« La RDC ne pourra se relever qu’après la rupture du clivage majorité-opposition, autour d’un projet commun »: Françis Mvemba

Né en République Démocratique du Congo, puis grandi en France, où il a passé ses études, l’entrepreneur Françis Mvemba s’est présenté à la prochaine élection présidentielle. Sa candidature validée par la commission électorale nationale indépendante, cet homme qui s’est décidé d’entrer en politique il y a à peine trois ans pense que seule une rupture du clivage entre l’opposition et la majorité dans la classe politique Congolaise, pourra ramener la RDC sur les rails de l’émergence dans le concert des nations.

Dans une interview exclusive accordée à POLITICO.CD, le candidat Françis Mvemba estime que la classe politique a trahi l’électorat congolais depuis trop longtemps dont la confiance se gagne sur des actes et des réalisations politiques. La trentaine révolue, Françis Mvemba estime qu’une fédérations de forces, des personnalités et des ressources humaines dont dispose tant de l’opposition que de la majorité présidentielle autour d’un projet commun centré sur le relèvement de la nation Congolaise, est susceptible de sortir la RDC du gouffre dans lequel cette nation est plongée depuis deux décennies.

Centrant son projet de société sur la lutte pour l’amélioration des condition de vie du peuple congolais dont la plupart de citoyens vivent avec 1.8 USD par jour en moyenne, Françis Mvemba pense que sans gagner cette guerre contre la pauvreté, tout ce qu’un homme politique peut promettre de faire pour ce grand pays reste secondaire.

POLITICO.CD: Après l’échec de la coalition Lamuka conduite par l’opposition Congolaise, quel regroupement trouvez-vous comme un bon ingrédient en vue de sortir la RDC de son état actuel pour la prochaine gouvernance du régime post-Kabila?

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Françis Mvemba: Cette question est très importante et je vous remercie de me l’avoir posée. Jamais, je dis bien jamais, je ne me suis inscrit dans ce clivage obsolète de la majorité présidentielle contre la plateforme de l’opposition. Cela représente le passé, ce n’est pas le Congo.

Le Congo actuellement, dans cette élection, a besoin de toutes les forces vives et démocratiques qui le composent. On a autant besoin de construire l’avenir politique du Congo et sa réconciliation avec des acteurs de la majorité qu’avec d’autres acteurs de l’opposition. Savez-vous pourquoi ? Avant d’être membre d’un parti ou d’un mouvement politique, nous sommes tous congolais. Nous sommes les fils et les filles de cette terre, de cette Nation.

 Quand j’appelle toutes les forces vives à me rejoindre dans cette optique pour porter ensemble le projet de notre émergence, je ne vois ni opposant, ni membre du pouvoir en place.  Je ne vois que des congolais. Si nous échouons à balayer ces clivages, alors notre Nation ne pourra se relever. J’insiste une fois encore sur ce point, le Congo a besoin de toutes les femmes et de tous les hommes qui sont prêts et destinés à servir leur pays. Un grand rassemblement doit avoir lieu autour de notre projet. Notre pays est si immense et si riche qu’il permet à chaque village, chaque province d’être représentés dans notre mouvement. Rien ne peut arrêter ce qui s’est mis en marche. Tout est devenu possible à nouveau. Vous connaissez cette phrase célèbre de feu Mandela, elle résume parfaitement ce que nous construisons pour le Congo : «Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse ! »  

En tant que candidat à la prochaine élection présidentielle, pensez-vous que tous les préalables sont réunis pour une réussite de la première alternance pacifique en RDC ?

Cette question, si on veut être objectifs et honnêtes, on ne pourra y répondre qu’après l’élection. A ce jour, il y a 19 candidats inscrits dans la course. Donc la pluralité des sensibilités politiques est respectée. Nous avons plus de candidats à l’élection présidentielle qu’en France ou aux USA pour comparer avec des cas récents d’élections présidentielles.

Ne croyez pas que je ne sois pas vigilant et critique sur la mise en place et le déroulement du prochain du scrutin. Cependant, force est de constater que, comme dans tout nouveau système électoral, puisque nous passons d’un format papier à un format électronique, il y aura certainement des choses à améliorer. Mais aujourd’hui, tout les pays développés sont passés à ce mode de scrutin électronique. Donc pourquoi pas nous ? Le fournisseur des machines à voter garantit la sécurité du système et des logiciels d’exploitation des machines. S’il devait y avoir fraude, vous savez que c’est très facile aujourd’hui pour des spécialistes de vérifier une telle accusation. Et comme dans tout pays, si tel était le cas, l’élection serait contestée. Donc respectons le processus électoral et allons tous jusqu’au bout afin de tirer les conclusions de ce vote électronique.

A votre question de savoir si une alternance pacifique est possible, pour l’instant j’y crois. Le peuple congolais est fatigué des conflits et des guerres dans le pays. Nous avons besoin de la paix. J’invite tout les acteurs politiques engagés dans la course présidentielle à raisonner en bon père de famille, en homme responsable. De part et d’autres nous ne voulons plus d’effusion de sang dans les rues. Notre Grand Pays mérite mieux.

J’aimerais également vous dire ici que je pense que cette élection présidentielle va amener son lot de surprises le jour des résultats. Quand je comptabilise tout les soutiens et les intentions de vote fermes pour ma candidature qui affluent chaque jour je mesure l’élan de générosité et la confiance que me donnent les électeurs congolais.

Actif, dans le secteur minier, que pensez-vous du nouveau code minier de la RDC et quelles réformes proposez-vous pour que les ressources minières ne soient plus la source de conflits, mais plutôt de l’émergence de la RDC ?

Faire du peuple congolais, les ayant droit, les bénéficiaires d’une gestion éthique et responsable de nos ressources, ceci est notre engagement. Je ne pense pas que la question du code minier soit seule prépondérante à l’émergence de notre pays et aux revenus idoines pour notre Nation.

Soyons pragmatiques, 13 000 milliards de dollars de ressources minières prouvées dans notre sol, 5 milliards de barils de réserve de pétrole estimés et 30 milliards de m3 de méthane de réserves proches de nos blocs pétroliers et encore 60 milliards de m3 de méthane au Kivu, c’est ce que les Congolais capitalisent pour financer l’avenir de notre pays. Aujourd’hui, le Congo est comme une bête docile qu’on a attachée, et sur laquelle chacun se sert sans que notre peuple puisse vivre au moins dignement, ceci n’est pas acceptable !

Nous devons penser de façon plus globale. Nous devons garantir le retour sur capital pour l’investissement national ou étranger injecté dans notre pays pour financer l’exploration et l’extraction de nos ressources mais également être inflexible pour que les revenus de ces activités lucratives financent l’émergence de notre peuple et de notre Nation.

Nous avons des exemples très révélateurs de pays qui maîtrisent leur développement quand ils maîtrisent leurs ressources, les Emirats investissent 47 milliards par an depuis 30 ans sur les revenus de leurs actifs pétroliers. Nous aussi au Congo-Kinshasa, techniquement, nous avons les moyens de notre croissance. 

Propos recueillis par Fiston Mahamba

 

 

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