Modeste Bahati: les dessous d’une guerre d’influence au sein de la Majorité

Il est l’un des plus puissants généraux politiques du président Joseph Kabila. L’éminent économiste, natif du Katana, dans le Sud-Kivu, déjà ministre sous Mobutu, cristallise aujourd’hui les attentions au sein de la Majorité Présidentielle (MP). A la tête de sa puissance Alliance des Forces Démocratiques du Congo (AFDC), Modeste Bahati (62 ans) livre une silencieuse guerre dans la famille politique de Joseph Kabila, déjà en proie à une fronde d’opposants qui militent pour son effondrement.

Samedi à Kinshasa, ce qui se tramait derrière des murs insonorisés de la capitale congolaise a laissé place à une  coalition politique. L’AFDC, déjà deuxième force de la Majorité présidentielle, rajoute 15 autres partis alliés et des personnalités politiques pour former une large coalition. L’ancien gouverneur du Haut-Katanga, Jean-Claude Kazembe, le bâtonnier Matadi Wamba,  l’ancien gouverneur du Kasaï central Alex Kande sont dans le mouvement: eux tous, des déchus de Kabila.

Derrière, Modeste Bahati  ne fait pas de la langue de bois:  « Avec ces alliés, l’AFDC qui est déjà disséminé sur l’ensemble du territoire national, peut atteindre le seuil de représentativité au niveau national, provincial et local institué par la loi électorale « . Car en toile de fond, si cette guerre ne tourne pas autour du fauteil présidentiel, se réclamant toujours de la majorité, elle est cruciale pour les prochaines législatives.

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Bahati, Minaku, le PPRD et l‘antidote Kokonyangi

En effet, à la genèse de cette épreuve de force, un conflit entre le ministre du Plan et le chef de la majorité Aubin Minaku, également président de l’Assemblée nationale. Des sources concordantes, Lukwebo a refusé catégoriquement d’intégrer le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) à la demande du Secrétaire général de la MP.

L’idée derrière est celle de se conformer à la nouvelle stratégie du pouvoir congolais qui a imposé une loi électorale inscrivant un seuil de représentativité, dans l’objectif de dégager une majorité absolue à un parti dont seul le président Joseph Kabila en est l’autorité morale.

Bahati, qui jouit de sa position « d’homme politique fort » aux côtés de Kabila, ne veut pas perdre du terrain. Dans les coulisses, une guerre est lancée. Joseph Kokonyangi, Membre co-fondateur et vice-président de son parti (également et à ce titre Secrétaire général adjoint de la MP) est annoncé claquant la porte, avec probabilité de doubler ce dernier au profit du Pouvoir.

Au gouvernement Bruno Tshibala, au sein du ministère de l’Urbanisme et Habitat qu’il dirige (confié à son parti), il est tout à coup dans le viseur du Conseiller Spécial anti-corruption du Chef de l’Etat, Luzolo Bambi Lessa. La sourde guerre Bahati-PPRD ne serait pas loin de cette effusion.

L’AFDC-A, le nom de la nouvelle plateforme créée samedi à Kinhsasa, évolue au sein de la Majorité présidentielle. « Nous sommes dans la Majorité présidentielle« , insiste Bahati qui ne dit pas encore s’il présentera de candidat Président. « La question du dauphin n’est pas encore à l’ordre du jour » .

La crise qui devient de plus en plus publique, n’est pas encore au niveau du divorce. A l’image du Parti Lumumbiste Unifié (PALU), qui a été dégonflé peu de temps seulement après avoir tenté une percée anti-pouvoir, Bahati souffle le froid, évitant un affrontement frontal. Pour combien de temps?

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