RDC: un rapport des experts de l’ONU doute de l’efficacité de l’opération conjointe FARDC-UPDF contre les ADF

Dans un nouveau rapport récemment déposé au Conseil de sécurité, un groupe d’experts de l’ONU remettent en cause l’efficacité de l’opération conjointe entre l’armée congolaise et celle de l’Ouganda (FARDC-UPDF) dénommée Shujaa, une offensive militaire contre les forces démocratiques alliées (ADF) basées dans l’est de la RDC.

Dans leur rapport de plus de 230 pages, le groupe d’experts sur la RDC démontre que la menace ADF a plutôt pris de l’ampleur. Ils notent que la situation sécuritaire et humanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri s’est considérablement détériorée, malgré l’application continue d’un état de siège au cours des 18 derniers mois et malgré les opérations militaires menées par les FARDC, l’UPDF et la Mission de stabilisation de l’Organisation des Nations Unies en RDC.


Les attaques de l’ADF et des attaques civiles

Pour appuyer cette affirmation, les experts de l’ONU rappellent que depuis avril 2022, les attaques de l’ADF ont entraîné le meurtre d’au moins 370 civils et l’enlèvement d’au moins 374, dont un nombre important d’enfants. A les en croire, les terroristes des ADF ont pillé et brûlé des centaines de maisons et détruit et pillé des centres de santé, principalement dans le but d’obtenir des fournitures médicales. « Les attaques contre des civils attribuées à l’ADF étaient concentrées autour des chefferies Bahema-Boga et Banyali-Tchabi, Ituri, ainsi que dans le sud-est du territoire de Beni
»,ont-ils révélé.


Malgré l’opération conjointe Shujaa par les FARDC et l’UPDF, les experts de l’ONU concluent que l’ADF a poursuivi son expansion géographique et a mené des attaques contre des civils sur le territoire de Beni, dans le nord du Kivu et dans le sud de l’Ituri.

Dans leur démarche d’expansion, les ADF ont selon ce rapport de l’ONU, continué à opérer en petits groupes, lançant simultanément des attaques sur plusieurs fronts. Les attaques et les mouvements, concluent-ils, visent principalement à se réapprovisionner, à prospecter de nouveaux camps, à distraire l’attention des opérations militaires de l’ADF et/ou à se venger de ces opérations, y compris à saper le soutien populaire à l’opération Shujaa.
Les détails du rapport de l’ONU qui couvrent les enquêtes menées jusqu’au 5 novembre sont crédités compte tenu de la dernière tentative d’attaque de l’Ouganda liée à l’ADF. Il y a environ deux semaines, un groupe d’environ 40 combattants de l’ADF a traversé l’Ouganda via la rivière Semliki dans le but de provoquer le chaos, disent les autorités de Kampala, mais l’UPDF les a repoussés. Dans la bataille qui a suivi, 20 attaquants ont été tués, d’autres ont été capturés vivants et un assortiment d’armes a été récupéré.

Les jeunes Hutus enlevés pour renforcer les rangs des ADF


Dans le territoire de Beni, les experts détaillent, l’empreinte de l’ADF est large, avec des attaques dans la ville de Beni, au nord-est sur la route RN4 entre Mamove-Oicha et Eringeti, au nord-ouest à la frontière avec Ituri, à l’est dans le Watalinga chefferie et au sud-
Depuis juillet 2022, l’ADF a également ciblé la communauté Hutu autour de Boga et Tchabi, en avediant des centaines de civils et en tuant certains d’entre eux.

« Cela serait en représailles pour les recrues Hutu qui se sont rendues et/ou ont collaboré avec les FARDC depuis 2021. Les jeunes Hutus enlevés ont été recrutés de force dans l’ADF pour renforcer leurs rangs », ont-ils mentionné tout en affirmant que «des attaques et des incursions ont également été effectuées le long de la route RN4 en embuscant et en brûlant des véhicules. Sur le territoire d’Irumu, dans la soirée du 1er octobre, l’ADF a attaqué le village de Kyamata, le long de l’axe Boga-Tchabi, tuant au moins 13 civils, tous de la communauté Banyabwisha. Quatre civils ont été enlevés et au moins 36 maisons ont été brûlées ».

La direction de l’ADF est restée intacte

Dans ce même registre, les experts de l’ONU notent qu’en dépit de la destruction de certains camps et les arrestations, la direction de l’ADF est restée intacte, notent les experts. ADF, écrivent-ils, est retourné dans ses bastions traditionnels, y compris près des bases de l’UPDF en RDC à la frontière avec l’Ouganda, où l’UPDF avait essayé d’établir une zone tampon.

« ADF a notamment attaqué deux bases UPDF près de Boga-Tchabi à la mi-juillet 2022. ADF a même étendu son domaine d’opérations, y compris à Goma. Les réseaux de collaborateurs de l’ADF sont également restés largement inchangés », indique le rapport ajoutant que « le lancement de la quatrième phase de l’opération Shujaa en septembre a même entraîné une augmentation des attaques de l’ADF contre des civils en représailles, comme cela avait été observé dans le passé ».

En réaction à ce rapport, le brigadier Felix Kulayigye, le porte-parole de la Défense de l’Ouganda a déclaré dans une interview que les experts de l’ONU devraient être les derniers à donner une conférence aux Forces de défense du peuple ougandais (UPDF) sur l’efficacité. Il soutient que les forces de l’ONU (Monusco) ont été déployées en RDC sans éliminer les différentes tenues rebelles depuis plusieurs années.

Depuis 2021, la RDC et l’Ouganda coopèrent dans le cadre des opérations militaires conjointes « FARDC-UPDF » dénommées « Shujaa» contre les ADF, une milice d’origine ougandaise mais qui n’opèrent qui cependant n’opère que dans le Nord-Kivu.

Carmel NDEO

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