Human Right Watch dénonce l’effort « continu de la part du gouvernement pour réduire ses détracteurs au silence »

Les autorités congolaises ont de nouveau procédé à des arrestations parmi les membres d’un groupe de jeunes activistes pro-démocratie au cours du weekend, dans ce qui apparaît comme un effort continu de la part du gouvernement pour réduire ses détracteurs au silence.

La police a arrêté samedi huit membres du mouvement de jeunesse Filimbi, à la suite d’une manifestation assise pacifique devant les bureaux de l’Union africaine (UA) à Kinshasa. Trois d’entre eux ont été remis en liberté plus tard dans la journée, mais les cinq autres sont toujours en détention, sous l’accusation de « trouble à l’ordre public » et d’« incitation à  la révolte ». Un autre activiste a été arrêté aujourd’hui, après avoir apporté de la nourriture à ses camarades détenus et pris une photo d’eux alors qu’ils étaient transférés d’une maison d’arrêt de la police au bureau du procureur.

Les activistes entendaient protester contre le soutien apporté par l’UA à l’accord de « dialogue national » congolais récemment conclu, qui a été rejeté par la majeure partie de l’opposition et qui autoriserait le président Joseph Kabila à rester au pouvoir, au-delà de la limite de deux mandats consécutifs imposée par la constitution, au moins jusqu’à avril 2018, voire plus longtemps encore.

Lors de la manifestation assise, observée par des membres de la mission de maintien de la paix des Nations Unies, la police a menacé les activistes de recourir aux gaz lacrymogènes s’ils ne quittaient pas les lieux. Les activistes ont accepté de partir et un groupe de 34 d’entre eux est monté dans un bus municipal. « Deux agents de police à moto ont barré la route devant nous tandis qu’une jeep de la police se garait derrière nous », nous a dit l’un des activistes. « Ils nous ont dit de rester dans le bus. Certains d’entre nous ont réussi à sortir par la porte arrière, mais huit sont restés. Un des agents de police nous a dit: ‘Ne bougez pas ou je tire.’ » Les huit ont été emmenés à une maison d’arrêt de la police.

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Trois activistes du mouvement de jeunesse Lutte pour le changement (LUCHA), qui avaient été arrêtés à Goma la semaine dernière, ont été remis en liberté samedi, mais trois autres ont été transférés à la prison centrale de Goma. Lors d’une conférence de presse dimanche, un porte-parole de la police a déclaré qu’ils avaient « porté atteinte à l’ordre public et incité à l’insurrection. »

Au total, 26 activistes des mouvements de jeunesse Filimbi et LUCHA ont été arrêtés à Goma et à Kinshasa au cours de la semaine écoulée, dont neuf sont toujours en détention.

Pendant ce temps, dans la ville de Lubumbashi, dans le sud du pays, les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser une réunion du « Rassemblement », une coalition d’opposition, qui se tenait samedi à la résidence du dirigeant d’opposition Kyungu wa Kumwanza. Des membres de l’opposition auraient été blessés et arrêtés. Samedi également, un parti d’opposition, le Mouvement pour la libération du Congo (MLC), a créé une nouvelle plateforme politique dénommée Front pour le respect de la constitution, et a appelé Kabila à abandonner ses fonctions le 19 décembre comme prévu par la constitution. Le MLC est l’un des nombreux partis qui avaient refusé de participer au «dialogue national ».

Avec HRW.

 

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