VisitRwanda ou le torpillage rwandais du parc des Virunga

Alors que la polémiqué enfle en Angleterre autour du partenariat signé entre le Rwanda et l’équipe de football Asernal FC, dans l’est de la République démocratique du Congo, des liens étranges et des événements macabres s’ajoutent à l’ambitieux projet touristique de Paul Kagame. 

Le Rwanda et le club anglais d’Asernal ont annoncé en mai dernier un juteux contrat pour la promotion du toursime dans le pays de Paul Kagame. Selon des sources concordantes, le Rwanda versera au club londonien 10 millions de livres sterling par an pendant trois ans pour que « Visit Rwanda » soit affiché sur les manches des joueurs et sur les écrans publicitaires.

Cependant, l’annonce ne plaît pas en Grande Bretagne, où d’éminents politiciens dénoncent la dictature du président Paul Kagame, l’accusant d’avoir utilisé des fonds britanniques alloués au Rwanda pour lutter contre la pauvreté. Ainsi, selon des médias anglais, l’année dernière, la Grande-Bretagne a donné 27 millions de livres sterling au gouvernement rwandais pour l’aide à la réduction de la pauvreté et 37 millions de livres pour d’autres programmes d’aide.

Le Rwanda mise tout sur les gorilles de la RDC

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Par ailleurs, d’autres faits marquants révèlent le côté sombre du projet rwandais. En misant sur le tourisme, le regime de Kagame compte rentabiliser une attraction très puisée: la visite des gorilles des montages. En effet, l’est de la RDC est l’un des seuls endroits au monde, avec le Rwanda et l’Ouganda voisins, où il est encore possible d’observer ces gorilles, des primates classés en danger critique d’extinction.

Ainsi depuis plusieurs années, le Rwanda a développé une véritable activité touristique autour de cette attraction. Kigali a décidé de facturer les permis de visite à 1 500 dollars et tire de ce fait une majeure parti de ses recettes grâce à cette activité.

Néanmoins, pendant ce temps, la RDC, qui compte en réalité la plus grande population de ces gorilles au sein du parc national des Virunga, a rélancé ses activités touristiques. Le prix de la visite, fixé à 400 USD, près de quatre fois moins qu’au Rwanda, attire de plus en plus de touristes.  « Expatriés travaillant pour des institutions internationales, membres d’ONG ou simples voyageurs, , les touristes qui viennent aux Virunga le font souvent parce que s’écrit ici l’une des plus passionnantes aventures de conservation du continent », commente notamment la journaliste Laurence Caramel, du Journal Le Monde.

« L’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et l’Alliance Virunga, qui réunit des donateurs internationaux dont les principaux sont l’Union européenne et la fondation Howard Buffett, ont entrepris depuis dix ans d’inverser le cours funeste de ce parc en bâtissant un ambitieux projet de développement au profit des populations riveraines« , renseigne-t-elle.

Les Virunga gênent Kigali

Des militaires après des échanges de tirs entre l’armée congolaise et celle du Rwanda dans le parc de Virunga, dans le Nord-Kivu, le 16 février 2018. (VOA/Charly Kasereka)

Presqu’au même moment, des soucis apparaissent. Le 9 avril, six gardes du Parc national des Virunga sont tués dans une embuscade tendue par, semble-t-il,  des Maï-Maï. Si cette attaque – la plus meurtrière enregistrée depuis plusieurs années – est tout de suite liée la multiplication des affrontements avec les groupes armés au cours des derniers mois, d’autres événements viendront semer le doute.   Le 11 mai, une garde congolaise est tuée et deux touristes britanniques sont brièvement enlèvées, avant d’être libérés en plein parc. L’attaque, dit-on, a été menée par des assaillants non identifiés.

Dans la foulée, le parc annonce sa fermeture. « La suspension des activités touristiques jusqu’au 4 juin est prise comme mesure de précaution alors qu’une enquête sur les circonstances de l’incident sécuritaire est en cours », justifient les autorités de la plus ancienne réserve naturelle d’Afrique dans un communiqué.

Jamais, explique la journaliste Laurence Carame,  cette industrie de l’enlèvement n’avait touché des touristes et si près de Goma, dans une zone considérée comme ultra-sécurisée où sont postées plusieurs unités de l’armée congolaise. « Le coup est donc rude. Il est trop tôt pour dire si l’activité du parc en sera durablement affectée. En attendant, il est certain que tous ceux qui convoitent ce territoire et ses richesses ne peuvent que se réjouir de cette nouvelle épreuve« , commente la consoeur.

Etrange en effet, car dans cette zone ultra-sécurisée, près de l’aéroport de Goma, deux militaires rwandais armés ont été arrêtés  le 16 avril dernier durant la nuit. Plus étrange, c’est dans les Virunga que des militaires de l’armée rwandaise ont été photographiés, cultivant du cannabis en mi-février. Six militaires congolais avaient été tués dans des affrontements à la suite de cette présence.

Par ailleurs, les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FLDR), mises en cause dans cette attaque et du kidnapping de deux touristes britanniques par une ONG Congolaise, ont publié un communiqué le 16 mai dernier, précisant qu’aucun de leurs éléments n’a été impliqué dans ce rapt car « la zone où a lieu l’incident n’est pas fréquenté par les militaires FDLR et est sous contrôle de Forces Armées de la RDC. »

« Après le forfait, les malfaiteurs se sont repliés à Kanyesheja vers la frontière Rwandaise avec la RDC » écrit le communiqué signé par La Forge Fils Bazeye, commissaire à l’information et porte-parole des FDLR. « Le Rwanda avec ses éléments ses éléments infiltrés en RDC a intérêt à décourager le tourisme au Parc National des Virunga qui lui prive en partie de devises générés par par la visite aux gorilles » conclu le communiqué.

2 comments
  1. Bonjour,
    avant toute chose, un grand merci à l’équipe Politico. Qu’avait fait le peuple congolais mériter un tel dénigrement de la part du Rwanda ? Il n’a pas participé à leur génocide. D’où je me trouve, cette situation me peine énormément. C’est vraiment triste.

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