Les à-côtés des obsèques de Tshisekedi : les combattants et les indésirables, je t’aime, moi non plus

Samedi 1er juin, le stade est vêtu des blanc, couleur choisi par les combattants pour pleurer Étienne Tshisekedi. Les estimations les plus folles parlent de plus 90.000 personnes. Nous, on se contente du peu: toutes les 80.000 places assises sont occupées et une grande masse incalculable joue au badaud à  l’extérieur et aux abords du stade.

Tout autour de moi, l’on s’amuse à devancer le speaker du stade dans l’annonce de l’arrivée des invités de Félix Tshisekedi, en devinant ceux-ci rien qu’à partir du draplets flottants sur la voiture officielle. Vers 12h17′, un cortège de véhicules surgit soudain sur la piste d’athlétisme, il n’y a aucun draplet. Moment de d’incertitude puis puis le doute s’installe.

De la tribune 21, fusent des cris… «(claquement des mains deux fois) Bima! Bima ah!». Convaincu qu’il s’agit de Joseph Kabila, le public demande à cet hôte jusque-là inconnu d’évacuer les lieux. Lorsque le protocole ouvre enfin la portière de la voiture, l’on se rend plutôt compte que c’est la veuve Tshisekedi: Marthe Tshisekedi.
Son visage apparaît sur l’écran géant installé au Stade. Salve d’applaudissements! Cette situation a plutôt satisfait Kabila qui n’a pas daigné sortir de Kingakati pour ne pas tomber dans le rixe avec les Yoka base.

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Les entrées de Bruno Tshibala et de ses ministres ont été elles saluées par «miyibi baye, miyibi baye!!!». 
A chaque fois, la sono du stade s’empressait à chaque fois d’augmenter le volume de la musique chrétienne pour dominer ces chants hostiles aux personnalités présentes.

Les Yoka base ne désempare pas.

Même Jean-Marc Kabund n’est pas épargné. Alors que son discours tire en longueur. Les combattants lui assènent un coup de massue en direct aux cris:  » Eleki mulayi eeeeeeh ». Le virevoltant Kabund s’est rétracté. Il lui restait encore quelques pages à lire malheureusement… Les «combattants» tenaient à tout prix à être entendus par tout le stade. Ils voulaient que l’on sentent qu’ils sont présents au stade comme dans une matinée politique de l’UDPS.

Ironie du sort: c’est une habitude apprise lors des harangues idéologiques du feu Étienne Tshisekedi. Ainsi, ils étalaient tout leur répertoire sans désemparer! «Ye yo, Kabila te oh, ye yo, Fatshi nde mokonzi!!! Ye yo, Fayulu te oh, ye yo, Fatshi nde mokonzi.

Une pause est vite observée quand est annoncé le «Kasala», un chant funéraire dans la pure tradition luba, reprenant les hauts faits de l’illustre disparu, en associant son nom à ceux des personnalités de son clan.
Et comme le chant doit être interactif, «Yoka base» va se prêter au jeu. Un homme en costume se détache de l’assistance. Il exécute un « mutuashié au ralenti ratant de peu de déchirer avec un déhanchement qui rappelle Tshala Muana dans sa tendre jeunesse. Il simule le volant d’un véhicule, qu’il tourne avec application, en changeant de vitesse. Le public épris de cette danse lui emboîte le pas, les mains en l’air, comme s’ils attendaient la manne du ciel.

Entretemps, la chanteuse n’en finit pas de citer des noms. Félix Tshisekedi et sa femme Denise Nyakeru laissent couler quelques larmes sous la cadence des sonorités mélancoliques du Kasala. Une passation mystique du pouvoir a lieu en ce moment entre feu Tshisekedi et son fils un autre Tshisekedi sous les yeux ébahis du Yoka base.

TBM

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