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Quand Dokolo fait son « Macron »: les 3 erreurs d’une entrée en lice

Jeudi, le monde entier, ou plutôt l’opinion publique congolaise a enregistré un nouvel arrivant dans la lutte contre Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo, hors mandat, mais qui bloque à lui-seul le processus démocratique dans ce pays gangrené par une succession de crises économico-politiques. Loin être une entrée totalement réussie, l’arrivée des « Congolais debout » de Sindika Dokolo comporte quelques problèmes. POLITICO.CD y pose son regard.

Entrée « un peu » trop cliché, sans être une surprise

Le Congo importe visiblement tout, même en matière politique. Sindika Dokolo n’est pas allé chercher loin, il s’est tourné vers le phénomène politique en poupe dans le monde francophone, en s’inspirant largement – jusqu’aux faits, gestes et même type de vidéo – du président français Emmanuel Macron.

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Le style, mais aussi le fond. Car, l’homme d’affaires congolais le lance malignement sur le terrain politique, sans parti, mais en se positionnant « au-dessus » des structures politiques. Un appel à la coalition contre Kabila, mais qui doit cependant fournir d’explications face aux mouvements citoyens existants au Congo, comme la Lutte pour le Changement (LUCHA), ou encore le Filimbi… qui, outre le fait d’être largement encrés dans cette lutte pour l’alternance démocratique, ont également des faits d’armes qui témoignent. Le tout est de savoir comment « Les Congolais debout » comptent à présent s’intégrer dans la dynamique existante.

Un vol « trop en solo », qui a « trop attendu »

Au Congo, l’opinion publique aime « ce qui est à la page ». Le suit, l’adule et habitue avec, et passe à autre chose. C’est depuis plusieurs mois que Sindika Dokolo bourdonne sa volonté d’en venir aux mains avec Kabila. Au tout début de cette colère, l’homme a bénéficié d’un grand engouement, qui a conduit plusieurs…. internautes à le placer comme un nouvel espoir. En suite, le discours « apolitique » du gendre d’Eduardo Dos Santos est passé par là. Ajouté à une surexposition médiatique  (on le voit presque partout depuis un moment à travers la presse), le Congolais a semblé s’en lasser le public. Ses apparitions répétées aux côtés du Rassemblement, notamment des opposants Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi, ont faussement laissé croire à une nouvelle coalition: plus organisée, plus solide, contre Kabila.

Ainsi, en lançant son « mouvement à lui », Sindika commet visiblement son premier péché, commun à tout homme politique en RDC, celui de choisir un positionnement personnel inefficace, face à la coalition des moyens et des ressources. La longue attente, qui parait en outre comme des hésitations, corse une sortie compliquée, d’autant plus qu’il lui faut à présent organiser, structurer et gérer une entité qui ne manquerait d’être combattue.

Un appel un peu trop loin de la RDC

Contrairement aux mouvements citoyens déjà implantés en RDC, et même contrairement aux coalitions politiques en place, Sindika Dokolo n’a aucun encrage local, en dehors d’une ONG et quelques activités commerciales, désormais ciblées par le pouvoir congolais. L’appel, beau et fortement travaillé, pêche pour avoir été lancé: avec des visages locaux, depuis l’extérieur.

Si la nouveauté attire toujours, il est peu probable que le mouvement attire davantage les populations locales, alors que la ribambelle de mouvements citoyens existants se battent depuis plusieurs années maintenant pour s’attirer la motivation des riverains.  Ajouté à ceci, Sindika Dokolo n’a jamais été vu sur les terres congolaises dans une image récente, en lutte contre Kabila. Peu donc, en dehors des réseaux sociaux où seulement moins de 3 millions de congolais s’y connectent, peuvent lui reconnaître le mérite d’incarner une alternative autour de sa personne.

L’absence au pays, un mal qui ravage même Moïse Katumbi, pourtant adulé et fortement soutenu, risque de peser dans l’action du fils de Dokolo Sanu. Sans oublier que le problème au Congo reste entier: comment faire partir Kabila.

A suivre: Quand Dokolo fait son « Macron »: les 3 bonnes nouvelles d’une entrée en lice

9 comments
  1. Je ne vois pas des raisons pour le critiqué, il a lancé un mouvement d’abord comme Macron en France, mais il ne faut pas oublié que la RDC n’est pas la France, les réalités congolaises ne sont pas françaises; Je pense que DOKOLO est suffisamment mature pour comprendre que seul ;il n’arrivera à rien si ce n’est qu’une nouvelle distraction pour un peuple à bout des forces. Il sait actuellement dans notre pays la chance individuelle est passé , il faut la combinaison des efforts.

  2. Je pense que l’heure est à l’unification de la population congolaise qui s’oppose à un régime dont le président n’a plus la légitimité et qui veut éterniser au pouvoir alors qu’il déjà épuisé ses deux mandats constitutionnels.
    Sindika Dokolo est congolais parmi environ les 80.000.000 de ceux qui composent la RDC. Il est courageux, nous devons le soutenir pour bouter l’illégitime et illégal Kabila dehors. C’est un homme sage car en politique, il faut se souder les coudes et non évoluer en solitaire. Il a le soutien de tous les congolais qui veulent l’alternance en RDC. C’est pourquoi, le Rassop l’a adopté.

  3. Trois bonnes nouvelles, trois erreurs ? En sommes_nous à ce stade à l’heure de « critiques » ?
    Les « critiques » sont légitimement inévitables mais pour mieux les documenter il nous faudra peut-être attendre le contenu effectif du mouvement car pour l’heure ce n’est rien d’autre qu’une initiative (une de plus) d’un citoyen pour tenter de sauver le pays qui vit une crise non pas ponctuelle mais profonde, chronique depuis la tentative de « libération » entreprise par la fameuse ‘AFDL’, conglomérat d’aventuriers s’il en est dont l’esprit et les actes continuent d’empoisonner la vie publique et sociale du pays…
    Entre-temps voyons donc d’où part Dokolo et où va-t-il nous mener dans ce combat pour le changement ?
    Où l’on voit que son initiative est d’abord motivée par la mauvaise gestion en cours illustrée par l’impasse créée exprès par un ‘JK’ qui a refusé les élections constitutionnelles et même l’Accord qui tentait de les rattraper…
    Il y’a aussi l’échec d’une opposition que non seulement le pouvoir a ‘débauchée’ facilement mais aussi dont le reste (le fameux Rassemblement) n’a pas jusqu’ici fait preuve d’une gestion bénéfique…
    C’est sur ce tas de ruines des politiques et de la Société civile que Dokolo tente son « sauvetage » par cette ‘initiatives citoyenne’…
    Réussira-t-il mieux que les politiques et les autres forces sociales (i.e. Lucha, Filimbi…) ou gagnera-t-il seulement à mette ensemble toutes ces « bonnes volontés » ?
    C’est ce que nous lui souhaitons et surtout c’est à travers l’effectivité de son action et au besoin les résultats de son ‘mouvement’ que nous serons mieux autorisés à formuler nos « critiques »…
    Déjà où en est-il ?

  4. Bénéfice de doute pour mr Sindika qui je pense pour diverses raisons a décidé de se jeter dans l’eau:
    1. soit après avoir pris langue avec katumbi et felix a senti les limites de nos opposants au régime de kabila ? et se dit qu’il peut faire mieux.
    2. soit le gars avec le départ de son beau père du pouvoir se dit qu’il doit trouver encrage dans le pays de son père pour placer en sécurité le milliard gagné avec la bénédiction de celui ci, pour éviter une éventuelle chasse à l’homme.
    3. soit vivant de loin les réalités de la RDCongo Sindika se fie à la fausse échantillon des RDCongolais qui le suivent et l’encourage dans les réseaux sociaux (2,5 millions/ 70 millions), lui donnant une fausse impression de popularité et d’un leadership virtuel.
    Sindika devrait commencer par venir sur terrain se faire connaitre car le 3/4 des RDCongolais ignore qui il est!! pour mesurer la vraie température de la Rdc et ses complexités, ainsi comprendre que sans une bonne coalition et une adhésion populaire de l’est à l’ouest et du nord au sud rien ne peut se faire. Après avoir palper et jauger les réalités il pouvait se jeter dans l’arène aux fauves qui constitue l’espace politique de la RDCongo.!! Pour ne l’avoir pas fait son mouvement « le congolais debout » risque de devenir « le congolais rêveur »

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