La part de Félix Tshisekedi: un leadership en question

PHOTO DR. LEON NEAL/GETTY IMAGES

Un Tshisekedi pour un autre. Telle était l’idée même de la succession contestée de Félix Tshisekedi à la tête de la principale coalition de l’opposition en République démocratique du Congo. Tard dans la nuit du 2 mars 2017, l’ancien Conseillé spécial de Joseph Kabila en matière de sécurité, Pierre Lumbi et le fils d’Étienne Tshisekedi, Félix-Antoine Tshisekedi sont désignés respectivement président du Conseil de sages et président de la direction politique.

Dès le lendemain, des voix s’élèvent pour contester cette intronisation. Bruno Tshibala, alors Secrétaire général adjoint de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), ou encore Joseph Olenghankoy ou même Raphaël Katebe Katoto créent une scission. Dans leur contestation, ils refusent alors au fils du leader historique de l’opposition la carrure et les compétences de diriger la fronde anti-Kabiliste.

Si la nouvelle dissidence a plus envie de partager les postes gouvernementaux avec la majorité au pouvoir, où elle finira finalement par faire partie du gouvernement, la remise en question des capacités de Félix Tshisekedi semble de plus en plus être justifiée.

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Deux pieds gauches

 

En effet, à 54 ans, Tshisekedi fils, placé sur la voie de son père, accusera plusieurs égarements. Il y a notamment sa gestion du dossier des funérailles de son père, dont la dépouille est bloquée à Bruxelles depuis février dernier, qui n’a jamais été exemplaire. Outre le fait d’avoir conditionné le rapatriement et l’enterrement d’Etienne Tshisekedi par la mise en place d’un nouveau gouvernement de transition, Félix Tshisekedi et l’UDPS iront tour à tour confirmer leur intention unilatérale d’inhumer le défunt à Kananga, au siège du parti à Kinshasa ou même à Bruxelles. 

Par ailleurs, dès avril, Félix Tshisekedi appelle à une marche, avant de quitter le pays la veille à destination supposée d’Addis Abeba. Un départ pourtant démenti par le concerné et son parti politique, l’UDPS. L’opposition ne sera plus capable de mobiliser dans la ville de Kinshasa depuis cette marche ratée du 10 avril.

Plus récemment, après une série d’appels à manifester, Félix Tshisekedi évoque notamment des problèmes de « coordination », « stratégie » ou même « de pluie » pour justifier les échecs de l’opposition, sauf qu’il lui-même à la tête de la coordination de la principale coalition de l’opposition.

Le 31 décembre, les Catholiques ont initié un grand mouvement de marches à travers le pays. A Kinshasa, les leaders de l’opposition dont Félix Tshisekedi ont largement adhéré à cette initiative. Cependant, le dimanche matin, depuis l’église Notre dame de Lingwala où il se trouvait, Félix Tshisekidi a, selon les témoins « fui » la marche. Le président du Rassemblent s’est engouffré dans son 4×4, alors que ses partisans attendaient de lui qu’il descende dans la rue pour manifester avec eux.

Un après la signature de l’accord du 31 décembre, l’opposition s’étoile, à l’image de son chef. Des rumeurs annoncent la création d’un nouveau Rassemblement du côté de Moïse Katumbi, qui dément. Coincée entre une transition hypothétique sans Kabila et un processus électoral embusqué, Félix Tshisekedi doit encore affronter Bruno Tshibala dans sa tentative belliqueuse de dédoubler l’UDPS.

A l’image du pays, le fils de Tshisekedi semble être dépassé par l’ampleur de la crise. Si son entourage, notamment le G7, le soutient officiellement, nul doute que les jours à venir appellent à une remise en question, qui aboutira à une restauration de cette coalition de l’opposition, longtemps en difficulté.

Engbaka Gaston.

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