Claudel André Lubaya : « Kamwina Nsapu est enterré, il ne doit plus en exister d’autres »

Claudel André Lubaya est un député national, élu de Kananga et ancien Gouverneur du Kasaï occidental où se concentre les violences autour des affrontements entre l’armée et les miliciens Kamwina Nsapu.

Après la restitution des restes du de la dépouille du défunt Chef coutumier Jean Pierre Pandi, héritier du nom du trône Kamwina Nsapu, l’élu du Kasaï appelle à la cessation des hostilités. Il regrette les conditions de l’exécution de ce chef coutumier, le temps perdu par le gouvernement pour restituer sa dépouille à la famille et des exécutions que cela a entraîné. INTERVIEW.

Jeannot Sheji : Comment avez-vous accueilli la nouvelle de la restitution des restes de la dépouille du défunt Chef coutumier Kamwina Nsapu, son enterrement par sa famille et la désignation de son successeur ?

Claudel André Lubaya : Je dois regretter que le gouvernement ait perdu beaucoup de temps, le temps qui a causé beaucoup de morts, de dégâts matériels, pour qu’on en arrive enfin là. Je regrette également les conditions dans lesquelles feu Docteur Mpandi, Kamwina Nsapu, a été tué. Sans justice, sans défense et sans explication. Ce dossier a été géré avec légèreté, maladresse et brutalité. La conséquence ce qu’après son exécution, il y a eu plusieurs autres exécutions. Je salue tout de même la coopération du gouvernement. En rendant sans test ADN, la dépouille de Kamwina Nsapu à sa famille et en permettant à cette famille d’organiser les funérailles conformément à la coutume. C’est un pas dans la direction de la paix.

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Vous soulignez que « le gouvernement a remis les restes de la dépouille de Kamwina Nsapu à sa famille sans test d’ADN », cela sous-entend le doute sur l’authenticité de la dépouille de Kamwina Nsapu?

N’étant pas moi-même médecin légiste, ni conseiller en la matière, je pense que la moindre de chose aurait été de la part du gouvernement, d’organiser un test d’ADN. Ça n’a pas été fait. Pour autant que ceux qui représentent la famille du défunt ont identifié la dépouille qui leur a été remise, comme étant celle du Chef, Kamwina Nsapu, et l’ont enterré, nous pouvons faire confiance tout simplement. Le plus important ce qu’il ne faudra pas qu’il y ait d’autre Kamwina Nsapu. C’est-à-dire, Kamwina Nsapu doit continuer à exister, mais ça ne doit pas être Kamwina Nsapu synonyme d’insurrection, d’appel au meurtre, à la destruction, synonyme de violence, plutôt Kamwina Nsapu en tant que Chef qui guide sa population.

Le temps a contribué à une propension de ce conflit qui dépasse à ce jour la seule famille Kamwina Nsapu qui l’a commencé. L’appel à la paix du représentant de cette famille lancé dans les médias suffira-t-il à restaurer la paix au Grand-Kasaï ?

C.A.L : Non. Ce n’est pas à la seule famille de lancer l’appel à la paix, parce que ce ne sont pas les seuls membres de la famille Kamwina Nsapu qui ce sont révoltés. La révolte est devenue un phénomène social avec métastase sur l’ensemble du territoire des anciennes provinces du Kasaï occidental et Oriental. Ils nous appartient à nous tous en tant que responsables : politiques, religieux, de la société civile et autres, de relayer cet appel à la cohabitation pacifique, fraternelle entre toutes les communautés vivant au Kasaï.

Quel message lancerez-vous aux miliciens qui combattent encore?

C.A.L : Nous disons à tout celui qui serait tenté, au nom de quelle que manipulation que ce soit ou de quelle que revendication que ce soit, de nous retourner dans ce cycle infernal de violence, qu’il devra le payer trop, trop cher. Parce qu’aujourd’hui, ces veuves, ces orphelins par milliers qu’il y a au Kasaï, qui va en prendre la charge? Et pourquoi il faudra que ça continue! Nous n’encouragererons personne et personne ne peut compter sur notre appui pour faire passer son message, ses revendications par la violence. Le Kasaï doit demeurer une oasis de paix, dans laquelle vivent en toute convivialité ses fils et filles. Toutes ses tueries auxquelles les jeunes gens enrôlés dans des milices se sont livrés, en coupant parfois les têtes, les bras des gens et traîner avec dans la rue, c’est inacceptable, inadmissible, inexcusable, parce que c’est seulement inhumain. Il faut que ça cesse.

Au gouvernement vous direz?

Le gouvernement devra regarder à gauche et à droite pour constater les dégâts. Il y a aujourd’hui beaucoup de blessures dans plusieurs familles, il y a des soldats des Forces armées (congolaises), des policiers qui sont tombés. Tout cela appelle, à la fois justice et d’avantage réparation. Ces veuves des militaires, des policiers des hommes tombés pour avoir suivi tel ou tel autre appel, ont besoin de la réparation morale et matériel. Au-delà, le gouvernement devra fournir des efforts pour réhabiliter les infrastructures. Les églises, les couvents, les séminaires, les écoles, les installations de l’administration publique ont été saccagées, incendiées. Les massacres de masse commis par l’armée et la police sont constitutifs de crime de guerre et de crime contre l’humanité. La justice militaire doit se saisir de ces cas.

Merci, Monsieur le Député national.

Je vous remercie également Monsieur le journaliste.

Propos recueillis par Jeannot Sheji

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