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CENCO, Consensus, Unanimité et midi à quatorze heures

La CENCO a décidé de ne reconnaître que l’aile de Félix Tshisekedi dans la guéguerre entre opposants du Rassemblement. Ce qui pourrait constituer une violation de son statut de médiateur. Mais, comme on dit chez nous: c’est pour la bonne cause. Je vous explique la situation.

Silence, moteur, on tourne ! La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), l’arbitre du combat politique en République démocratique du Congo a officiellement indiqué n’être disposée à traiter qu’avec l’aile de Félix Tshisekedi, qui a été désigné, avec Pierre Lumbi, respectivement comme président du Bureau politique et président du Conseil des sages du Rassemblement; au détriment de la dissidence.

« Les membres de l’Assemblée plénière sont connus. Ils sont tous invités. C’est une  plénière, donc tout le monde qui est accrédité sera là. L’Assemblée plénière du Dialogue est constituée de 32 personnes. Nul n’est exclu. Pour la CENCO, c’est Félix Tshisekedi qui est le répondant du Rassemblement comme interface. Mais par rapport à la délégation au dialogue, ce sont ceux qui ont été accrédités », a expliqué l’Abbé Donatien Nshole, le secrétaire général de la CENCO au micro de TOP CONGO FM. 

En clair : la CENCO, qui a longtemps temporisé, décide finalement d’opter pour l’aile majoritaire du Rassemblement, tout en se refusant de bannir des discussions les dissidents qui y étaient déjà tolérés. Une solution très catholique, mais qui n’est pas du tout du goût du groupe de Joseph Olenghankoy.

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Joint au téléphone par POLITICO.CD, celui qui se considère toujours comme président du Conseil des sages du Rassemblement, et sans rire,  se refuse pourtant  de commenter cette décision. Dans les coulisses, c’est toute une autre histoire. « C’est ne pas à la CENCO de choisir avec qui travailler. C’est outrepasser ses prérogatives. L’accord a été signé avec le Rassemblement, et on ne peut plus prétendre à la même chose si le Rassemblement perdait ne serait-ce qu’un de ses membres« , tonne un des proches du président des Forces novatrices pour l’union et la solidarité (FONUS), qui a toutefois requis l’anonymat (ne me regardez pas comme ça).

Pour ce cadre du parti de Joseph Olenghankoy, la CENCO devrait attendre la procédure de réunification qui a été initiée, selon lui, hier. En effet, selon des sources proches de la CENCO, les travaux autour de l’arrangement particulier pour la mise en place de l’accord signé le 31 décembre dernier entre le Pouvoir et l’Opposition, vont une fois de plus reprendre ce jeudi 16 mars au Centre interdiocésain à Kinshasa. Un seul ordre du jour aurait été retenu: la finalisation de cet arrangement particulier. C’est donc dans ce sens que les Catholiques ont opté pour une représentation du Rassemblement, dans le but de faire avancer les choses.

Quant à la procédure de réunification, le groupe Félix Tshisekedi a semblé adressé une fin de non-recevoir à cette offre de REMONTADA, ce mercredi à Kinshasa où la Dynamique de l’opposition, une des composantes du Rassemblement, a décidé de bannir de ses rangs les dissidents. « Nous avons décidé de les [Joseph Olenghankoy, Gilbert Kiakwama, Freddy Matungu… ] bannir, ils ont violé le contrat de confiance, il n’est plus possible de les garder en toute quiétude parmi nous, on n’est plus sûr d’eux », confie ce cadre, qui a requis l’anonymat à POLITICO.CD. C’est décidément à la mode.

La CENCO entre juge et partie, consensus et unanimité


Pendant ce temps, les dissidents peuvent compter sur le soutien de… la Majorité Présidentielle. Eh oui ! Toujours au micro de la radio Top Congo FM, André Atundu, Porte-parole de la coalition des partis au pouvoir a laissé entendre que la poursuite des travaux n’aboutirait en rien sans le « consensus » au sein du Rassemblement.

Le consensus, nom masculin, avec singulier et pluriel identiques, issu de consens (XVIe siècle), lui-même du latin consensus (« accord, adhésion, unanimité »), de consentir (« ressentir ensemble, consentir »),  c’est la denrée rare  que la CENCO va tenter d’obtenir dès demain à la réouverture de ces travaux autour de l’arrangement particulier où s’annoncent une fois de plus d’âpres batailles politiques censées vraisemblablement faire long feu.

Pour ceux qui avaient mieux à faire, sachez que les discussions ont été officiellement suspendues après le décès, le 1er février, du leader de la principale coalition de l’opposition, Étienne Tshisekedi, à l’âge de 84 ans à Bruxelles. Aux dernières nouvelles, les discussions sous la médiation de la CENCO étaient au point mort, alors que la Majorité Présidentielle exigeait du Rassemblement une liste de trois candidats au poste du Premier ministre, et s’opposait à la succession automatique du nouveau président du Rassemblement à la présidence du Conseil nationale de suivi de l’accord (CNSA); ce que les opposants rejetteraient mordicus. Un vrai blocage idéologique.

Le président Joseph Kabila a pu faire évoluer la position de la Majorité, comme souvent, demandant au Rassemblement de lui désigner un successeur d’Étienne Tshisekedi au CNSA, maintenant l’exigence de trois candidats Premier ministre. Toutefois, il ne fallait pas être Harry Houdini pour deviner la difficulté qu’allaient encourir les opposants à s’exécuter. Encore un problème idéologique.

Entre temps, le piège de l’incusivité, le cousin du fameux consensus, qui avait permis à la Majorité de signer l’accord « sous réserve » est visiblement de retour. La Communauté internationale, dont l’Union Européenne s’impatiente. Tshisekedi est toujours au frigo. Coincée entre tous, y compris par la population, la CENCO semble donc faire bouger ses lignes de médiateurs, devenant un peu à la fois juge et partie… pour la bonne cause, dit-on…

Mais, j’ai oublié de vous dire que selon le Robert, un consensus est un accord des volontés sans aucune opposition formelle. Le consensus se distingue de l’unanimité qui met en évidence la volonté manifeste de tous les membres dans l’accord. Et donc, consensus  est tout sauf égal à unanimité. En cherchant à prendre tout le monde dans l’arche, Noé a failli risquer le monde d’aujourd’hui. Coupez! C’est dans la boite ! Régalez-vous à présent.

SOPOLITICO.
Litsani Choukran, @litsanichoukran
Le Fondé.

7 comments
  1. Les Evêques s’embrouillent. La seule et l’unique solution,c’est demander que la CENCO arrête ses beaux offices. Laissez aux politiciens continuer leur combat. Car vouloir privilégier le kistshekidistes au détriment de l’autre aile du Rassemblement,compliquerait davantage les choses.

  2. Nos politiciens sont-ils à ce point aveugles ou alors cupides pour ne pas comprendre que ce n’est pas le bannissement des autres qui fera gagner les uns mais seule l’unité leur permettra de vaincre tous ensemble leur diabolique adversaire ?
    F Tshisekedi et Lumbi feront fausse route à ne revendiquer que haut et fort leur victoire sur leurs dissidents, leurs garanties d’un triomphe durable ne se trouvent que dans un Rassemblement uni dans lequel même les contestataires auront leurs places. S’ils n’accordent pas leur priorité à construire les conditions de réconciliation ils offriront des cibles au pouvoir pour les manipuler et les affaiblir…
    C’est là la réelle qualité des leaders responsables et pourquoi pas des hommes d’Etat sinon ils auront appliqué la même « dictature », la même « politique du ventre » qu’ils reprochent au pouvoir qu’ils combattent, les dissensions en leur sein n’étant pas qu’illégitimes, elles procèdent largement d’une contestation maladroite de la mainmise autoritaire d’une faction dominante au sein du Rassemblement…
    Quant à la Cenco, elle ne sera jamais là pour arbitrer leurs querelles, les uns et les autres auront tort de le lui demander…
    A bon entendeur…

    1. Presque de ton avis. Mais est-ce que l’histoire ne se répète pas! N’avions nous pas vécu presque même scénario au début des années 90 ! Relisons l’histoire de la CNS, Un peu de hauteur quand même chers Hommes Politiques

  3. a mon avis l opposition majoritaire doit faire attention avant de reprendre cette opposante opposition minoritaire ,pcq le pouvoir cherche encore un moyen de blocage a venir qui passera par cette opposition opposante minoritaire.leur motif de rebellion a moins de poids par rapport a l objectif fixe,je regrette ce comportement de manque de sagesse de nos politiques

  4. Et voilà… n’est ce pas là la prevue que la Cenco jouait des le depart, la partition non des congolais mais de l’Udps? Et que c’est la raison pour laquelle elle avait oeuvre pour faire échec aux accords de l’OUA négocié par E. Kodjo? l’inclusivité pour la Cenco se resumait à l’UDPS, disons à Tshisekedi….

    5 mois après les accords de l’OUA, torpillés par leurs seigneurs, le pays est nul part. 5 mois de glissements habillement favorisés par la Cenco au benefice de Kabila, wumela… n’est ce pas là une trahison?

    Va-t-il être encore possible d’organiser les elections en 2017? ou en avril 2018, comme prévu dans les accords de l’OUA?

    la Cenco et l’Udps (et la famille Tshisekedi) devront repondre de cela un jour.

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