Depuis le Kwilu, Tryphon Kin-kiey Mulumba déchiffre l’affaire des vaches

C’est depuis le samedi 17 février 2018 que l’élu de Masimanimba, l’ex-Ministre Tryphon Kin-Kiey Mulumba séjourne sur ses terres natales d’où est venue une fulgurante polémique autour des vaches qui proviennent de l’Est du pays.

Après une tournée dans les secteurs de ce territoire, l’amenant jusqu’à la cité de Kitoy (son fief), Kin-Kiey Mulumba a finalement élucidé la rumeur. Selon des témoignages sur place, recueillis par l’équipe des journalistes qui accompagnaient ce cadre de la majorité au pouvoir, les vaches sont dans l’espace Bandundu, notamment dans le Kwilu, depuis 2015 et n’appartiennent pas à « des Rwandais ».

«Je vois, c’est des zébus, des vaches qui ne sont pas de cette contrée. Je vois des personnes qui sont des Congolais, qui arrivent ici.  Certes, depuis que je suis né j’ai toujours vu des vaches circuler sur nos terres, mais celles-ci viennent d’ailleurs », confie-t-il dans une interview accordée aux journalistes de POLITICO.CD sur place.

Les vaches, celles qui sont dans le territoire de Masimanimba, à la base de la polémique lancée après la visite de l’ex-Premier ministre Adolphe Muzito, appartiennent finalement au député Jean Kimbunda, ancien gouverneur de Kinshasa.

Dans une interview exclusive accordée à POLITICO.CD, le concerné admet les faits. Expliquant qu’il s’agit purement d’une activité commerciale.   «Ces vaches, après les avoir acheté à la Pastorale du Haut-Lomami, qui est une entreprise de référence dans notre pays en matière d’élevage et qui se situe au niveau de Kamina, avec plus de 25.000 têtes, elles ont été acheminées à Masimanimba », confirme l’ex-gouverneur de Kinshasa.  Pour lui, il s’agit surtout d’une opportunité d’affaires conséquente. « D’autant plus que nous n’avions pas ce genre de races chez nous», ajoute-t-il.  Le Sénateur Mabaya a, de son côté, acheté « quelques têtes ».

Néanmoins, les terres du Bandundu ne sont pas adaptées pour les races Zébus, Afrikaners ou le Bonsmara venues de l’Est. « Nous n’avons pas de telles races, elles consomment énormément d’herbe et boivent une quantité d’eau immesurable ; semant des désordres sur leur passage », explique le responsable territorial de l’Agriculture, le vétérinaire Romain Budalabuna, déployé sur le terrain avec le comité de sécurité territorial, y compris la délégation des journalistes aux côtés de l’ex-Ministre Kin-Kiey.

« Les gouvernement doit réagir immédiatement »

Cette équipe s’est rendue dans les secteurs de Kitoy et Kinzenga (ndlr : toujours dans le territoire de Masimbanimba), visitant quatre sites, qui appartiennent tous au député Kimbunda, et où sont logées ces espèces inadaptées pour le Bandundu. La situation sur place, comme l’explique M. Kin-Kiey, est catastrophique. «On a vu des bêtes qui sont dans un piteux état. Qui sont malades, très malades même. Et qui n’ont que la peau sur l’os et qui marche difficilement », explique-t-il.

Des images prises par POLITICO.CD en témoignent. Plusieurs bêtes sont à bout de souffle, affalées par terre ou ayant des taches sur la peau. Elles attendant, selon les responsables des fermes, des traitements qui traînent à venir.  Néanmoins, pour le chef de secteur de Kitoy, Dieudonné Mbakata, le député Kimbunda a promis de régler la situation rapidement.

« On a  des races Afrikaner, Zebus et Bonsmara dont certaines dans l’un des kraals , nécessitent un traitement approprié contre la dermatophilose », explique également le chef d’un des kraals de l’ex-gouverneur de Kinshasa.

Ces bêtes, poursuit Tryphon Kin-Kiey, n’ont pas de pâturage. « Des champs des Congolais et congolaises ont été dévastés. Et ces zébus n’ont rien à manger. En plus, puisque tout cela n’est pas encadré, le feu de brousse à brûler toutes les feuilles »

Face à cette situation, l’élu de Masimanimba appelle les autorités, notamment celles du gouvernement central à réagir. « Je lance un appel à ce que le gouvernement, notre gouvernement responsable, puisse se mêler de cette affaire », dit-il. «On ne peut certes [interdire] aux Congolais de faire du commerce, mais tout ça doit être encadré» insiste-t-il.

Pendant ce temps, le gouvernement central a rapidement réagi. Une équipe composée de plusieurs ministres, notamment celui de l’Economie nationale et celui de l’Environnement, va arriver dans le Kwilu les prochaines 48 heures, rapportent des sources concordantes.  Dans le Kwilu justement, les fermes du député Jean Kimbunda violent également une disposition du gouverneur Michel Balabala, qui interdit la vente ou le groupage de ces espèces sur les terres de cette province.

POLITICO.CD va diffuser cet après-midi son enquête intégrale après 72 heures d’investigations sur place.

Ecouter l’interview exlusive de Tryphon Kin-Kiey Mulumba au micro de Litsani Choukran

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