RDC: l’Opposition et la candidature de la discorde

La tension est montée dans l’opposition à quelques jours des prochaines élections en République démocratique du Congo. Néanmoins, les principaux ténors tentent de colmater les brèches en annonçant la désignation d’un candidat commun avant le 15 novembre.

Les dissensions qui perduraient ont éclaté au sein de l’opposition la semaine dernière. Moïse Katumbi, leader de la coalition ENSEMBLE, Jean-Pierre Bemba, leader du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et Félix Tshisekedi, leader du principal parti de l’opposition, UDPS, n’ont pas effectué le déplacement de Johannesburg où, pourtant, un accord de coalition pour les prochaines élections a été signé.

Derrière cette tension soudaine, l’UDPS a annoncé sa volonté de prendre part à ces élections fixées fixées au 23 décembre « avec ou sans la machine à voter« , largement dénoncée par les autres ténors. Cependant, tout en dénonçant cette machine, ni Bemba, ni Katumbi, ou Muzito, tous écartés systématiquement de la Présidentielle, ne souhaitent un boycott. Par ailleurs, les mêmes opposants prennent également part à des législatives, pourtant avec la même machine à voter.

Querelles d’égos

Le vendredi dernier, l’UDPS a même refusé de prendre part à une nouvelle marche qui a été organisée à Kinshasa pour réclamer les retrait des machines. En l’absence du parti fondé par Etienne Tshisekedi, l’opposition a bien eu du mal à mobiliser. Toutefois, les discussions se poursuivent. Jean-Pierre Bemba, qui séjourne en Europe depuis sa libération de prison, annonce son retour prochain au pays où, assure-t-il, l’opposition tiendra une rencontre pour choisir un candidat commun.

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C’est depuis plusieurs mois que l’opposition parle de ce candidat commun dans le but de joindre ses forces pour l’emporter devant le candidat de Kabila, Emmanuel Shadary. Cependant, là encore, des fortes dissensions animent les anti-Kabila. L’UDPS, une fois de plus, a fait savoir plusieurs fois que son candidat, Félix Tshisekedi, qui fait office de favori, doit être choisi. Des cadres de ce mouvement historique ont insisté sur le fait qu’ils ne soutiendront un autre candidat.

Outre Félix Tshsiekedi, il y a Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale, qui a terminé troisième au élections de 2011, derrière Etienne Tshisekedi, le père de Félix Tshisekedi. Ces partisans, au sein de l’Union pour la Nation Congolais (UNC), sont également peu enclin à soutenir Félix Tshisekedi. Tout comme ceux de Moïse Katumbi, dont les relations sont tendues avec l’UDPS en ce moment.

S’expliquant sur la question le week-end dernier, Jean-Pierre Bemba a confirmé la volonté de l’opposition à trouver une solution.  « On y travaille quotidiennement. Un groupe de travail avec des représentants de toutes les composantes de l’union de l’opposition a débroussaillé le chantier cette semaine en Afrique du Sud. Ils ont annoncé un candidat unique pour le 15 novembre au plus tard. Une session de travail est prévue du 7 au 10 novembre entre les leaders de ces mouvements. On sait que ce ne sera pas facile ; mais on va y arriver », a dit l’ancien chef de guerre dans une interview chez nos confères de La Libre Afrique.

Impossible candidat commun

L’ancien vice-président congolais explique néanmoins que le candidat de l’opposition sera choisi en fonction d’un certain nombre des critères. « Idéalement, il devra avoir l’expérience, un bon cursus, mais je ne veux pas aller trop loin sur cette question. Il faut que nous trouvions un consensus quand on sera tous autour de la table », a-t-il fait savoir. Une sortie qui a mis le feu du côté de l’UDPS, qui s’est sentie visée.

En effet, si Félix Tshisekedi est à la tête du principal parti de l’opposition, le plus populaire sa doute, il est loin d’avoir l’expérience et le cursus des autres candidats en lice, notamment Martin Fayulu, ou encore Freddy Matungu et même Vital Kamerhe.  Par ailleurs, rien n’indique qu’une fois choisi, le candidat commun sera soutenu ou reconnu systématiquement par l’un ou l’autre camp, surtout auprès des partisans dans un pays où le vote reste largement tribal et très partagé.

Outre cette question, celle de participer ou non à ces élections avec des machines à voter, qui ont très peu de chance d’être retirées, reste un point de tension. Les leaders de l’opposition écartés de la course ont montré une certaine volonté à ne par aller systématiquement à ces élection.  Jean-Bertrand Ewanga, porte-parole de la coalition Ensemble, a réitéré ce message dans une interview exclusive accordée à POLITICO.CD.

« Nangaa prévoit d’organiser des élections bâclées pour faire gagner le pouvoir. Vous avez vous-même démontrer que tous les électeurs ne sauront pas votés. Si jamais il s’entête, l’opposition ne va jamais laisser ce vote se dérouler » dit-il.

La coalition de Moïse Katumbi prévoit même d’empêcher le vote, affirmant que ces élections pourraient aboutir systématiquement à la victoire du camp du président Kabila.  « Nous ferons tout pour empêcher la tenue de ces élections jusque dans les bureaux de vote », menace le député Ewanga.

Le dialogue n’est donc pas rompu. Les discussions ee novembre sont déjà celles de la dernière chance pour l’opposition qui est attendue au tournant. Car en face, la coalition au pouvoir a montré ses muscles le samedi dernier à Kinshasa, jurant gagner démocratiquement ces prochaines élections.

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