« Révision fondamentale » de sa coopération: la Belgique prend Kabila par les cornes

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La tension entre Kinshasa  et Bruxelles n’est pas prête de retomber. Si le pouvoir du président Kabila s’est longtemps opposé à l’équipe Reynders-De Croo, notamment au sujet de l’engagement de l’ancienne puissance coloniale pour l’alternance en RDC, en leur dictant le tempo; cette fois, l’initiative est venue de Bruxelles et s’annonce beaucoup plus unilatérale.

En effet, dans un communiqué publié par mercredi, le vice-Premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders annonce, dans la foulée d’une importante réunion à huis-clos devant la Commission des Relations extérieures de la Chambre pour exposer la politique de Bruxelles à l’égard de la RDC; une série de mesures qui durcirent le ton contre Kinshasa.

« Concrètement, explique le communiqué, il a été décidé de mettre fin à une série d’interventions qui devaient être mises en œuvre directement par les autorités congolaises. Cela concerne des interventions pour un montant total de 25 millions d’euros qui n’ont pas encore été signées ou qui ont déjà été temporairement suspendues »

La Belgique  souhaite cependant renforcer « sa solidarité à l’égard de la population congolaise et affectera, pour cette raison, les moyens libérés au profit de l’aide humanitaire et d’autres initiatives répondant aux besoins les plus pressants de la population. »

« Le Congo n’est pas Etat »

Par ailleurs, ce communiqué fait savoir qu’en parallèle, « davantage de coopération avec des organisations non-gouvernementales sera recherchée. »

La décision intervient après la répression sanglante de la marche des chrétiens à travers le pays le 31 décembre dernier faisant plusieurs morts. La Belgique, qui a échoué à faire adopter une résolution contraignante contre Kinshasa au niveau de l’Union Européenne après le veto de la France, décide finalement d’agir à son gré.

Par ailleurs, cette situation intervient alors que les relations entre Kabila et Bruxelles sont très tendues. En effet, en novembre dernier, aucun officiel du gouvernement congolais n’a daigné se déplacer pour assister à l’inauguration de la nouvelle Ambassade à Kinshasa.

Des partisans du gouvernement ont en outre manifesté contre le Chef de la diplomatie belge Didier Rendyers, lui demandant de restituer la dépouille du héros congolais de la lutte pour l’indépendance, Patrice Lumumba.

En octobre, le vice-Premier ministre belge, Alexander De Croo, a laissé entendre, dans une interview au média belge néerlandophone MO.be que la République démocratique du Congo n’était « pas un État, mais un système d’enrichissement personnel »

Le ministre congolais Lambert Mende, porte-parole du gouvernement a refusé de réagir aux affirmations du ministre belge. « Nous préférons ne pas réagir à des tels propos qui ne sont pas dignes du niveau de responsabilité de notre ami »