La très politique Société civile congolaise

Mars 2016, l’Entente inter-provinciale (EPI), une structure  de la société civile annonce un culte oecuménique au stade des Martyrs de Kinshasa, pour appeler les acteurs politiques à régler leurs différends de façon pacifique.

«Nous allons prier pour que Dieu veille  à ce que nos acteurs politiques puissent être exorcisés si possible, afin que toutes les divergences entre eux soient réglées d’une façon pacifique», expliqueJean-Marie Ntantu Mey, représentant d’EPI au micro de Radio Okapi.

Ce « culte oecuménique de la paix » cache en réalité une guerre autour du Dialogue politique convoqué par le président Joseph Kabila et boudé par l’opposition congolaise, et à laquelle cette organisation a visiblement choisi son camp. Il révèle par ailleurs une scission en termes de positionnement entre deux structures se réclamant toutes de la Société civile.

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En principe, la société civile regroupe notamment les organisations syndicales et patronales, les organisations non gouvernementales (ONG), les associations professionnelles, les organisations caritatives, les organisations de base, les organisations qui impliquent les citoyens dans la vie locale et municipale, avec une contribution spécifique des églises et communautés religieuses ». Au Congo, certaines d’entre elles prendront par au Dialogue qui se tiendra à la Cité de l’Union Africaine, alors que d’autres prendront part, un peu plus tôt, aux grandes rencontres des opposants à l’Île de Gorée au Sénégal, ou encore à Genval à Bruxelles.  Comme les partis politiques, la Société civile congolaise se politise et prend position.  Au gouvernement Badibanga, elle réclamera « des postes », au nom du peuple.

Aujourd’hui, la tendance n’a certes pas faibli. Alors qu’une guerre sans merci est toujours livrée entre politiques, plusieurs factions de la Société civile fleurissent. Certaines vont même jusqu’à réclamer « une meilleure participation » au prochain gouvernement du contesté Premier ministre Bruno Tshibala.

Une situation qui énerve Jonas Tshiombela, à la tête d’une faction de cette représentation nationale. « Une élection est un des événements principaux où la société civile se trouve mobilisée, notamment à travers l’éducation de l’électorat« , dit-il,  en dénonçant« les opportunistes dans la Société civile. »

Coordonnateur national de la Nouvelle société civile congolaise (NSCC), Jonas Tshiombela Kabiena  estime ces autres collègues sont plus préoccupés par la recherche des postes que par les intérêts de la population.  « A notre humble avis, l’opportunisme joue en ce moment précis. Ceux qui sont appelés à les consulter doivent aller chercher là où les vrais acteurs de la Société civile se recrutent. Même certains chefs d’église se sont érigés en patron de la Société civile. C’est terrible ce que nous sommes en train de vivre dans ce pays. La population est abandonnée« , dit-il dans une interview à la radio TOP CONGO, le mercredi 19 avril.

« La nouvelle Société civile n’est ni demandeur, ni preneur ni quémandeur. La configuration de la Nouvelle société civile actuelle, c’est le sort de la population qui souffre dans le Kasaï, de la population qui souffre à Beni, comment obtenir les élections et l’alternance« , fait-il savoir, comme pour dire qu’il est seul à vraiment se soucier du rôle de cette organisation.

Néanmoins, la sortie de M. Tshiombela, digne d’une attaque politique, symbolise à elle seule l’ambiance au sein de ces organisations qui ne cessent de se multiplier. Nous sommes désormais face au mal commun de tout organisme qui se frotte aux politiques et qui finit par en copier les habitudes.