Transition sans Kabila: un pont entre l’armée et la population doit s’imposer

Sur son compte Twitter, le cardiologue formé aux anciennes écoles de médecine militaire de Belgique et du Zaïre s’est mué en homme politique, commentant en longueur d’heures l’actualité congolaise avec l’impasse politique actuelle. Ce positionnement est justifié selon lui par «l’attitude de l’actuel président, Joseph Kabila qui a décidé de retarder indéfiniment les élections congolaises prévues en 2016, puis reportées en décembre 2017 par l’accord de la Saint Sylvestre, en prétendant que leur coût était inabordable.»

Loin de difficultés financières et techniques rencontrée par la centrale électorale pour l’organisation de scrutins, le colonel Daniel Lusadusu voit en ces retards, une manœuvre du pouvoir en vue d’assurer la continuité de la présidence du président Joseph Kabila.

Dans un entretien avec Politico.cd, le colonel Daniel Lusadusu estime qu’il n’y aurait probablement plus d’élections sous Kabila. Et quand bien même elles se tiendraient, il est peu probable qu’elles puisses être considérées comme libres sous le régime actuel.

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Précisant que la perspective de voir Joseph Kabila s’en aller de lui-même s’est évanouie, l’ancien officier des Forces Armées Zaïroises prêche actuellement le rôle central que devront jouer les forces de sécurité dans la stabilisation du pays.

« La mise en place d’un gouvernement de transition sans Kabila dirigé par une personnalité neutre capable d’activer ses réseaux dans l’armée est maintenant une solution prise très au sérieux » suggère le colonel Daniel Lusadusu.

« C’est parce que nous ne sommes plus une grande puissance que nous avons besoin d’une grande politique. Si nous n’avons pas une grande politique … nous ne serons plus rien », a-t-il déclaré.

Lusadusu s’est élevé au rang de Colonel dans les Forces Armées Zaïroises et a servi de conseiller du Président Mobutu dans les années 1980, jusqu’à son exile en 1993. « La majorité des soldats sont mal ou très mal formés, mal encadrés, mal entretenus, mal équipés et éloignés de la population civile« , a-t-il déclaré. « Il faut professionnaliser les services militaires afin d’empêcher les futurs dirigeants de sans cesse politiser l’institution (armée) à leur profit » explique-t-il soulignant qu’actuellement les forces armées de la République démocratique du Congo sont une armée partisane et fanatique, sans unité de commandement forte.

Depuis son départ des Forces Armées Zaïroises, le colonel Lusadusu a fondé et présidé l’Union des Militaires Patriotes Congolais, un mouvement dont l’objectif est « de remettre les valeurs d’excellence au cœur de l’institution militaire » selon son initiateur.

Le colonel Lusadusu rappelle que cette force doit être professionnelle et apolitique, une «armée nationale et républicaine», jurant de défendre et de servir la démocratie et la constitution du pays, au-delà des partis politiques et des individus. « Cela signifie préserver les intérêts des institutions et non ceux d’un président et de sa clique. »

Pour ce médecin, la neutralité de forces de l’ordre et de sécurité devra également permettre de combler le fossé de crainte et de méfiance qui s’est creusé entre le peuple et les forces de sécurité, la conséquence d’années de gestion catastrophique du régime actuel.

« La renaissance du Congo en tant qu’État stable et prospère ne peut se concevoir sans une armée nationale et républicaine » détaille Lusadusu, affirmant que c’est celle-là même la référence comme d’une affirmation de souveraineté de l’État Congolais et un catalyseur de l’unité nationale.

Face à la répression de forces de l’ordre et de sécurité de plus en plus accrue envers l’opposition et les mouvements citoyens qui appellent au départ du président Joseph Kabila, le colonel Daniel Lusadusu suggère la construction des ponts entre l’armée et l’ensemble de 80 millions d’habitants du Congo Kinshasa.

Pour le colonel Daniel Lusadusu, le Zaïre, aujourd’hui RDC, était connu pour ses exploits dans les campagnes militaires au niveau du continent. Cet héritage doit être perpétué en vue de restaurer l’image de la nation Congolaise en Afrique et à travers le monde interpelle cet ex FAZ. « A l’époque, notre pays comptait probablement les meilleurs militaires d’Afrique subsaharienne, formés dans le monde entier, distingués dans les académies les plus prestigieuses de la planète » relate Lusadusu. « Tous les ingrédients étaient réunis pour faire de notre pays, à travers la capacité opérationnelle des FAZ, une puissance militaire continentale. »

« Mais les jours où nous venions en aide au Tchad et au Rwanda sont révolus depuis longtemps. L’influence s’est même inversée » regrette Lusadusu accusant la culture politique du pays d’«infecter» les Forces Armées de la RDC avec les anti-valeurs de « népotisme, kleptocratie, patronage, tribalisme, courtisanerie et les diverses pratiques mafieuses qui ont détourné l’armée de sa mission originelle en créant des milices et en abandonnant le soldat à son triste sort. »

« Le peuple congolais peut compter sur un contingent d’officiers de qualité, anciens et présents, mais aussi sur d’autres experts dont la capacité technique et organisationnelle seront au cœur d’un dispositif de reconstruction de l’armée » souligne Lusadusu.

Lusadusu pense que la population  pourra désormais mener une lutte, assurée que l’armée ne sera plus au service des individus, plutôt servant la République. « C’est une exigence prioritaire et indispensable pour la reconstruction du Congo de demain. Une armée dissuasive qui sécurise et rassure le peuple défend le territoire et contribue au développement » a conclu cet officier de l’armée Zaïroise, qui revient des États-Unis, affirmant avoir rencontré plusieurs personnalités américaines, en vue d’échanger sur la situation en RDC, quelques jours avant la venue en Afrique de Nikky Haley, ambassadrice des USA auprès de l’ONU.

Avec Huffington Post

1 comments
  1. Un colonel des Faz qui parle d’une l’armée non partisane alors qu’elle a été pendant plus d’un quart de siècle au service du seul Mobutu, une armée patriotique alors qu’elle s’est livrée corps et bagages aux Kadogos et aux Rwandais sans combattre.

    Je n’ai pas envie de rire, mais de vomir à entendre les niaiseries de colo nieee…

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