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CNSA : le gâteau était trop dimi

Pour une fois que mon histoire personnelle ressemble à celle de tout un pays, alors laissez-moi vous la raconter.

C’est l’histoire de ma vie. Celle du fils d’un homme fier, qui a refusé de jouer le « Mouventier » de Mobutu, pour finir bivouaqué professeur à l’Université de Kinshasa. Tout premier docteur en Chimie du pétrole au Congo, mon père et oncle Makambo Lisika, paix à son âme, a eu la bonne mauvaise idée de ramener toute sa grande et élargie famille à Kinshasa, depuis Ebonda, dans la Mongala.

Près du plateau des Professeurs de l’Université de Kinshasa, nous étions alors cantonnés, dans une cour commune : neveux, nièces, sœurs et même frères. Dépendant d’un seul homme, nous sommes passés de la famille d’un éveilleur prospère, à celle d’une écurie en voie d’extinction, dont les revenus rencontrent alors la courbe de la gestion catastrophe des Mobutistes dans leur royaume du Zaïre.

Ainsi, nous avions un jour touché le fond, excavant la piscine même. Chez nous, les repas passèrent en « coup direct », sans déjeuner, sans transition. Pire, nous avions connu mieux. Nous étions les enfants « de », la descente allait donc être dure. C’est alors que mon histoire croise le Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral (CNSA).

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Ainsi, au soir, une seule marmite, remplie à peine à moitié, attendait toute une flopée d’assiettes à ravitailler. Dans notre cour familiale pleine à craquer, nous avions ceux qui voulaient la part du lion. Les Vital Kamerhe. Nous avions aussi, ceux qui n’exigeaient rien mais devaient manger : les Bazaïba. Il y avait aussi ceux qui avaient l’estime de notre tante, responsable de distribution. C’était ses fils à elle. Ces Olenghankoy recevaient, contre tout droit d’aînesse, la plus grande des parts.

Toutefois, cela ne réglait guère le problème. Car, en réalité, il ne suffisait pas d’être servi pour manger. Une fois à l’abri du regard de notre tante, ces fils, rappelez-vous : les Olenghankoy, se faisaient littéralement dépouiller par la bande, exceptionnellement unie pour une fois, afin de réclamer justice.

De cette expérience, je sais donc reconnaître une situation dite : «Kobayashi Maru », tirée du célèbre univers de fiction de la série Star Trek. Il s’agit de se retrouver face à une situation sans issue. Entre donner la présidence du CNSA à Vital Kamerhe que toute la terre vilipenderait, sans oublier qu’il doit être redouté ; où la confier au vrai Rassemblement qui n’en veut pas ; ou encore, la confier au Front qui n’en veut que la moitié, tout en étant prêt à protester contre une attribution injuste. Trop de bouches, cupides et égoïstes, à nourrir.

Le gâteau fut donc « dimi », pas suffisant, pour tous. L’image d’un règne qui aura trop duré, et ne saurait ni récompenser tous les alliés, encore moins tous les multiples ennemis. Le Kobayashi Maru parfait, où 80 millions de personnes se retrouvent coincées.

Litsani Choukran,
Le Fondé.

11 comments
  1. Vrement c’est une histoire à prendre aux serieux du faite de son fond…la part du lion a toujour etait reservé aux trahisseurs et non aux vrais fidels ds une rébelion ou un coup reuçut…**Aux âmes bien nés la valeur ne doit tjr pas atendre les nombre d’âges…**(Réveillons-nous mes fréres…

  2. Votre situation familiale illustre parfaitement les préoccupations qui ont été légitimement soulevées pour le partage du gâteau CNSA.
    Kamerrhe a appris à ses dépens, un peu comme Monsieur MUBAKE, que la Tante (chargée de la distribution des repas) est la meilleure des enfarineurs.

  3. Cher Choukran,

    Ton recit etalant son analogie avec la comedie de nomminations de mangeocrates au CNSA serait marrant s’il ne s’agissait pas ici de l’avenir de 80 Congolais attendant a travers ce CNSA l’alternance au sommet le plus vite afin de se debarrasser d’un president et Parlement illegitimes et rebatir leur Pays appauvri et meurtri par 16 ans du roublard Kabila et sa famille venus en 1997 s’enrichir chez nous.

    Une chose est certaine, Olengankoy et sa bande ainsi que ceux qui lui faciliterent la tache dont les Minaku et Kengo entreront dans l’histoire de grands traitres de notre Peuple et paieront cher, autant que Kabila.

  4. Choukran, ton récit vaut plus qu’un roman. Je ne saurais te contredire parce que tu as très bien résumé la situation qui prévaut actuellement avec ce feuilleton CNSA. Merci et surtout plein succès à toi

  5. C’est le style de choukran, poetique et plein d’enseignements et de renseignements. Ton histoire familliale illustre à juste titre la situation politique congolaise 57 ans après l’independance et 27 ans après le fameux »xomprenez mon emotion! ». On y va et on tourne en rond, on dirait! Je n’en crois plus à mes yeux! D’où viendra le secours? La barque ne cesse de prendre l’eau!

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