Destitution des gouverneurs MP: entre stratégie et crise

En l’espace de quelques semaines, deux gouverneurs de la Majorité Présidentielle des provinces issues de l’ex-Katanga ont été démis de leurs fonctions, alors que d’autres à travers le pays sont menacés.

Le 19 avril, l’Assemblée provinciale du Haut Katanga a voté à l’unanimité la destitution du gouverneur Jean-Claude Kazembe, accusé de mégestion et détournements. La nouvelle n’a pas toutefois trop secoué la scène politique, tant le gouverneur membre de la majorité au pouvoir était depuis longtemps sur la sellette.

Près de deux semaines après, c’est au tour du gouverneur Célestin Mbuyu du Haut-Lomami voisin à subir le même sort. Si le jeu était joué pour Kazembe, Mbuyu a pourtant semblé être défendu par sa famille politique. Le vice-Premier ministre et ministre de l’intérieur Emmanuel Ramazani a même tenté de s’interposer contre sa destitution en convoquant en vain le président de l’Assemblée nationale, à l’origine de la sanction à Kinshasa.

Dans l’entre temps , le gouverneur de la Tshopo, Jean Ilongo Tokole, toujours issu de la Majorité Présidentielle, serait sur une chaise éjectable. Le mardi 2 mai dernier, un groupe de jeunes de cette province ont lu un mémorandum devant le bâtiment de l’Assemblée provinciale à Kisangani. Ces jeunes se plaignent notamment des conditions de vie de la population.

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Par ailleurs, toutes les assemblées mentionnées sont dominées par les députés du Pouvoir, une famille politique dont Kazembe et Mbuyu et Ilongo font partie. Le régime de Kinshasa sous le feu des critiques dans la scène nationale, avec notamment une application contestée de l’accord signé le 31 décembre dernier, semble patauger dans les provinces, à défaut d’avoir réellement mis en place une stratégie bien contrôlée. Car, s’il faut interroger l’histoire récente de la démocratie congolaise, il n’y a pas eu en RDC une telle succession de motions de défiance entre les hommes de la majorité.

Katanga très hostile au pouvoir

Le grand Katanga a quant à lui toujours donné de fils à retordre au pouvoir du président Joseph Kabila. En décembre dernier, alors que Kinshasa a eu une journée pour taire ses envies de voir Kabila quitter ses fonctions, à la fin de son mandat; Lubumbashi, deuxième ville du pays a laissé place à un début d’insurrection dans les zones défavorisées, notamment les communes du sud. Aux huit morts et 47 blessés selon les autorités, l’opposition parlera de plus de 50 tués. Des postes de police et des maisons communales du grand marché ont été pillés ou incendiés.

Comme le signale le journal Le Monde, dans un article publié en décembre dernier, la ville a depuis fait l’objet de toute l’attention des services de sécurité. Les leaders de l’opposition, dont Gabriel Kyungu, charismatique chef historique de la mouvance indépendantiste katangaise, aurait l’objet d’attaques répetées. Des militants de l’opposition et des activistes de la société civile seraient traqués, ou emprisonnés pour certains.

Symbole de cette décadence du pouvoir, le désormais ancien Gouverneur Kazembe est même filmé le 21 décembre dernier, prenant fuite sous des jets de pierres de la population, alors qu’il avait décidé de se rendre à pied avec des partisans à l’occasion d’une « marche de la paix » destinée à montrer que les autorités avaient le contrôle de la situation dans cette province.

Bienvenu Kisimpi

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