Au Congo, un crime presque parfait!

Août 2016, alors qu’Etienne Tshisekedi hélait ses militants de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) à envahir le Boulevard triomphal, au centre de la capitale congolaise, pour dédicacer un « carton jaune » au président Kabila, en guise d’avertissement pour obtenir son départ du pouvoir, à 1400 kilomètres, dans le cœur même du pays, un crime se perpétrait à l’abri de tous les regards. 
Les deux experts de l'ONU tués dans le Kasaï

Que faut-il rappeler? La mort « banale » d’un Chef coutumier tout à fait inconnu, ou le viol de sa femme par des FORCES DE L’ORDRE? Il faudra tout aussi rappeler que sa milice – oui il en avait dans un pays organisé – s’est mise en colère au point de s’attaquer à l’Etat entier et, à en croire les autorités, aux civils.

Le fait est qu’il n’y aurait rien à se rappeler si, en plein mois de mars, alors que le monde entier avait le regard fixé sur les interminables négociations de partage de pouvoir et de transition hypothétique, deux experts de l’ONU, un américain (en plus), Michael Sharp et sa collègue suédochilienne Zaïda Catalan  ne s’étaient pas officiellement retrouvés au mauvais endroit au bon moment.

En deux semaines à peine, une crise locale, une banale tuerie silencieuse prend des ampleurs internationales. Ses méfaits aussi. Le monde occidental fait alors semblant de (re)découvrir la tragédie congolaise, renommée, pour l’occasion, en celle du Kasaï.

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Que s’est-il passé? Des coupables sont automatiquement désignés, selon que l’on soit naturellement opposé ou ou non au pouvoir de Kinshasa. D’abord un député, Clément Kanku, écouté malgré lui dans son intimité, se félicitant d’attaques et de meurtres d’officiers, civils compris. Evidemment innocent, il pointe – il n’est pas le seul – systématiquement du doigt un certain Evariste Boshab. Malheur pour les deux citoyens du monde libre tués, ce dernier est un hiérarque du pouvoir.  L’affaire s’embrase. Ou plutôt, se complique.

Car à défaut de chercher à rendre justice, il faut bien que ces crimes trouvent une revendication politique. Ça tombe bien: Kabila doit partir. D’autant plus qu’il organiserait ce chaos, tuant deux experts de l’ONU et des milliers de congolais, dans le seul but de repousser les élections. Entre-temps, on ne manquera pas de remarquer que le non-respect de l’accord signé le 31 décembre suffisait à lui seul pour ne pas organiser ces élections salvatrices pour tout un peuple.

Thèse, antithèse. Dés révélations s’enchaînent, toutes aussi accablantes. Personne, en dehors de suspicions légitimes n’arrive alors à désigner les vrais coupables. Ils sont en fait trop connus et, de ce simple fait, intouchables. D’autant plus que la justice congolaise, mondialement réputée juste, courte, se lance dans une procédure aussi loufoque qu’ahurissante: des prévenus qui passent en témoins, les pointés du doigt jamais épinglés, rappelant étrangement un certain Procès Chebeya. En réalité, le crime était parfait. Il l’est. Car, dans un monde où chaque fait doit avoir logique, le bain de sang du Kasaï, entremêlé à des enjeux politiques, se trouve devant une multitude des mobiles.

Les civils auraient tant été tués par des Bana Mura que les Kamwina Nsapu. M. Sharp et Mme Catalan auraient tous aussi été tués tant par toutes les parties: l’ONU qui n’aurait visiblement pas « mieux sécuriser ses poulains », Kinshasa qui ne les a guère apprécié, un député de l’opposition dont les raisons restent aussi vagues, ou encore, des Kamwina Nsapu sans visées politiques.

A l’ONU, António Guterres est menacé par une furie américaine, qui veut réduire ses pouvoirs et réformer l’Institution jugée inefficace. Face à cette situation, seule une poignet de pays, dont… la RDC, s’y oppose et défend le Secrétaire général de l’ONU. Le même Secrétaire général est partagé quant à faire lumière sur les possibles failles de son institution sur la protection de deux experts, où accabler Kinshasa qui soutient son maintien. Suivez mon regard!

Le chaos, rend donc le crime parfait, avec la participation de tous. Les conséquences restent néanmoins réelles. Une région embrassée, où des congolais ont vu d’autres congolais venir tuer leurs parents, enfants, mères et sœurs ; créant ainsi des racines d’un conflit à venir. La justice, rendue impossible par cette situation attendra.  « Il n’y a pas de crime parfait, il n’y a que des crimes impunis, ceux dont l’imperfection n’a pas été découverte« , a certes dit un homme sage.

Litsani Choukran,
Le Fondé.

5 comments
  1. Cher Litsani Choukran,

    Merci et bravo pour cette excellente analyse incisive qui expliquerait aussi (indirectement) pourquoi ce regime sanguinaire et kleprocratique du Criminel qui se fait appeler « Joseph Kabila » a pu durer 16 ans, et entrevoit s’eternniser au sommet de notre Pays.

    Pour ceux qui veulent puiser plus loin, qu’ils re-lisent vos 2 derniers paragraphes et « suivent votre regard ».

    Bref, Antonio Gutterrez et son mec en RDC Maman Sidikou ont tout interet a « etouffer » le dossier du meurtre de ces jeunes fonctionnaires de lONU dont le Commanditaire est connu de tous, sauf des naifs.

    « Kabila » et ses bandes criminelles (oui, il maintient plusieurs de ces bandes concentriques, inclu Kalev Mutond et ses « BanaMura – alias ANR ») sont devenus specialistes de roublardise et debauchage de traitres et opportunisites pour rouler les Congolais dans la fasrine. Mais au dela, ils sont surtout specialistes de corruptions a l’Echelle Internationale, inclu a l’ONU..!

    Nikki Hailey, ambassadrice des USA a l’ONU, l’a vite compris en epinglant l’ONU et la MONUSCO et en les designant explicitement (nous citerons donc Antonio Gutterez et son pion en RDC Maman Sidikou) comme complices du regime-vomi et sanguinaire de « Kabila ».

    Rappelez-vous que Sidikou est copain du Togolais Edem Kodjo, et que le Dir. Financer de Kabila est un certain Togolais du nom de Andraoka, et que l’avocat d’affaires (et Caissier) de Albert Yuma a Paris est un autre Togolais. Continuez a suivre mon regard…!

  2. Ce qu’on ne dit pas à haute voix est que kabila a cédé des terres appartenant aux villageois a des compagnies mafieuses pour exploiter le diamant kasaien et ces compagnies ont loué des mercenaires en collaboration avec les bana mura afin de chasser , éliminer , massacrer, tuer et deguerpir les villageois de leurs terres

  3. « car il est des silences coupables, plus assassins qu’aucune parole, qu’aucune arme peut-être. Car il est des silences complices dont le nombre fait la force, et la force la loi. Celle des majorités silencieuses qui sert de caution et d’alibi aux crimes contre l’humanité. » – Martin Niemöeller
    Il sera dit un jour que l’obscur Joseph Kabila fut un homme qui a versé beaucoup de sang Congolais.
    Assassinats, enlèvements, viols, pillages. Jean Claude Muyambo, Eugene Diomi, Franck Diongo trainé dans la boue, martyrisé dans leur humanité ; cruauté innommable : la différence qui sépare l’homme de la bête est tout simplement franchie au Congo de Lumumba et Kasavubu. Meurtres collectifs, meurtres sélectifs, meurtres génocidaires, épuration ethnique dans les kivus et au Kasai ; rafles et torture instituées en règle de gouvernance. Sephora Bidwaya à Goma et tous ceux qui refusent la soumission, kidnappés, séquestrés, embastillés, frappés, torturés, bestialisés ; des journalistes; Karaba Banga en Ituri, Serge Maeshe, Marcel Lubala à Mbuji-mayi, Daniel Safu et Mike Mukebayi à Kinshasa traqués, traqués listes à la main, traqués jour et nuit, battues organisées, les militants de l’opposition traqués et assassinés tous les jours ; comme si on voulait rendre impossible tout avenir à l’opposition politique en RD Congo. Mais qu’importe. Qu’importe le jour, le mois ou l’année : Kabila, l’homme de Kagame à Kinshasa , partira un jour. Il partira. Le temps de Kabila finira. Il n y a pas d’avenir dans l’histoire du Congo de Kimbangu pour ce nom là, Joseph Kabila ; il n’y a d’autre avenir pour ce nom-là que celui d’un Mobutu , lui aussi tueur de son propre peuple, et mort abandonné de tous au Maroc. Joseph Kabila partira un jour.

  4. Le fait de garder Maman a Kinshasa semble a du racisme pure et simple. On a peur de faire partir un incompetent parce qu’il est de peau noire. C’est tout simplement une insulte a la race noire et a l’humanite toute entiere. La politique a pris le pas sur la verite. L’ancien secretaire general des nations Unies a eu le courage de faire partir le general senegalais de la Centre Afrique pour raison d’incompetence. Mais, le nouveau provient des arcanes des nations unies, habituees a politisees le reel. C’est plus fort que lui.

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