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Afrique Centrale: la convention de Kinshasa sur les armes légères non mise en oeuvre

Le groupe de recherche et d’informations sur la paix et la sécurité a publié ce mercredi un rapport sur l’application de la convention de Kinshasa sur les armes légères et petits calibres, ALPC.

Selon Lauriane Héau et Clément Hut, la mise en oeuvre de la convention de Kinshasa sur les armes légères signée par plus de 10 États de la sous-région d’Afrique Centrale est essentielle dans cette contrée où les groupes criminels transfrontaliers sont souvent impliqués dans la dissémination de ces engins. Les deux chercheurs estiment que les États signataires de la convention n’ont pas mis assez d’efforts pour que cet outil joue efficacement son rôle dans la régulation de la circulation des armes légères et de petits calibres.

À titre d’exemple, la RDC, signataire de trois instruments sous-régionaux différents mais n’en ayant ratifié qu’un seul d’entre eux – le Protocole de Nairobi –et dont la capitale a pourtant accueilli l’adoption de la Convention, n’a démontré aucune volonté de traduire les dispositions des Conventions dans son arsenal juridique. De facto, le chantier reste énorme avant de pouvoir atteindre l’objectif de réduire au silence les armes à feu d’ici à 2020, visé par l’Union Africaine avec sa stratégie Silencing the Guns 2020.

Tout en appelant à la ratification de cet outil par les États de la région, le groupe de recherche et d’informations sur la paix et la sécurité, un institut basé à Bruxelles recommande ainsi la mise en place d’un front commun régional contre le trafic d’armes en vue d’aboutir aux résultats escomptés lors de la signature de la convention de Kinshasa.

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Fiston Mahamba

2 comments
  1. Les armes légères sont ainsi parfaitement adaptées à des combats de proximité, sans objectifs militaires spécifiques, et aux capacités et ressources de groupes rebelles ou de factions « terroristes ».
    Ces armes sont en effet largement et facilement disponibles, elles sont d’un faible coût et faciles à transporter et à dissimuler. Des armes qui, aux mains de groupes qui ne suivent pas les formes traditionnelles de la lutte et ne répondent pas aux règles de la guerre telles que définies par le droit international, frappent d’abord les populations civiles : ces armes seraient à l’origine de 90 % des morts dans les conflits, dont 80 % de civils. Parce que les armes légères sont l’instrument principal des conflits dont elles augmentent l’impact et prolongent la durée, la lutte contre leur prolifération et leur utilisation abusive apparaît de plus en plus comme une priorité. Un véritable défi étant donné leur disponibilité ! Les Nations unies estiment le nombre d’armes légères en circulation à plus de 600 millions.
    L’abondance des armes en circulation et l’existence de stocks de grande ampleur et peu contrôlés facilitent l’accès des civils, des criminels et des combattants à ce type d’armes. Mais si ces armes constituent l’instrument dominant dans les conflits, elles ne sont pas utilisées qu’à des fins « militaires ». Elles soutiennent également l’activité de groupes criminels, aux niveaux national et régional, qui s’adonnent au banditisme et à la prise d’otages. Elles posent des problèmes quasi insolubles pour la sécurité des États et sont une menace permanente pour les populations2. Sur les 500 000 morts par an directement imputables aux armes légères, 300 000 ont eu lieu dans le cadre d’un conflit et 200 000 dans les situations dites « pacifiques »3. La lutte contre la prolifération des armes légères apparaît ainsi, à la fin des années 90, comme une priorité internationale.

  2. Afrique-Santé dans son rapport sur la situation de l’EST de la RDC et en Afrique centrale ,volet humanitaire soutien les Nations Unies et confirme que pour mieux lutter contre ce fléau, il est essentiel d’agir également sur les motivations économiques, sociales, politiques et culturelles qui sous-tendent la demande d’armes et qui nourrissent les trafics.
    Les armes légères relèvent du concept de sécurité humaine. La sécurité humaine repose sur le constat, évident, que les craintes de la vie quotidienne sont ressenties de manière plus forte que les craintes d’une éventuelle attaque nucléaire, cette appréhension de la sécurité intégrant ainsi des préoccupations collectives, politiques, économiques, alimentaires, sanitaires ou environnementales4. Incluant la question des droits de l’Homme, la protection des personnes appartenant à des minorités, la lutte contre la criminalité, le terrorisme, la sécurité économique, etc., cette nouvelle conception de la sécurité prend directement en compte les armes légères et portables qui se rapportent à la fois à la conception traditionnelle de la sécurité (stabilité régionale, limitation des conflits, sécurité physique…) et à une conception plus large de la sécurité humaine. Celle-ci, en effet, concerne d’abord la violence armée exercée à l’encontre les populations : violence étatique, répression des minorités, criminalité et extorsions diverses, violence aveugle…, ce qui touche aux questions de démocratisation, de développement, de lutte contre la violence étatique et donc de lutte contre des armes qui causent la mort de millions de civils. Les armes légères sont donc au centre de la problématique « sécurité et développement » qui pourrait se résumer dans la formule « pas de sécurité sans développement, pas de développement sans sécurité ». Prof. Dr Robert KIKIDI MBOSO KAMA, Président de l’AFRIQUE-SANTE, asbl.

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