Les restes du jockey Tshisekedi

Jockey de la scène politique nationale, Etienne Tshisekedi, du moins ses restes, sont aujourd’hui au coeur d’une querelle aux enjeux dignes de la succession d’Alexandre le Grand.

C’est la chronique des hommes qui ont perdu leur Jockey, un cavalier professionnel qui a chevauché pendant longtemps le temps et l’histoire de la République démocratique du Congo, faisant face à tellement d’adversité et d’épreuves. Sur le dos de l’UDPS, son cheval légendaire, tel Bucéphale du tout-puissant Alexandre le Grand, il a ainsi conquis la Babylone, le cœur de l’opposition congolaise. Comme Alexandre le macédonien, le Jockey de l’UDPS a institutionnalisé cette forteresse pourtant réputée indomptable. A Geneval, il est monté haut, jouant de son charisme, pour unir ces généraux autour de la cause commune: le départ de Kabila coûte que coûte.

Mais à 8000 kilomètres de là, cette communion ne dérangeait outre mesure la Perse Kabiliste. « Mieux vaut affronter une opposition fédérée », se murmurait-on dans la Kabilie. Ainsi, d’une pierre deux coups, Etienne Tshisekedi devenait le Jockey de tous. Le seul homme derrière qui on pouvait terrer toute sorte d’ambitions. Son triomphal retour dans la capitale congolaise en juillet dernier n’aura fait qu’ajouter la partie « peuple » dans cette équation. Un homme aimé et choyer de tous, pour toutes sortes des raisons.

Des opposants discutant lors des veillées de prière à Bruxelles

C’est donc avec émoi que chacun a accueilli sa disparition en Belgique le 1er février dernier. Entre pleures et regrets, sincères ou pas, l’heure était désormais aux calculs. Situation politique oblige, alors que le peuple dans son ensemble pleurait son « Alexandre le Grand », les adversaires eux, se préparaient déjà aux hostilités. Les restes de Tshisekedi allaient être disputés jusqu’au-bout, commençant par sa dépouille.

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Une prise d’otage digne de l’Odyssée  homèrienne est dès lors mise en place. Le Pouvoir montrant sans vergogne ses velléités à célébrer le héros des opposants, alors que les opposants justement, ont pu trouver une parade, tirée cette fois-là de l’Iliade, décidément Homère, liant l’enterrement de Tshisekedi et la mise en place de l’accord du 31 décembre. Qui a raison, qui a tort? Exercice impossible quand on se sait congolais.

Toujours est-il que Moïse Katumbi, le co-fondateur du Rassemblement, selon les affirmations divines de l’Agence France Presse, ne compte pas se laisser faire. A ses côtés, les Diadoques de Tshisekedi, les Mubake, Kazadi ou Kabuya en tête. De l’autre côté, Ptolémée, zut, Félix Tshisekedi, l’héritier attitré tient à « sa Primature ». En face d’eux, Joseph Kabila, dont la mauvaise intention n’est plus à prouver et un peuple congolais qui regarde le désolant spectacle, comme d’habitude, au point d’envahir le terrain. La guerre sur les restes du Jockey Tshisekedi aura bel et bien lieu. Comme Alexandre le Grand, Etienne Tshisekedi aura peut-être droit à son  Sôma.

Litsani Choukran
Le Fondé.

1 comments
  1. Litsani Choukran
    aucun commentaire sur ton article sauf le miens pour simplement te rappelé un dicton français qui dit; on répond les imbéciles par le silence…

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