Plus d’une vingtaine de candidatures à l’élection présidentielle ont été déposées. Trois candidats sont d’importantes figures de l’opposition : Jean-Pierre Bemba (Mouvement de libération du Congo), finaliste de l’élection présidentielle de 2006 qui a été acquitté des accusations de crimes de guerre par la cour pénale internationale en juin ; Félix Tshisekedi (Union pour la démocratie et le progrès social), fils d’Etienne Tshisekedi, le défunt chef de l’opposition arrivé deuxième lors du scrutin présidentiel de 2011 ; et Vital Kamerhe (Union pour la nation congolaise), un ancien allié de Kabila venu du Sud-Kivu qui a terminé troisième en 2011. Moïse Katumbi, chef d’Ensemble, une coalition de partis politiques, et l’un des plus aspirants à la présidence, mais est absent de la liste pour avoir été empêché de rentrer en RDC pour déposer sa candidature.
« En violation de l’accord de la Saint-Sylvestre, le pouvoir a interdit le retour de Katumbi dans le pays pendant le processus de dépôt des candidatures. Le pouvoir a plusieurs affaires judiciaires en cours contre Katumbi. Une commission mise sur pied par l’Eglise catholique a qualifié ces affaires de mascarade, et les alliés de Katumbi ont introduit un recours pour lui permettre de déposer une candidature en retard » écrit une note d’analyse publiee par Hans Hoebeke, analyste specialiste de la RDC, l’ONG International Crisis Group.
Dans une déclaration conjointe après que Kabila a annoncé qu’il renonçait à une candidature, les dirigeants de l’opposition se sont engagés à s’unir derrière un candidat unique. Mais cet accord est fragile : « le choix d’un dauphin relativement peu connu pourrait amener les concurrents de Shadari à penser qu’ils peuvent le battre sans avoir à former des coalitions, ce qui minerait l’indispensable unité de l’opposition » commente la note.
La commission électorale nationale indépendante (CENI) pourrait encore rejeter certaines candidatures. Elle publiera une liste préliminaire le 24 août, de façon à laisser de temps pour des recours en cas de problème juridique. Une liste définitive sera publiée le 19 septembre, soit trois mois avant l’élection.
« Les commentaires des politiciens du Front commun, selon lesquels Bemba serait inéligible pour des motifs juridiques, sont particulièrement inquiétants. Alors que Bemba a été acquitté de crimes de guerre, une deuxième affaire de subordination de témoins est en instance à la Cour pénale internationale » constate l’organisation non gouvernementale.
« Des avocats congolais cherchent maintenant à déterminer si cette accusation peut être considérée comme un cas de corruption en vertu de la loi congolaise. Dans l’affirmative, Bemba serait écarté. Comme le refus d’autoriser Katumbi à déposer sa candidature, de telles discussions donnent l’impression que le pouvoir cherche une élection « à la carte » lui permettant de choisir ses adversaires » conclut la note.