Rentrée scolaire en RDC: le suspense demeure sur la fermeture de l’école SAFAK

Le suspense perdure encore quant au sort réservé à la prestigieuse école internationale turco-congolaise, SAFAK basée à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC).

Les sources concordantes renseignent qu’en dépit de la signature, le mois dernier, d’un accord entre le Ministère de l’Enseignement primaire et secondaire (EPSP) et la Fondation turque Maarif, les responsables directs de l’école SAFAK n’ont jamais été notifiés par l’Etat congolais, d’une éventuelle confiscation ou fermeture de cette école au profit de Maarif. D’où, des interrogations qui fusent dans les milieux scolaires.

A quelques semaines de la rentrée scolaire 2018-2019 en RDC, des enseignants, les parents et élèves de SAFAK voudraient que les autorités étatiques en charge de l’Education nationale se prononcent pour éclairer la lanterne de l’opinion sur cette question qui fait couler beaucoup d’encre et de salive.

Un accord qui fache

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En effet, plusieurs médias nationaux et étrangers ont relayé et commenté diversement le protocole d’accord de partenariat scolaire signé, le 20 juillet dernier à Istanbul (Turquie) entre le ministre congolais de l’EPSP, Gaston Musemena et une Ong proche du Gouvernement turc, connue sous le label de « Fondation Maarif ».

Lde ministre congolias Gaston Musemena avec sa délégation, entourés des dirigeants de la fondation MAARIF, à l’issue de la signature du partenariat à Istanbul

Dans leurs commentaires, les médias ont dénoncé cet accord « contre-nature » qui consistait à s’accaparer de l’école SAFAK, une propriété de AUBE Asbl pour remettre sa gestion à Maarif.

D’après les informations parvenues à Politico.cd, la Fondation Maarif a été créée à l’initiative du président turc, Racep Tayyip Erdogan, au lendemain du coup d’Etat manqué de 2016 dont la paternité a été attribuée au célèbre prédicateur Fetullah Gülen, exilé aux Etats-Unis d’Amérique.

Cependant, l’Ong turco-congolaise AUBE se voit en train de subir le même sort que d’autres établissements et structures proches de Fetullah Gülen.

Pour rappel, le président turc Erdogan a entrepris, au début de l’année en cours, un lobbying diplomatique sur le continent africain dans le but d’obtenir de certains dirigeants africains, soit la fermeture soit la confiscation des établissements du mouvement Gülénniste présents dans leurs pays respectifs. L’objectif visé est d’assécher les sources de revenus de Fetullah Gülen. Il faut reconnaitre que cette politique d’Ankara a bien marché dans certains pays afrcains mais, elle a rejettée en bloc dans d’autres.

Dorenavant, avec le fameux accord entre Maarif et le Gouvernement congolais, l’on craint que ce vent touche aussi Kinshasa.

Maarif doit construire ses propres écoles

En outre, d’aucuns estiment que si Ankara était de bonne foi, il ne peut pas conditionner ses investissements en RD Congo par la confiscation des biens privés appartenant à des particuliers, turcs soient-ils.

Ils soutiennent que, Maarif devrait commencer par acheter ses propres terrains et construire des écoles modernes à même de compétir avec SAFAK et au besoin, faire mieux que cela. De ce fait, arguent des observateurs, on comprendrait que c’est de la concurrence loyale et cela pourrait être considéré aussi comme un soutien à la vision chère du chef de l’Etat Joseph Kabila, à travers son programme de la « Révolution de la modernité » et celle de faire de la RDC un pays émergent.

Par contre, le fait de conditionner ses investissements par l’appropriation de ceux des autres, laisse entrevoir un agenda caché qui ne dit pas son nom. Et la conséquence de cette démarche en RDC, est la déstabilisation de cette école par excellence et la perte massive d’emplois pour les congolais qui y travaillent.

Ainisi, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les problèmes politiques turcs risqueraient de s’importer en RDC si l’on n’y prend garde.

C’est ici que la sagesse et la souveraineté des dirigeants congolais sont attendues. Certes, le pays a besoin des investisseurs mais, la RDC n’a pas besoin de contracter de partenariats de nature à hypothèquer l’avenir et l’éducation de sa jeunesse.

Par ailleurs, AUBE Asbl est présente depuis 2006 en RDC. Cette Ong turco-congolaise est une association de Droit congolais créée dans le but de promouvoir l’éducation, la culture, la science et les œuvres sociales. Elle s’est déjà distinguée dans les secteurs caritatif et éducatif et, par conséquent, SAFAK est l’une des œuvres de cette Ong dans le domaine éducatif.

Une main noire turque

Cependant, depuis que les médias dénoncent les tentatives de confiscation de cette école au profit des inconnus comme la fameuse fondation Maarif, des inquiétudes s’accentuent.

A l’approche de la rentrée scolaire, les parents d’élèves dont la plupart sont des dignitaires et cadres du pays attendent , de toute urgence, un dénouement positif du gouvernement congolais pour fixer l’opinion en vue de permettre une rentrée scolaire apaisée à l’école SAFAK.

Ils invitent aussi les autorités congolaises de « faire preuve de souveraineté et d’indépendance, et surtout de privilégier les droits de la majorité des Congolais qui ont investi dans cette œuvre ». Cette prestigieuse école compte plus de 500 élèves et environ cent employés.

De son côté l’Ong AUBE n’entend pas baisser les bras et se laisser faire. « On veut nous ravir notre école qui n’est pas une école de l’Ambassade de Turquie mais un bien privé. Pourtant le protocole d’accord que nous avons signé avec l’Etat congolais est en cours », regrette le secrétaire général de cette structure, Me Awazi. Ce dernier affirme que sa structure doit user de toutes les voies légales pour que justice soit faite dans ce dossier.

N’ayant pas d’expérience dans le domaine de l’éducation, l’opinion craint qu’à travers ce partenariat avec la Fondation Maarif, les problèmes politiques turcs s’importent en RDC.

Qu’à cela ne tienne, tout porte à croire que le chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila ne pourra pas céder à cette ingérence étrangère turque, lui qui a de la « passion pour le Congo » et tient à tout prix à défendre la souveraineté de sa patrie. Ce contrat injuste et illégal doit être annulé, ne cesse-t-on de soutenir dans les milieux scolaires.

Stan

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