La France (une fois de plus) du mauvais côté de l’histoire en RDC?

C’est depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir que les Congolais ne voient plus clair dans l’attitude de la France concernant la crise politique en République démocratique du Congo. Avant la fulgurante élection du jeune président, François Hollande a semblé porté la cause des anti-Kabila, soutenant activement la transition pacifique du pouvoir au pays.

Elu le 7 mai 2017, Emmanuel Macron a surpris tout le monde en entamant des « contacts » avec le régime de Kinshasa.  Dès le 28, un coup de fil est annoncé même entre les deux présidents français et congolais. Le20 juin, à Lubumbashi, Kabila a reçu une délégation française, composée de Franck Paris, le conseiller Afrique de l’Élysée, et de Rémi Maréchaux, le directeur Afrique du Quai d’Orsay. Selon Jeune Afrique, qui livre alors l’information, accompagnés d’Alain Rémy, l’ambassadeur de France en RD Congo, de Néhémie Mwilanya Wilondja, directeur de cabinet du président congolais, et de Léonard She Okitundu, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, ils ont fait l’aller-retour dans la journée depuis la capitale, à bord d’un avion spécialement affrété par le gouvernement. Selon une source diplomatique congolaise, l’entretien, « très cordial », a duré près de deux heures.

Total, le pétrole et le statu quo

Pendant ce temps, des sources concordantes révèlent qu’une fois de plus, la France tente de favoriser ces géants de matières premières, à l’occurrence TOTAL, qui lorgne sur des gisements en RDC.

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Selon DESC-WONDO, spécialisé dans les questions militaires et sécuritaires, à Lubumbashi, les échanges entre proches de Kabila et des représentants du gouvernement français auraient principalement porté sur des pistes de prospection et l’intensification des intérêts économiques des entreprises françaises en RDC, notamment dans les secteurs miniers, des hydrocarbures et des télécommunications.

« Le premier signe positif de ce deal d’intérêts était la reprise du signal de RFI durant une période où les médias et les réseaux sociaux subissent de plein fouet la censure et les atteintes graves aux libertés de presse du régime congolais« , renseignent nos confrères.

Depuis, la France disparaît des radars des dénonciateurs du régime de Kinshasa. En septembre, une visite du président Joseph Kabila est même annoncée du côté de l’Elysée. Même si elle ne sera jamais confirmée, la silence radio de Paris, au moment même où les Etats-Unis, avec la nouvelle Administration Trump, semble déterminés à pousser Kabila vers la sortie, l’Administration Macron s’ouvre de plus en plus face à Kinshasa.

Au 31 décembre, alors que le monde entier est choqué par la répression sanglante des manifestations chrétiennes, qui ont fait plusieurs et morts et blessés, Paris publie un communiqué maussade, ne faisant même pas allusion aux morts, ni ne condamnant la violence.

A Bruxelles, Paris et Madrid auraient ainsi bloqué une résolution condamnant cette répression à Kinshasa, alors que l’Union Européenne a toujours montré sa fermeté face au régime du président Joseph Kabila.

Une fois de plus du mauvais côté de l’histoire

L’ancien président Mobutu Sese Seko devant l’ancien président Jacques Chirac, à lors Maire de Paris.

La France n’est pourtant pas à son coup d’essai en RDC. Déjà en 1997, elle était le seul pays de la Communauté internationale à soutenir le Maréchal Mobutu dans sa tentative désespérée de rester au pouvoir.

En effet, alors que la grande rébellion de l’Alliance des Forces démocratiques de Libération (AFDL) avançait irrésistiblement vers Kinshasa, Paris est restée aux côtés de Mobutu jusqu’au soir du 16 mai 1997.

Déjà en décembre 1996, la DGSE (les services de renseignements français) a continué de renseigner Mobutu, le pressant notamment de nommer le général Mahele à la tête de l’état-major, dans l’idée de freiner l’avancée des rebelles de Laurent-Désiré Kabila.

Par ailleurs,  à Paris, comme l’explique notamment Jeune Afrique, des responsables de l’Administration Chirac et ceux de l’armée française sont allés jusqu’à mettre en place un plan de sauvetage politico-militaire du régime de Mobutu. Celui-ci, concocté par un certain Dominique de Villepin, visait  la reconstitution, avec l’aide de matériel et d’instructeurs français, de la 31e brigade parachutiste ; laréduction des effectifs « inutiles » des FAZ ; le démantèlement, au besoin par la force, de la DSP ; mise en place d’un tandem Mahele-Kengo capable de négocier « la tête haute » avec Kabila, le maréchal étant contraint de régner sans gouverner.

20 ans après, alors que les rues de Kinshasa bouillonnent de colère, la France pointe une fois de plus son nez à l’opposée des aspirations populaires en République démocratique du Congo. Toutefois, l’histoire renseigne que Mobutu a été chassé du pouvoir malgré le soutien indéfectible de son allier français.

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