Ils arrivent: Bemba et Katumbi placent Kinshasa sous tension

Les deux principaux opposants au président Joseph Kabila vont fouler le sol congolais, alors que la situation au pays reste tendue.

Le premier atterrira à Kinshasa, au cœur de la capitale congolaise. Jean-Pierre Bemba Gombo, ancien vice-président et farouche opposant congolais arrive ce 1er août à l’aéroport international de N’djili après plus de dix ans d’absence. Le second, plus coriace, préfère atterrir « chez lui », dans le cœur du Katanga natal, qu’il a quitté il y a plus de deux ans sur une civière. Moïse Katumbi Chapwe, qui livre une guerre féroce contre Kabila pour l’alternance au sommet de l’Etat, annonce quant à lui son retour pour le 3 août.

« Ils arrivent », lancent de son côté un cadre du pouvoir. « Nous devrions trouver un moyen de les accueillir », ajoute-t-il avec un sourire narquois. En réalité, ces deux retours quasi-simultanés donnent des fils à retorde aux Kabilistes.

Retours concertés?

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Jean-Pierre Bemba était le premier à vivre la bonne foi made in Kabila. En effet, le leader du MLC a eu la mauvaise surprise de voir son vol vers Genema être refusé. Il est par la suite obligé d’atterrir à Kinshasa. Aucune raison ne sera évoquée. Dans les coulisses, la crainte d’un soulèvement depuis l’Equateur, largement acquise à ce leader revanchard, est palpable. Il sera donc obligé de poser ses valises dans la capitale, où des forces de sécurités qui commencent déjà à se mobiliser le prendront surement en charge. « Il n’y aura pas de manifestation. Et aucun désordre ne sera toléré », averti un haut responsable de la police congolaise.

La menace est donc réelle pour Kinshasa. Ces deux leaders qui auraient pu se parler à Bruxelles où ils séjournaient, pourrait bien avoir préparé une mauvaise surprise à Kabila. Toutefois, Bemba autorisé à Kinshasa, son ami opposant Moîse Katumbi ne sait toujours pas de quoi fera son retour.

Pour autant, Katumbi ne devrait rien risquer. En juin 2017, dans une lettre adressée à l’avocat de le l’opposant congolais, Me Jean Joseph Mukendi, et datée du 20 juin 2017, le Procureur Général de la République (PGR) avait annoncé sa décision de retirer à l’ex-gouverneur du Katanga l’autorisation de séjourner à l’étranger pour de raison médicales.

« J’ai le regret de porter à votre connaissance que votre client n’a pas observé le devoir de réserve lui imposé en ce qui concerne les faits ayant donné lieu à l’instruction du dossier judiciaire en cours Conformément au paragraphe deux de ma lettre n° 3010/RMP.V/041/PGR/MIM/2016 vous adressée en date du 20 mal 2016« , affirmait Floribert Kabange.

Katumbi est libre de rentrer

Le 19 juin de la même année, le ministre congolais de la justice affirmait à son tour que Moïse Katumbi était libre de regagner le pays. « Nous avons reçu une note sur son cas du Comité des droits de l’homme de l’ONU, avec des mesures provisoires. Monsieur Katumbi n’a pas un problème avec le Président, ni avec le gouvernement. Il peut rentrer au Congo quand il veut« , a dit Alexis Thambwe.

Quant à ses dossiers en justice, l’opposant congolais ne fait non plus objet d’aucune condamnation. La Cour suprême de justice s’est déclarée non saisie concernant l’ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi et l’un des accusés Darryl Lewis, dans l’affaire dite des mercenaires américains. La prochaine audience est fixée au 10 octobre prochain. Dans l’autre affaire de bien immobilier, la condamnation de 38 mois de prison ferme fait également objet d’un appel qui suspend l’application de la peine.

Cependant, si Kinshasa accepte sportivement le retour de Bemba, Katumbi devrait alors fortement se retrouver devant un stratagème qui risque de lui interdire l’accès au pays. Du côté du pouvoir, à en croire des informations de POLITICO.CD, tout une batterie des stratégies sont mises en place, allant jusqu’à envisager un refoulement.

Jusque lundi soir, aucune autorité congolaise n’a souhaité réagir à la demande de l’opposant congolais. Cependant, les Katumbi s’attendent à tout. « Nous savons à qui nous avons à faire et nous sommes préparés », lance le député Bertrand Ewanga, porte-parole de la coalition d’Ensemble. Lui, comme tous les cadres Katumbistes préviennent : « Nous ne vous laisseront pas faire ». La semaine dernière déjà, c’est l’avocat de Katumbi qui mettait en garde Kinsasa : « Si Moïse Katumbi est arrêté lors de son retour en RDC, il s’agirait là d’une arrestation arbitraire« , disait-il.

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