Triste comédie politique en RDC

Au cœur de l’Afrique, l’affligeant spectacle d’une révolution politique supposée dans une nation partagée entre des sauveurs en herbe et des apprentis tyrans.

Plus que quelques jours pour la date inévitable du 23 décembre. Un rendez-vous qui tombera à deux jours d’une nouvelle naissance du petit Jésus, mais qui s’annonce déjà crucial pour la République démocratique du Congo. Durant près de trois ans, le monde aura regardé les Congolais s’opposer dans tous les sens, se morigéner et se rentrer dedans, partagés entre la conservation absolue du pouvoir par des Kabilistes pourtant catastrophiques, et une opposition qui ne vaut peut-être pas mieux.

Clairement, ces élections à venir resteront celles où les Congolais auront peut-être à jamais connu les vrais visages respectifs des différents tragédiens, qu’ils soient locaux ou issus de la notoire Communauté internationale. L’ONU, en commençant par elle, aura démontré toute sa niaiserie. Après vingt ans de présence au Congo, elle accompagne toujours sans broncher des meurtres de civils et des violations quasi-quotiditionnes des droits de l’homme. Et comme un doigt d’honneur dressé aux archers anglais, elle a vu Kinshasa être admise à son Conseil des droits de l’homme.

 

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Un bordel politique 

Il y a également le lot de mimes internationaux. Certains issus d’ONGs, négociant des rapports et sondages à géométrie variable et plébiscitant des acteurs politiques, en fonction du moment, qui leurs sont aussi proches qu’un client l’est de son banquier. L’Amérique et ses sanctions, l’Union Européenne avec les tiennes, ou encore l’Union Africaine partagée entre dictateurs, complètent ainsi les décimètres du désolant spectacle de l’implication de la Communauté internationale sur la crise en RDC. Quant à Emmanuel Macron et sa France, jamais Paris n’aura assumé son rôle de marchand de rêve en Afrique que dans le dossier congolais : d’un mutisme inconvenant, la France a brillé par son grand désir ne de pas être écartée du « deal du cobalt », du pétrole des Virunga ou encore celui du « Grand Inga ».

Quand la Communauté internationale n’assure pas le spectacle, c’est aux Congolais eux-mêmes de s’étaler. Tour à tour, toutes les forces politiques auront alors donné raison à l’éminent Cardinal Laurent Monsengwo : un concert des médiocres. Tenez, à quelques jours de ces scrutins attendus, Moïse Katumbi, un des champions de l’opposition, cache à peine son désir de voir ses élections être reportées. Depuis son exclusion de Kasumbalesa, l’ancien gouverneur affirme à présent — sans certes le dire ouvertement — que ces élections manquent «d’inclusivité », la quelle serait en effet garantie que par sa réintégration, quitte à repousser les échéances. Ses proches promettent sans rire d’empêcher le vote au 23 décembre.

Jean-Pierre Bemba, l’autre leader de l’opposition, préfère à son tour, et toujours sans le dire ouvertement, un round de discussions pour « éviter une parodie des élections ». A ses côtés, Vital Kamerhe, ancien Kabiliste, veut à tout prix y aller. Toujours en lice, il espère que devant la ferveur populaire, Kabila puisse « accepter » la défaite de son dauphin et consacrer sa victoire à lui, leader de l’UNC, à cette Présidentielle.

Tryphon Kin-Kiey Mulumba un homme qui mangeait à la table de Kabila en août dernier, fustige aujourd’hui la majorité, la présence d’officiels dans l’équipe de campagne du pouvoir et prévient Kabila sur une fin fatale, qu’il n’aura jamais vu durant son séjour au Bureau politique du pouvoir. Aldophe Muzito, un autre homme qui était dans la listes des dauphins de Kabila jusqu’en août, est devenu l’un des ténors de l’opposition.

L’espoir est certes permis

Que dire de l’UDPS, traditionnel parti de l’opposition. A la mort de son leader, ce parti est légué à son fils, un homme qui ne retrouve pas ses diplômes et son cursus universitaires. Aujourd’hui, cet homme espère terminer officiellement deuxième et « dealer » ainsi avec Kabila dès janvier 2019.

Kabila finalement, qui aura tout fait pour ne pas quitter le pouvoir, sauf faire développer ce pays, regarde tout ceci un peu comme moi : d’en haut. Il doit néanmoins être dépité : son candidat Président, loin d’être un sprinter, enchaîne des bourde coup sur coup. L’entourage du président congolais est encore pire : incapable même de mettre en place une équipe de campagne sans faire scandale. Joseph Kabila ne pourra sans doute compter que sur les faiblesses des uns et autres pour passer le cap du 23 décembre, dans ce qui sera tout sauf des élections.

La révolution au Congo devrait poursuivre sa douteuse et douloureuse naissance, portée par une nouvelle génération qui, sans être exceptionnelle, n’aura pas l’excuse de l’ignorance. Incarnée dans les mouvements citoyens, — aussi florissants que les partis politiques, parfois lancés pour assoupir les aspirations personnelles de pouvoir ou celles du bien matériel — cette révolte poursuit son chemin et devrait éclore en son temps, loin des calculs politiciens et, visiblement, au moins après le 23 décembre.

Terminons avec nos hommages au député Patrick Muyaya, l’homme de « la comédie congolaise », élu d’un parti qui fait le yo-yo avec Kabila, marchandant les restes de son leader totalement fini et déconnecté des aspirations de son peuple de Gungu. 

Litsani Choukran,
Le Fondé.

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