lui reprochés d’avoir bénéficié de diamants à des tarifs préférentiels, Sindika Dokolo s’offusque contre cette idée.

Selon lui, « Toutes les pierres qui ont fait l’objet de commercialisation, des pierres angolaises pour aller vers De Grisogono ont été payées plus cher que de que la Sodiam en aurait reçu si elle avait utilisé les canaux habituels de commercialisation.« 

Enfin, sur la position dominante de son couple sur l’économie angolaise en disposant des plusieurs parts de grandes sociétés angolaises, le politicien et homme d’affaires congolais se justifie que lui et son épouse emploient directement environ 10 000 personnes.

« Nous sommes le premier contributeur fiscal du pays. Si effectivement, le problème de l’Angola se résumait à nous, je pense que l’Angola ne serait peut-être pas dans la situation économique dans laquelle elle est à l’heure actuelle. C’est un peu ce qu’on dénonce, c’est le double standard. On sait très bien qu’en Angola, il y a de vrais problèmes de corruption. On sait très bien que ça a à voir avec la Sonangol, avec le pétrole qui, pendant des années et des années quand le baril était à 100 dollars, il y a eu ce qu’on peut appeler un coulage qui était considérable et qui était à la base des problèmes que la Sonangol a eus à l’époque. Pour tous les gens qui portent une responsabilité là-dedans, évidemment on ne s’y intéresse pas,  » a-t-il déclaré.

Puis de conclure:

« Donc, on ne s’intéresse pas aux mandataires publics, on s’intéresse uniquement au secteur privé. Et on s’intéresse à une famille. On voudrait réécrire l’histoire, trouver des responsables d’une situation économique difficile. Et cela me semble très manipulateur comme approche.« 

Thierry Mfundu

2 comments
  1. C’est facile d’être bénéficiaire économique par lien de parenté, être homme d’affaires est une autre paire de manches, ce pendant au Cabinda ou sort près d’un million de barrils de pétrole par jour, la misère de cette population n’offusque pas ce gendre gâter, les gouttes de sang des Cabindais sont aussi dans cette fortune tant décriée. ..

  2. C’est un couple des métis qui vole chez les pauvres Nēgres l’argent qu’il s’empresse de placer à l’étranger chez leurs cousins européens. Les métis en Afrique constituent un vrai fléau,Double allégeance,. Conscience patriotique sujette à caution . A propos de Sindika, qu’est ce qu’il a apporté en arrivant en Angola?. Millionnaire ? Où se trouvaient les actifs qu’il possédait. Comme son épouse kazak, il est arrivé en Angola fauché et n’a rien laissé au Congo, a part les ruines de la zairianisation. Toujours aux crochets

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