Ce qu’il faut à présent savoir sur l’enquête internationale au Kasaï

« Chaque jour, on s’entre-tue ou on fuit la mort en RDC » (Dans l’un des charniers découverts dans la province du Kasaï, en République démocratique du Congo, des crânes des victimes des récents affrontements entre les forces armées congolaises et les partisans de Kamuina Nsapu. Photo prise le 12 mars). CRÉDITS : REUTERS

A l’issue des travaux de la 35ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à Genève en Suisse, les 47 Etats membres se sont accordés de n’envoyer qu’un groupe d’experts internationaux et non une Commission d’enquête internationale indépendante, position défendue bec et ongle par le haut-commissaire aux droits de l’homme, Zeid Raad al-Hussein.

A Kinshasa, les défenseurs de la souveraineté nationale, jubilent. « C‘est une victoire diplomatique par K.O« , s’est empressé à tweeter Tryphon Kin-Kiey Mulumba, membre du Bureau politique de la Majorité présidentielle.

Lambert Mende, ministre des Médias et porte-parole du gouvernement s’est réjoui du fait que « le Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies a suivi la voie de la raison« . Pour lui, c’est la position qui a toujours été défendue par le gouvernement.

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La satisfaction des membres de la Majorité présidentielle se justifie par le fait que « le mandat de ces experts se limite à un appui technique aux enquêtes congolaises déjà en cours« .

Malgré cet « échec, Zeid Raad al-Hussein ne s’avoue pas vaincu. Pour lui, les experts de l’Onu opéreront « en totale indépendance ». Selon RFI, cette exigence n’est pas écrite dans la résolution. Dans la résolution, il est bien écrit Assistance technique à la RDC… ».

La position du haut-commissaire aux droits de l’homme est soutenue également par les Etats-Unies. A RFI, Jason Mack, représentant des Etats-Unis auprès du Conseil des droits de l’homme a regretté que le compromis trouvé soit bien plus faible que la commission d’enquête indépendante voulue au départ.

Un Congolais, fonctionnaire de l’Onu basé aux États-Unis, ne comprend pas la liesse des autorités congolaises. « Au yeux de la Communauté internationale, notre pays est sous tutelle. Nos jérémiades ne les impressionnent en rien« , rappelle-t-il.

Pour lui, « ces experts vont débarquer au Kasaï avec leurs logistiques. Le comble, nos enquêteurs vont monter dans leurs avions et véhicules ou emprunter leurs téléphones« .

Faisant parler son expérience d’expert rattaché au Département Sécurité de l’Onu dans un pays d’Afrique, il estime que ces experts « seront libres de mouvement et récolteront leurs informations indépendamment et à défaut ils seront sous protection de la Monusco« .

Un autre fin observateur estime que la seule différence qu’il y a entre une Commission d’enquête internationale et un groupe d’experts internationaux est juridique.

« La commission d’enquête internationale, est d’abord créée par un instrument international (conseil de sécurité ou conseil des droits de l’homme), ce qui signifie qu’il y a des personnes qui agissent sans relever ou collaborer avec le gouvernement en toute autonomie, ils ne font pas rapport aux autorités congolaises mais à la l’institution internationale qui les a mandatés« , explique-t-il avant de renchérir: « conséquence sur le plan international, le Conseil de sécurité ou le Conseil des droits de l’homme peut prendre les mesures contre le gouvernement« .

Qu’à cela ne tienne, le bras de fer entre le haut-commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme et le gouvernement pour faire la lumière sur les violences du Kasaï est loin de se terminer.

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