Vital Kamerhe – Félix Tshisekedi: l’impossible mariage qui peut tout changer

Après s’être longtemps affrontés, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe tentent une union fragile à Bruxelles, en perspective de la Présidentielle du 23 décembre. Un mariage loin d’être acquis, mais qui risque de bouleverser la donne. 

A quelque chose malheur est bon. Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe qui ont secoué la scène politique congolaise après leurs retraits spectaculaires de l’accord de Genève le dimanche dernier, se voient presqu’obliger de s’entendre. Car, si ces deux ténors de l’opposition accusent les cinq autres leaders de les avoir « trompé » durant ces pourparlers, ils ne pourront cependant pas cacher le fait que leur opposition mutuelle est une des bases de leurs échecs mutuels.

Tout commence en mars denier. Lorsque l’opposition tente d’unir ses forces pour bloquer une éventuelle candidature de Joseph Kabila à la présidentielle du 23 décembre, à l’UDPS, le ton est monté étrangement contre Vital Kamerhe. »Le problème ce que nous ne pouvons pas à ce jour s’approcher de Kamerhe sans avoir des garanties que cette fois-ci il sera sérieux. Kamerhe nous a fait ce qu’il nous fait. Pas plus longtemps vous savez que Kamerhe a accompagné Kabila dans le dévoiement de l’accord de la Saint-Sylvestre. Vous vous imaginez que si Kamerhe et le MLC avaient refusé d’aller signer l’arrangement particulier au palais du peuple, Kabila reculerait ! » s’exclamait alors Jean-Marc Kabund, Secrétaire général de l’UDPS dans une interview sur POLITICO.CD.

Des ennemis intimes

« Aujourd’hui si nous en sommes là, c’est parce que Kamerhe a toujours joué des faux jeux dans l’opposition. Et moi je ne peux pas rester indifférent parce que je gère d’abord un grand parti politique sur qui repose l’espoir de tout un peuple« , avait-il ajouté.

Et lors que l’idée d’une candidature commune de l’opposition a fait surface, Vital Kamerhe, qui a été troisième à la Présidentielle de 2011, est donné favori aux côtés de Félix Tshisekedi. Cependant, le leader de l’UDPS semble mal parti suite à son manque d’expérience et son cursus universitaire qui fait polémique. A l’UNC, on hésite pas alors à mettre en exergue l’expérience d’ancien président de l’Assemblée nationale de Kamerhe.

Arrivés à Genève, Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi sont loin d’être des amis. Tout les oppose. Ce match devrait donc se jouer entre les deux. Dans leurs partis respectifs, personne n’est prêt à soutenir l’autre. L’UDPS, qui a fait de la question de la candidature commune une question de vie ou de mort, ne se voit pas en train de soutenir un autre candidat, pire encore Kamerhe.

« Piégés » à Genève 

Mais voilà, à Genève cette opposition mutuelle entre Kamerhe et Tshilombo va leur jouer un mauvais tour. Durant le vote, par peur de favoriser l’autre, ils vont respectivement voter pour Matungu et Fayulu, qui seront, à la surprise générale, élus pour un deuxième tour à la place de nos favoris.

Mais les choses ont changé. Car malgré leurs différends, UDPS et UNC sont dans un même bateau. Décriés à Kinshasa, les deux partis veulent soigner leurs images. Par ailleurs, ils ont néanmoins toujours été en contact. Le mois dernier déjà à Kinshasa, ils avaient formellement entamé des discussions bilatérales autour d’une coalition, restées lettre morte.

Vendredi à Bruxelles, Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi sont néanmoins passés à la vitesse supérieure. Une réunion officielle et des tractations sont annoncées. Derrière cette initiative, se cache pas moins que le plus important ticket politique au pays. Un sondage réalisé par le Bureau d’Etudes, de Recherches et de Consulting International (BERCI) a donné Félix Tshisekedi gagnant de la prochaine présidentielle avec 36% des voix. Emmanuel Ramazani Shadary, candidat de la coalition au pouvoir, n’arrive qu’en troisième position avec 16%. Vital Kamerhe, l’autre candidat de l’opposition encore en lice arrive lui en deuxième position avec 17%.

Ainsi, dans le cas d’une coalition, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe forment arithmétiquement 53% des intentions de votes, la plus haute prévision au pays. Dans une élection à un seul tour, avec une vingtaine des candidats et dont la moyenne absolue est à peine autour de  6%, leur union scellerait une victoire absolue. Néanmoins, reste à savoir si le président de l’UNC va accepter de se mettre derrière le leader de l’UDPS, dont le parti a clairement fait savoir qu’il ne se mettrait derrière un autre candidat.

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