Fosses communes à Yumbi: la Monusco appelle le gouvernement à enquêter et à punir les auteurs de ces crimes

La mission de l’ONU en République démocratique du Congo estime que la terminologie « fosses communes » est inapproprié pour décrire la découverte par ses équipes de corps de victimes de massacres de Yumbi, dans le Maï-Ndombe à l’ouest de la RDC.

Dans un mail adressé à l’agence de presse Reuters vu par POLITICO.CD, Florence Marchal, porte-parole de la Monusco indique que « la fosse commune sous-entend une inhumation pour camoufler, ce qui n’est pas le cas à Yumbi » avant de poursuivre: « il s’agit de tombes communes car il y avait beaucoup de morts à enterrer« .

À Yumbi, l’enquête de l’ONU a permis d’identifier au moins 11 tombes communes contenant au moins 46 corps (dont 12 femmes et 14 enfants), ainsi que 43 tombes individuelles (dans lesquelles sont enterrés au moins 11 femmes et huit enfants) écrit le mail vu par POLITICO.CD.

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À Bongende, où les violences ont été les plus meurtrières, au moins quatre tombes communes ont été identifiées par l’équipe contenant au moins 170 corps) poursuit la même source.

« Après une courte mission d’évaluation à Yumbi fin décembre, la MONUSCO a déployé il y a 10 jours une mission spéciale afin de faire la lumière sur les évènements survenus à la mi-décembre et les circonstances ayant mené à un niveau extrêmement élevé de violence » lit-on dans cet échange par email.

« Bien que les conclusions de cette mission soient toujours en cours de finalisation, nous sommes en mesure de confirmer que plusieurs centaines de personnes, dont des femmes et de nombreux enfants, ont été tués dans d’insoutenables circonstances lors d’affrontements entre les communautés Batende et Banunu dans les localités de Yumbi, Bongende et Nkolo entre le 16 et le 18 décembre 2018 » déclare Florence Marchal.

« La rapidité, le mode opératoire et le bilan élevé de ces violences laissent croire que ces évènements avaient été planifiés et prémédités, au moins depuis le début du mois de décembre lorsque les tensions entre les deux communautés se sont accentuées suite à la mort d’un chef coutumier Banunu à Kinshasa et au litige opposant les deux communautés concernant son lieu d’enterrement. Bien que ces violences semblent avoir été commises de manière discriminée sur la base de considérations ethniques, seule la justice peut se prononcer sur la qualification des crimes commis » explique la porte-parole de la plus importante mission de l’ONU au monde.

Bien que la situation sécuritaire actuelle dans le territoire de Yumbi soit relativement calme par rapport au mois dernier, notamment suite à l’arrivée de plusieurs compagnies des FARDC et de la PNC fin décembre, les tensions entre les deux communautés sont toujours très palpables et risquent d’être exacerbées par la crise humanitaire qui affecte plusieurs milliers de personnes prévient la mission Onusienne en RDC.

« Il appartient maintenant à l’Etat et à la justice congolaise de prendre urgemment des mesures permettant de promouvoir la réconciliation entre les communautés Banunu et Batende tout en assurant que les responsables de ces crimes, quels qu’ils soient, soient poursuivis. La MONUSCO est prête à soutenir ces efforts et se tient à la disposition des autorités congolaises » conclu le mail.

Fiston Mahamba (@FMLarousse)

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