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Vital Kamerhe, la colère d’un homme « un peu trop » dupé

Les jours passent et Vital Kamerhe, président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), ne fait que hausser de plus en plus le ton. Les dessous d’une colère.

Il est le symbole de l’opportunisme politique en République démocratique du Congo. Ce que ces partisans appellent du « realpolitik« . En réalité, Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale, aujourd’hui cadre de l’opposition, a souvent pris son monde à contre-pied, il a souvent changé de position et, très souvent, va vers l’autre.

Déjà en 2011, durant les élections remportées chroniquement par le président Kabila, il prêchait par l’appel à la coalition pour battre le candidat de la Majorité Présidentielle. Mais, ni Bemba, ni Tshisekedi ne crurent en sa sincérité. Car, bien souvent, l’homme est imprévisible.

Il le démontre de nouveau entre novembre 2015  et septembre 2016. En premier lieu, l’homme fait une promesse. Rejetant catégoriquement le Dialogue initié par Joseph Kabila. « Non au dialogue. Non au glissement. Il faut des élections« , clame-t-il en novembre 2015. Il prend alors même Étienne Tshisekedi à contre-pied. Car, entre-temps, le leader de l’UDPS prend langue avec le Pouvoir pour des pourparlers.

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Néanmoins, mi-mars 2016, Étienne Tshisekedi ou encore Moïse Katumbi finissent par rejoindre la position de Vital Kamerhe. On parle même d’une coalition. L’UNC, le parti de Vital Kamerhe, adhère alors à la Dynamique de l’Opposition, qui, à son tour, fera parti du Rassemblement créé en juin la même année. Dans les coulisses pourtant, Kamerhe se transforme à nouveau.

Le 1er septembre, il annonce sa participation au Dialogue de la Cité de l’Union Africaine; au risque de se quereller avec ses lieutenants Jean-Bertrand Ewanga et Claudel Lubaya. Vital Kamerhe mise-là, le tout pour les tous. Il s’affiche, souriant, aux côtés d’anciens coéquipiers Kabilsites. C’est le grand retour de l’enfant prodigue. L’homme est, à l’issue de ces discussions qu’il aura faciliter, promu au poste suprême pour opposants: Chef du gouvernement. Tryphon Kin-Kiey dit même de lui, qu’il aura alors voulu être le fameux dauphin tant recherché.

 

L’arroseur arrosé

« Il se sont vus avec le président pendant plus de quatre fois. A leur dernière rencontre, il y avait même les ambassadeurs qui étaient notifiés de sa nomination. Tout été fin prêt. Le président lui a parlé, il lui a dit qu’il ne voulait pas avoir deux coqs à la même cour, et ils étaient tous d’accord pour travailler semble« , explique un proche de l’opposant congolais.

Et puis, soudain, arrive le 17  novembre. La grossesse portée par Kamerhe, au prix d’innombrables sacrifices qui lui vaudront le surnom de « Kamerheon », donne naissance à la progéniture d’un autre. Samy Badibanga, tiré de la famille de Tshisekedi, rafle la mise. Joseph Kabila administre alors à Kamerhe sa propre dose à contre-pieds, comme s’il voulait à prix tout prendre l’ancien speaker de l’Assemblée nationale à son propre jeu.

« C’était dur. Il était fou de rage. Il a fallu que Yuma [Albert, un proche conseiller du président] ne l’appelle pour le calmer et lui expliquer la situation« , ajoute notre source sous le seau de l’anonymat.

En réalité, le choc fut certes grand. Mais, Vital Kamerhe s’est contenté de la situation. De toutes les façons, il y a un deuxième dialogue à l’horizon, et il aurait été alors « ridicule » qu’il ne soit Premier ministre que pour trois mois. De l’autre côté, il faisait chaud à Kinshasa, ce 17 novembre en pleine journée. A limete, certains étaient prêts à en découdre avec le pouvoir si jamais « ils osaient nommer ce traître » de Kamerhe. En prenant Kamerhe à contre-pied, Kabila lui sauve, en quelque sorte, la mise.

Il fallait à présent le récompenser. Certains, comme Mike Mukebayi, à l’image de sulfureux commentateurs américains du Fox News, parlent d’un paiement « intraçable » à plusieurs millions, qu’il auraient certes eu échos. Vital lui, gardait calme. D’un optimisme à défier Jésus le Christ, il souffle le chaud et le froid durant l’interminable dialogue de la CENO. Il ménage le pouvoir, tout en se gardant dans l’opposition. Et lorsque l’accord s’enlise, il part en tournée de mobilisation; comme pour montrer ses muscles, et se rapprocher de l’essentiel.

Le CNSA de la derrière chance

A vrai dire, il fallait laisser le temps passer. Avec l’UNC dans la tourmente, un Sam Bokolombe qui porte peu ce flirt avec le pouvoir dans son pur coeur, Kamerhe presse en coulisse. Entre vice-Primature ou, mieux, à présent: la présidence du CNSA. Qui dit mieux que lui? Qui peut mieux faire que le « Pacificateur », comme gardien de la transition? Là encore, Kabila, qui, pour citer un député de la Majorité Présidentielle, ne « récompense que très peu l’effort et préfère nommer les faibles« ; va de nouveau à l’encotre du leader de l’UNC.

C’est en fait, l’effet « Ngembo ». Vital est autant redouté que craint tant chez Kabila que du côté de l’opposition. Doué, l’homme parait peu digne de confiance, tel un félin qui pourrait alors profiter de toute occasion pour jaillir; et qui n’a jamais eu de maître. Et son parcours, à la manière Olivier Kamitatu, ne témoigne pas en sa faveur.

Cependant, à moins de six mois de l’échéance officielle de la transition, et d’un probable report des élections, Joseph Kabila pourrait définitivement perdre la patience de Vital Kamerhe; lui qui est certes, coincé entre plusieurs alliés qui réclament tous le même Graal. Car, le Mouvement de Libération de Jean-Pierre Bemba, mieux connu sous le nom du MLC, a entre-temps fait son « Kamerhe », et veut à présent la présidence du CNSA, lui qui n’a pas hérité de poste ministériel comme Vital. La vie proche du pouvoir devient ainsi compliquée, tout comme les marges de manoeuvre du Président.

« Il y a là des choses qui ne se font pas. On ne peut pas se jouer de gens à longueur de journées. La politique est faite d’accords et du respect mutuel. Nous ne pouvons plus continuer ainsi« , gronde notre interlocuteur. Derrière le micro de POLITICO.CD, l’UNC tente de s’écarter du bicephalisme. On veut, à présent, un front « sérieux ». Avec les Sindika, Katumbi; et les Félix Tshisekedi, qui appellent désormais à l’unité de forces. Mais, comment faire confiance à ceux qui « ont trahi »? Là est tout le problème.

Litsani Choukran,
Le Fondé.

15 comments
  1. Vous avez toute la reponse tres cher Litsani choukran…qui a bu.. boira dit-on! Traitre un jour, traitre toujours. En fait Vital veut encore une fois se refaire « peau neuve » tel un serpent qui mue et ne change pas sa nature. Il a certes été dupé par le pouvoir plus par une naiveté voulue et sincere que par opportunisme politique. Il a fini par se mordre la queue tel un ouroboros.

    1. ça c’est un fanatique et pas un journaliste. Qui oublie que la politique est dynamique et pas statique? Que dire de Numbi, Katumbi et Olivier Kamitatu qui ont fait plus de 12 ans avec Kabila pour faire un virage à 360° à l’opposition. Monsieur le journaliste, ta haine contre une personne ne devait pas de pousser à descendre si bas avec cette analyse qui ne ressemble pas à ta profession.

      1. Virage à 360° signifie revenir au point de départ. Vous vouliez sans doute dire« virage à 180°» pour se trouver au point opposé à celui d’où l’on vient. Faites donc attention avec ce que l’on écrit.

      2. Ce journaliste est peut etre anti kamerhe mais les faits plaident pour lui. Il est typique de ces betes politiques qui mourront a force de suivre les divers cours d’eau a coup de slqs dollards kil encaisse au passage. C’est son ADN et ce que vous, ses fans, qualifiez de  » realpolitik « .

      3. Les congolais sont naïfs, avec des politiciens qui cherchent l’argent et non le bien être des congolais.

        Et vous qui prenez position pour eux honte à vous.

  2. A chaque fois si Kabila et son clan se trouvent coincer , Kamerhe vient à son sécours en allant vers l’opposition avec les paroles sophistes pour après revenir à Kabila pour diviser l’opposition. Si aujourd’hui le pays est vers le chaos , c’est aussi le jeu de Kamerhe et Eva qui a profité à l’ex Mp de bloquer l’accord du 31/12/2016.
    Les évêques ont bien travaillé pour que tout se passe dans le calme et la confiance de tous les Congolais , malgré les fautes graves de certains politiques. Mais l’ex Mp avait d’autres intentions de garder le pouvoir.

    Maintenant l’opposition leurs laisse tout, au lieu d’organiser les élections , l’ex Mp n’arrive plus.

    Comment c’est possible le camp de Kabila peut manquer un candidat? C’est drôle un parti plein des bavards mais n’arrive pas avoir les candidats aux élections? Pour ce parti seul Kabila qui est l’homme valable, car Kabila n’arrive pas à maîtriser cette lourde tâche presidentielle, lui qui est que militaire venu par la rebellion , ne connait pas la politique.

    C’est curieux le clan de Kabila s’attaque aux évêques, car grâce l’accord du 31/12/2016 , qu’ils sont encore au pouvoir.

    1. Pour Kabila et sa bande des jouisseurs PPRD-MP, les Eveques sont de temoins genants en devoilant son plan diabolique de rouler les Congolais dans la farine pour une Transition sans limites. Cela en se servant des opportunistes-traitres faux opposants dont les Tshibala, Olengankoy, Kengo, Bazaiba et Kamerhe.

      Mais, les Congolais, la CENCO et le Monde ne sont pas du tout dupes pour se faire prendre dans les filets de ce regime vomi et aux abois financierement. She Okitundu, toute honte bue, est a Bruxelles pour implorer l’UE et le FMI d’ouvrir leurs robinets de fric.

  3. Kamerhe a trahi et trahira encore et encore; c’est sa nature qu’est la traitrise. Certes, il très intelligent, mais uniquement pour détruire car là est sa mission. Alors, on veut créer un front commun, cherchez l’inclusivité sans Kamerhe et ça ira pour le mieux.

  4. Le problème de Kamerhe est qu’il sait ce qu’il veut. Certes un peu trop en avance par rapport à ses amis de l’opposition. Il active sa machine, ses cartes et ses atouts pour atteindre son objectif profitant de chaque opportunité qu’il s’offre ou qui s’offre à lui. Véritablement engagé et préparé à exercer la magistrature suprême, il a peut-être compris que les chemins sont multiples pour atteindre son objectif. Pourvu que ça marche. Ne dit-on pas que celui qui sait ce qu’il veut gagne toujours, à coup sûr et cela malgré les obstacles ? C’est une question de temps. La vielle politique, celle de dire NON à tout, a été d’une grande fatalité pour Tshisekedi ratant ainsi à plusieurs occasions l’opportunité de mettre son idéal au bénéfice du peuple congolais. Cette politique là, me paraît dépassé pour Kamerhe. La politique est dynamique. Près de 40 ans de Tshisekedi à dire NON n’est pas la tasse de thé de Kamerhe. Et il a raison. Pourvu qu’il soit compris par ses amis de l’opposition.

  5. Si L’UDPS, G7 se joint à Kamerhe pour cette alliance que le Kamerheon réclame, ils le projetteront d’office au poste de premier ministre pour une année de plus, si le glissement voulu par Kabila et sa bande s’allongeait d’ici decembre 2017. D’où, il faut fermer la porte à UNC !!!

    1. Donc pour toi et (certains opportunistes) au sein de lopposition inclu RASSOP tout l’objectif de leur combat politique se resumme dans leur acces au poste de 1er ministre… Tu ne mentionnes certainement pas les Elections comme mode d’acces a ce poste. Voila qui explique qu’un roublard puisse demeurer President (illegitime) de la RDC pendant 16 ans en s’achetant des gourmands et traitres.

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